Charon, Guy
Ecueillé, Indre, 4 février 1927 – 29 janvier 2021
Paris, la Seine, le pont d’Austerlitz, vers 1960
Huile sur toile
Signé en bas à droite « Charon »
H. 60 cm / L. 73 cm
Etiquette collée au dos du châssis de la Galerie Stiébel, Paris (30, rue de Seine, 6e arr.).
Œuvre nettoyée et vernie par un restaurateur professionnel.
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Ce tableau représente le pont d’Austerlitz à Paris, vu depuis la rive gauche de la Seine en direction du nord-est. L’arche métallique du pont, peinte en bleu profond, se détache nettement au centre de la composition, reliant les deux rives dans une courbe tendue. À gauche, une rangée d’arbres nus borde le quai, tandis qu’à droite, le mur en retour crée une diagonale abrupte. En arrière-plan, les immeubles haussmanniens du quartier de la Salpêtrière ferment la scène sous un ciel très animé.
La composition repose sur un jeu de lignes obliques et courbes : le fleuve en S, les quais, les silhouettes d’arbres, l’arc du pont. L’espace est structuré avec rigueur, mais sans sécheresse, dans une mise en page presque musicale. Le regard est naturellement dirigé vers la ligne d’horizon par le rythme des arbres et des reflets.
La touche est nerveuse, appliquée par petites touches serrées, presque hachurées. La palette, hivernale, mêle des bleus sourds, des verts grisés, des bruns et des beiges pâles, avec des rehauts de blanc et de noir. Les reflets dans l’eau sont traités en taches superposées, dans un esprit proche de la gravure ou de la lithographie. L’atmosphère générale évoque une fin d’après-midi froide, saisie avec une grande économie de moyens.
Ce tableau témoigne de la maturité graphique de Guy Charon, qui excelle à transposer les motifs urbains dans un langage personnel fait de souplesse linéaire, de modulations colorées et de clarté formelle. Loin du pittoresque, il propose une vision à la fois poétique et architecturée du paysage parisien.
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Charon, Guy
Ecueillé, Indre, 4 février 1927 – 29 janvier 2021
Peintre et lithographe français.
Guy Charon s’installe à Paris en 1951. Il commence à exposer dès 1954 dans les salons parisiens, notamment au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. Il participe également à des expositions collectives à la Galerie Charpentier, dans le cadre des manifestations consacrées aux peintres de l’École de Paris. À partir de 1956, ses œuvres sont présentées dans de nombreuses expositions personnelles, tant en France qu’à l’étranger : aux États-Unis, au Venezuela, en Suisse, à Monaco, en Norvège, en Suède et au Japon.
Ses lithographies et peintures figurent aujourd’hui dans plusieurs collections publiques, parmi lesquelles la Bibliothèque nationale de France, le musée du Petit Palais (8ᵉ arr., Paris), le musée d’Art moderne de la Ville de Paris (Palais de Tokyo, 16ᵉ arr.), la Fondation François-Mitterrand, le musée de Saint-Cyprien, ainsi que la collection Oscar Ghez (1905-1998) du musée du Petit Palais de Genève. Aux États-Unis, une aquarelle est conservée au Minneapolis Institute of Art.
L’artiste fait également l’objet de plusieurs documentaires réalisés en France en 1960, 1983 et 1985. Reconnu pour ses paysages lumineux, ses scènes paisibles et ses vues urbaines, il développe une manière singulière, marquée par l’usage de couleurs vives inspirées du fauvisme, adoucies par des formes arrondies et des lignes souples. Son style graphique, notamment dans ses lithographies, évoque parfois celui de Raoul Dufy (1877-1953). Certains critiques le surnomment « le peintre du bonheur ».
L’œuvre ici présentée s’inscrit dans la première période de Guy Charon, à un moment où il adopte une esthétique figurative proche de la Jeune Peinture de l’École de Paris, également appelée Nouvelle École de Paris.
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