Dans l’atmosphère feutrée du recoin d’un corps de garde ou d’une taverne, notre jeune page, tout droit sorti de l’univers de David Teniers et dont les traits sont reconnaissables parmi mille autres figures, range les harnachements et les armures des soldats qu’il sert. Ce sujet, maintes fois traité par Teniers (Corps de garde, 1642, au Musée de l’Ermitage, Le Page dans la salle de garde, vers 1640, à la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde ou encore Corps de garde à la Dulwich Picture Gallery de Londres), montre avec une certaine poésie la rude condition des hommes durant le Siècle d’or. Plutôt que d’illustrer leurs faits d’armes, il choisit de peindre leurs attributs dans un intérieur paisible. Ainsi s’accumulent plastrons, gorgerins, gantelets et heaume emplumé aux côtés d’une selle d’armes et d’un mors, les chevaliers ayant probablement conservé leurs armes près d’eux.
En reproduisant dans sa jeunesse les peintures des plus grands artistes flamands, Teniers acquiert une grande aisance et assimile les meilleurs procédés techniques. Ainsi passe-t-il maître dans l’art du glacis et notre composition en est la parfaite illustration. Dans un camaïeu de brun, d’ocre et de gris, une scène où l’obscurité est dérangée par quelques entrées lumineuses s’offre à notre regard.
Nous avons choisi de vous présenter cette peinture dans un cadre à profil renversé en bois noirci.
Dimensions : 37 x 31 cm – 53 x 48 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d'expertise
Biographie : David II Téniers dit le Jeune (Anvers 1610 - Bruxelles 1690) est le fils de David I Teniers le Vieux, peintre et ami de Peter Paul Rubens. Ainé d’une fratrie de six enfants, il s’initie dès son plus jeune âge à la peinture dans l’atelier paternel. Ses frères Julien, Théodore et Abraham empruntent la même voie. Le jeune David s’aventure un temps à copier les plus grands maîtres flamands et italiens, ce qui complète sa connaissance de manière heureuse. Il en tire une grande aisance dans la composition, assimile les meilleurs procédés techniques et acquiert une rapidité d’exécution devenue légendaire. Passé maître dans les scènes de genre qui se déroulent dans les chaumières ou les auberges, il peint une multitude de scènes de beuverie et de tabagie, des conversations de loustics et des entreprises galantes. En épousant en premières noces Anne Brueghel, fille de Jan Brueghel de Velours, il s’assure une grande considération et devient un notable de la ville d’Anvers. A l’instar des riches bourgeois anversois, il loue un manoir rural à Perck : Dry Toren (trois tours en français) dont il ne se lasse pas de brosser la silhouette à l’arrière-plan de ses peintures et où il aime jouer le seigneur. Assuré de son talent, la légende dit qu’il aurait pu prononcer ces mots : « Je tiens mon génie de la nature, mon goût de mon père, et ma perfection de Rubens ».
Bibliographie :