La Douleur, circa 1900
Huile sur toile
Signée en bas à droite ; date illisible
61,5 x 50 cm
Né en 1854 à Basse-Indre en Loire-Atlantique, Julien-Auguste Hervé suit une première formation artistique à l’École nationale supérieure des arts et métiers d’Angers. Il s’installe à Versailles en 1880 où il travaille pour la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest avant d'adhérer à la Société des artistes indépendants en 1888. Formée en 1884, cette association réunit des artistes revendiquant une certaine liberté et a pour vocation de présenter au public des œuvres s’inscrivant en marge du Salon officiel. Dans le même temps, Julien-Auguste Hervé, devenu professeur de dessin, tente de vivre de son art et présente chaque année des toiles au Salon des Indépendants.
Outre ses paysages et autres scènes mythologiques et bibliques, ce sont ses portraits qui rencontrent un vif succès à partir de la fin des années 1890. Les amateurs découvrent avec curiosité ses étonnants tableaux qui ne laissent pas indifférent.
Le critique d’art Gustave Coquiot qui qualifie Julien-Auguste Hervé de “Maître de l’expressionnisme” en 1898, loue ses Dédaigneuse, Mignonette, Hargneux ou encore Pompette d’après les titres donnés par l’artiste à ses figures. L’artiste introduit le terme “expressionnisme” qu’il emploie tantôt avant le nom (“Expressionnisme, Hargneux” ; “Expressionnisme (Budgétivore)”), tantôt après le nom (“Samson et Dalila (expressionnisme)”). Le recours à ce néologisme semble témoigner d’une certaine hostilité à l’égard de l’impressionnisme et du post-impressionnisme contemporain. Julien-Auguste Hervé revendique surtout un certain réalisme à la symbolique marquée.
Le critique d’art britannique Charles Rowley a employé la formule “expressionism” en 1880 pour qualifier les artistes modernes soucieux d’exprimer des émotions et des passions. Il sera ensuite utilisé en Allemagne à l’occasion de l’exposition de la Sécession berlinoise de 1911 mais il serait bien hasardeux d’établir un lien, serait-il précaire, avec ce mouvement d’avant-garde du début du XXe siècle qui en conservera le nom.
Le rare tableau que nous présentons, expression de la douleur, au thème insolite de la rage de dent, témoigne de toute la facétie qui anime l’artiste.