Comme bien d'autres images de dévotion produites dans le sud de l'Allemagne et en Autriche au XVe siècle, cette sculpture encourage le fidèle à contempler les souffrances du Christ et de la Vierge et à se rapprocher de lui par empathie. Elle participe ainsi du phénomène de Devotio moderna, un vaste mouvement de renouvellement spirituel qui, à la fin du Moyen Age, développe et prône une vision plus affective de la vie chrétienne.
D'un point de vue formel, notre œuvre peut être rattachée au corpus des Pieta produites à Salzbourg dans les années 1420-1430.
La puissance dramatique insufflée à notre groupe ainsi que son caractère raffiné trouvent un écho dans une Pietà autrichienne datée autour de 1420 aujourd'hui conservée au Harvard Art Museum (59,95 BR). Le rendu de l'anatomie squelettique et doloriste du Christ y est très similaire à celui de notre sculpture, de même que les drapés fluides et abondants qui glissent en cascade le long des jambes de la Vierge en s'enroulant sur eux-mêmes. Le même système est mis en œuvre sur le voile qui borde le visage de Marie, où se lit la détresse intériorisée de la mère supportant le corps inerte de son fils. Celle-ci trouve son parfait écho dans une pietà Salzbourgeoise vendue chez Sotheby's le 21 décembre 2005, comparable en tout point à notre sculpture. Les caractéristiques stylistiques relevées précédemment constituent la version bohémienne et germanique de l'art gothique international qui fleurit alors dans les cours européennes.