Si les ornements des pieds en balustre puisent dans les formes étrusques, telles qu’on les trouve dans les recueils d’antiquités du comte de Caylus ou de Domenico Fronti, le vase en bronze couronnant l’entretoise, les feuilles décorant la ceinture et le plateau en porphyre y ajoutent des motifs à la grecque ou égyptiens. Les Romains eux-mêmes semblent avoir prisé cette sorte de décor, où se mêlent les motifs étrusques, grecs et « orientaux », comme on le voit dans l’édition que fit Angello Campanella des peintures que Mengs et Anton von Maron ont faites d’après les fresques alors récemment découvertes de la villa Negroni à Rome.
On retrouve cet éclectisme savant chez les plus grands ébénistes de la fin du XVIIIᵉ siècle. On trouve ainsi une paire de tables servantes en bois plaqué et en bronze tantôt doré et tantôt patiné, estampillées par Adam Weisweiler : les pieds en toupie, reliés par une entretoise supportant un œnoché en bronze patiné, s’élèvent en colonne d’un style très libre ; le tout est surmonté d’un plateau en marbre verde antico. On trouve encore, au Louvre, et portant l’estampille du même maître, une paire de bas d’armoire en bois laqué et bronze doré. Le plateau est en brocatelle, et les pieds, en toupie, s’élèvent aussi en balustre et finissent avec un chapiteau qui semble directement inspiré du candélabre dit étrusque par le comte de Caylus, et qui est maintenant au Louvre.
Sources
Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen. Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, t. I, Munich, 1986.
Anne-Claude de Pestels, comte de Caylus, Recueil d’Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises, t. III, Paris, 1759.
Domenico Pronti, Nuova raccolta rappresentante i costumi religiosi civili, e militari degli antichi Egiziani, Etruschi, Greci e Romani. Tratti dagli antichi monumenti, per uso de’ professori delle belle arti, Rome, 1776.