Portrait de femme à la cigarette, circa 1910
Pastel sur papier
Signé en bas à droite
52 x 43 cm
vendu dans son cadre d’origine comportant quelques traces d'usure
Née Mathilde Céline van Donghen en 1868 à Neuilly-sur-Seine, l’artiste épouse l’homme politique Adolphe Maujan (1853-1914) en 1898 (ancien député et sénateur de la Seine, sous-secrétaire d'État et fondateur du journal La France libre). Mathilde Maujan van Donghen suit les cours de peinture de Benjamin-Constant (1845-1902), de Jules Lefebvre (1936-1911) ou encore de Jean-Paul Laurens (1838-1921). Elle expose pour la première fois en 1894 à l’occasion de la 41e exposition de la Société des amis des artistes de Seine et Oise à Versailles. En 1898, elle devient sociétaire de la Société populaire des beaux-arts. Son travail, et plus particulièrement ses portraits, est loué par le critique d’art Louis Vauxcelles dans un compte rendu du Salon des Artistes Français de 1908 paru dans Gil Blas : “ La Grand’mère de Mathilde Maujan van Donghen est un tout petit tableau d’un sentiment exquis de quiétude et d’une exécution large et franche, en dépit de ses dimensions exiguës. Le mouvement de la main qui tire l'aiguille est élégamment juste, le regard de l'aïeule expressif et doux. L’air emplit cette jolie toile d’une harmonie délicatement apaisée.”
Le portrait de femme au pastel que nous présentons s’inscrit dans l’iconographie du fumeur introduite dans la peinture de genre hollandaise au XVIIe siècle suite à l’importation du tabac en Europe depuis le nouveau monde. La figure de la femme fumant est quant à elle présente dans la peinture orientaliste du XIXe siècle qui met en scène des nus féminins enfumés.
Au lendemain de la révolution industrielle, la cigarette acquiert le statut d’objet reflet de la modernité, popularisé par des figures telles que Sarah Bernhardt (1844-1923). Les femmes de la bonne société française et anglo-saxonne incarnant la “new woman” adoptent ainsi la cigarette dans les années 1900 (ill.1 & ill.2). Elles l’arborent avec élégance et audace comme en témoignent les photographies et les portraits en vogue à la Belle Époque à l’instar de ceux de Paul-César Helleu (1859-1927) (ill.3). Après-guerre, la cigarette devient un des symboles de l’émancipation féminine, vantée par l’imagerie publicitaire.
Le modèle de Mathilde Maujan van Donghen revêt une tenue typique des années 1900-1910. Elle regarde le spectateur dans une attitude impertinente voire provocante, le visage enfumé par la cigarette nonchalamment portée à sa bouche.
© Aurélie Biot-Worms