Epoque Louis XV
Le mouvement d’époque louis XIV est signé au dos « Befson à St … »
Restaurations d’usage, cadran postérieur à remplacer
H. 30 x L. 25 x P. 18 cm
La pendule de notre étude est d’une délicatesse rare. Il suffit d’observer en premier lieu la composition générale pour comprendre que nous avons à faire à une pendule d’une qualité remarquable. Il s’agit de l’imitation astucieuse d’un arbre tenant un cartel miniature entre ses branches. Tout est fait pour amuser le regard : le sol reprend la texture de la terre, nous remarquons le petit champignon qui pousse au pied de l’arbre, les fleurs en bronze doré sur le cartel sont autant de détails que d’éléments décoratifs plaisants. Ce mélange de matériaux si cher aux marchands merciers en fait un véritable bijoux. Le personnage en Meissen donne de la vie à cette scène que nous pouvons qualifier de sculpture. Nous pouvons avoir l’impression que les fleurs en porcelaine blanche viennent d’éclore au bout des branches. La fragilité de la porcelaine s’oppose à la force et la solidité du bronze présent dans la structure. Les couleurs également forment un contraste important entre le bronze doré et patiné qui sont rarement utilisées dans de telles pendules.
En plus de cet esthétisme travaillé, la pendule présente deux originalités certaines : le bras de lumières et sa taille. Les pendules mélangeant le bronze doré et la porcelaine munie de personnages sont toujours très appréciés. Cependant, la taille très réduite de cette pendule en fait un élément important dans sa description. Pierre Kjellberg, dans son livre « Encyclopédie de la pendule française » (aux Editions de l’Amateur ), évoque en effet la rareté des pendules de ce type n’excédant pas les 30 cm. Elles sont donc dotées d’un mouvement de montre d’où l’appellation « porte-montre ».
Le bras de lumière est également un élément intéressant à relever. Cet objet complet possède quelques « soeurs » avec lesquelles nous pouvons effectuer une comparaison. Ainsi, une pendule munis de deux bras de lumières est reproduite page 148 du livre de Pierre Kjellberg. Une autre présentant aussi un petit personnage en Meissen et des fleurs en porcelaine est reproduite dans le livre « La pendule française » (1ere partie, aux Editions Tardy, page 176). Enfin, la maison de vente Christie’s a présenté une pendule cette fois-ci avec quatre bras de lumières, un personnage et des fleurs le 27 novembre 2018 sous le numéro 504.
De cette manière, cette pendule est particulièrement représentatif à la fois du goût Rocaille, et de l’importance des marchands merciers dans la production des objets d’art. Décorateurs avant l’heure, ils suscitaient des créations originales qui avaient souvent pour caractéristique d’allier des matériaux luxueux : le laque, le bronze, ou la porcelaine pour laquelle les élites sont prises d’un véritable engouement, à l’instar de Madame de Pompadour qui en collectionna une quantité importante. Il faut en effet se rappeler que la production de porcelaine européenne est une révolution artistique survenue au tournant des années 1710, et qui restera très recherchée par tous les amateurs d’art jusqu’à la veille de la Révolution.
Les pendules telles que la nôtre sont souvent rapprochées du commerce du marchand-mercier Lazare-Duvaux, qui s’était fait une spécialité de ce type d’objets. Il affectionnait la porcelaine, qu’il posait sur beaucoup de meubles et objets.