LE PAIN BÉNI
Tableau de Jean-Marie Oscar Gué
Bordeaux
1809-1877
Cette œuvre (1 m x 0,83 m) est présentée dans un très beau cadre du XIXe siècle en bois doré avec des décors floraux (1,10 m x 1,28 m). Quelques retouches de dorure ont été réalisées.
Jean-Marie Oscar Gué, tout comme son frère Julien-Michel Gué, est une figure majeure, malheureusement méconnue, de la peinture romantique bordelaise.
Né à Bordeaux en 1809, Oscar Gué est envoyé à Paris pour étudier le droit, mais il préfère apprendre la peinture auprès de son oncle Julien-Michel. En 1833, lors d'une visite en Italie, il peint à Rome un Arc de Triomphe de Titus qu'il envoie au Salon où il remporte une médaille. Ensuite, Jean-Alaux (frère de Jean-Pierre et de Jean-Paul), grand prix de Rome, surnommé "le Romain", le choisit pour l'aider durant plusieurs années dans ses grandes commandes pour le musée Louis-Philippe à Versailles. Parallèlement, Oscar Gué expose régulièrement au Salon des tableaux d’histoire. En 1858, il est nommé directeur de l'école de dessin et de peinture de la ville de Bordeaux. En 1859, il succède à Pierre Lacour père et Pierre Lacour fils et devient le troisième conservateur du Musée des Beaux-Arts de cette même ville, fonction qu'il exerce jusqu'en 1877. Il participe au Salon des Amis des Arts de Bordeaux jusqu'en 1864, où il présente "Le Pain bénit", assurément l'un de ses chefs-d’œuvre.
La messe est célébrée. Nous nous trouvons vraisemblablement dans l'une des nefs des églises bordelaises. Des colonnes romanes en grès blanc servent de fond sur lequel se détachent les personnages. La scène se déroule au Moyen Âge, comme en témoignent les costumes. Des nobles, ou du moins des notables, assistent à l'office religieux. Cette scène serait banale si elle n'était pas troublée par une autre scène qui se déroule à la croisée de la nef devant les fidèles. Un enfant de chœur tout drapé de blanc, avec une toge qui lui arrive à mi-mollet, tient dans sa main un plat d'argent. Il regarde un autre garçon, plus jeune que lui, qui tend la main pour attraper une tranche de pain bénit contenue dans ce plat. Lui-même, vêtu humblement d'un collant bleuté et de chausses beiges, comme hypnotisé, garde les yeux rivés sur une jeune fille âgée tout au plus de douze ans, vêtue d'une robe de velours verte et de bas blancs, qui baisse la tête. Une femme, vêtue d'une robe et d'une coiffe noires et orange, sa mère sans doute, lui soutient le bras.
Le pain bénit, encore appelé antidoron (d'origine grecque), est une tradition catholique considérée comme un sacramental. Des pains ou des gâteaux sont amenés par les fidèles, puis coupés en morceaux. Ces morceaux sont bénis par le prêtre, puis distribués après la messe et ramenés dans leur foyer. Le pain béni se distingue de l'hostie qui symbolise le corps du Christ. Il renvoie plutôt au démembrement de l'Unité qui doit être reconstruite par le rassemblement des fidèles dans la Foi. C'est aussi la voie que doit suivre chaque chrétien pour recouvrer l'Unité. "Je suis le chemin", dit le Christ, sous-entendu "suivez mon enseignement et vous serez sauvés". Voilà à quoi ce jeune garçon, placé au centre du tableau par Jean-Marie Oscar Gué, devra faire face. L'amour sera-t-il vainqueur de la tentation ? C'est en ce sens que le pain bénit agit en tant que protecteur et, d'une certaine manière, symbolise l'Archange Saint-Michel qui sera toujours présent à ses côtés pour vaincre Satan.
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