Jetée d’anémones doubles.
Vers 1720
Huile sur toile, cadre Régence d'époque.
H : 41 ; L : 31 cm.
Un ensemble de neuf anémones sont assemblées en bouquet dans une composition libre qui associe naturalisme et interprétation artistique de la nature. En effet, la tige de l’une des anémones, en s’échappant du bouquet et en formant une courbe sinueuse défiant les lois de la gravité, contraste avec la représentation presque scientifique de l’anatomie des fleurs et de leur feuillage.
Antoine Monnoyer est formé auprès de son père, Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699). Son apprentissage a lieu en Angleterre lorsque son père fut convoqué par sir Ralph Montagu, ambassadeur extraordinaire de Charles II en France depuis 1666, pour décorer l’hôtel Burlington[1]. En l’assistant à la réalisation de ce décor fastueux, Antoine Monnoyer apprend à composer avec les formules décoratives de son maître. À partir de cette période une place de choix est accordée à l’Anemone coronaria.
Antoine Monnoyer séjourne ensuite à Rome puis est reçu à l’Académie en 1704, après avoir travaillé au Trianon. Il oeuvre au décor de la chapelle de Versailles et peint deux grands formats pour le château de Meudon dans les années 1710.
C’est à l’étranger que le jeune Monnoyer s’illustre et diffuse le style familial en retournant tout d’abord en Angleterre jusqu’en 1729, puis en séjournant à Rome avant de voyager vers 1733 au Danemark et en Suède. Il fait figure d’artiste voyageur couru dans les grandes cours européennes pour ses représentations séduisantes de fruits et de fleurs qui connaissent un vif succès tout au long du XVIIIe siècle.
Influencé par la peinture de son père, il réussit néanmoins à mettre en avant son propre style qui visait une portée beaucoup plus décorative. Ce tableau représentant des anémones bleues pâle, couleur qui n’existe pas dans la nature, en est l’illustration. Antoine Monnoyer réinterprète des spécimens naturels en utilisant une palette de couleurs quelque peu fantaisistes, ce qui lui permet d’harmoniser sa composition et de jouer sur des effets de contrastes chromatiques séduisants à l’œil.
[1] Claudia Salvi, « Jean-Baptiste Monnoyer et Antoine Monnoyer. Problèmes d'attributions (…). Identification de son morceau de réception à l'Académie de Peinture et Sculpture », La Revue du Louvre et des musées de France, Réunion des musées nationaux, Noisiel, 2002, no2, p. 55-63.