L’ornementation est composée d’allégories chrétiennes et de scènes mythologiques dans l’esprit de l’époque s’intéressant à l’étude de l’antique. Notre coffre et son ordonnance majestueuse se rapprochent du coffre du musée des Arts décoratifs de Paris représentant en façade la mort d’Adonis mais également du coffre du musée national de la Renaissance d’Écouen avec ses côtés dont des visages surgissent en relief. Cette pièce est issue d’une commande prestigieuse destinée à une famille noble qui était passée, selon les usages de l’époque, devant notaire. Le huchier présentait plusieurs dessins et un modèle final était signé par les partis et paraphé ne varietur par le notaire.
Le panneau central à cartouche met en scène l’épisode mythologique du Jugement de Pâris. Le prince troyen a été choisi pour juger qui parmi trois déesses - Aphrodite, Athéna et Héra - était la plus belle. Chacune des déesses a tenté de séduire Pâris en lui offrant des cadeaux. Aphrodite lui a promis l'amour de la femme la plus belle du monde, Hélène, qui était déjà mariée au roi Ménélas de Sparte. Athéna lui a offert la sagesse et la victoire dans la guerre, tandis que Héra lui a promis la domination sur tous les royaumes. Finalement, Pâris a choisi Aphrodite comme la plus belle des déesses, en échange de l'amour d'Hélène. Cela a déclenché la colère d'Héra et d'Athéna, qui ont soutenu les Grecs dans la guerre qui a suivi, connue sous le nom de guerre de Troie.
Cette représentation en bas-relief met en valeur les attributs des personnages notamment la lance et le bouclier d’Athéna, aussi appelé Égide, orné du masque de la Méduse. Cupidon est également représenté ainsi qu’un chien accompagnant le prince troyen, rappelant le tableau du Jugement de Pâris par Sandro Botticelli.
En façade se distinguent quatre grands personnages en haut-relief ainsi que deux plus petits personnages en bas-relief représentés dans des niches surmontées par des volatiles.
De gauche à droite : le premier personnage en armure est Persée, héros de la mythologie grecque ayant mis fin aux jours de la Méduse. Le visage grimaçant du bouclier est le Gorgóneion, masque de la Gorgone, remis ensuite à Athéna.
Le personnage féminin tenant une fleur est la nymphe Chloris, très en vogue à la Renaissance. Elle apporte la fertilité.
Le troisième personnage est une des trois allégories des vertus théologales : la Charité. Elle est représentée avec un chérubin ailé, tenant le cœur sacré de Jésus.
Le quatrième personnage est l’allégorie de la Prudence, une des quatre vertus cardinales. Elle est représentée tenant son attribut classique, le miroir, afin de guetter les dangers.
Le cinquième personnage est une rare et originale représentation. Cette déesse tenant un serpent dans chaque main est issue d’un culte crétois de l’âge de Bronze, elle est liée à la féminité et au foyer.
Le dernier personnage est Hermès, dieu des messagers, voyageurs, marchands, orateurs. On retrouve ses attributs : le Caducée et le casque ailé.
Les côtés de cette impressionnante pièce sont sculptés de grandes sphinges ailées veillant de chaque côté. Au centre, un visage surgit de la composition, à la manière du coffre du musée national de la Renaissance d’Écouen. Les montants arrière sont sculptés de personnages féminins présents pour encadrer ces superbes monstres.
Reposant sur une généreuse plinthe à double moulure et à ressaut entièrement sculptée de frises et de palmes, cinq mufles de lion finement sculptés se détachent et fixent l’observateur. Le haut du coffre est également richement travaillé de motifs dont des feuilles d’acanthe sur sa double mouluration.
Petit coffret intérieur à abattant pour les objets plus précieux.
La clé d’origine est très représentative de la virtuosité des artisans de la Seconde Renaissance. L’esthétique est pensée de l’anneau au panneton, avec cette croix ajourée et ce « peigne » très fin permettant l’ouverture.
Le coffre de la Seconde Renaissance est un élément essentiel du mobilier notamment au sein des lignages nobles. Les coffres présentant des personnages font partie des modèles luxueux. Les motifs de la riche ornementation sculptée de notre coffre sont empruntés à l’origine à la Renaissance italienne suite aux campagnes françaises de Charles VIII (Le Mobilier du Moyen Age et de la Renaissance en France par Jacques Thirion). Ce coffre, par ses symboles et allégories centrés sur la passion avec l’amour de Pâris pour Hélène, la représentation de la fertilité, du foyer, de la Prudence, était sans doute destiné à être offert en cadeau de mariage dans une union de deux familles aristocratiques afin d’apporter paix dans le foyer et fertilité au couple.
Époque fin du XVIe siècle. Restaurations d’entretien notamment l’épée de Persée et à l’arrière du plateau.