Chaque feu porte insculpté sur leur côté la signature de"BOUHON"-, soit d'Auguste, Matthieu Bouhon (1839-1890), Fabricant-artiste sculpteur parisien reputé dans la capitale pour "le côté artistique de ses productions" et, plus particulièrement" le bon goût, l'élégance, l'irréprochable exécution" caractéristiques de ses modèles de " garnitures de devants de foyer, chenets et écrans" dont il s'était fait une spécialité. A ce titre, sa Maison(1867-1912 )* sise à Paris 12, rue Debelleyme sera gratifiée des plus hautes récompenses lors des Expositions Universelles et honorée de nombreuses distinctions.
Traversée par le souffle graçieusement novateur du bronzier Claude-Jean Pitoin (1757- avant 1807) dont la Maison Bouhon réalisa également de remarquables copies sur les modèles d'époque Louis XVI de nos jours conservés dans des i nstitutions muséales prestigieuses (Chenets "A la Lyre", Louvre, OA 5264-5265 ou" Aux Vases flammés et couples de colombes", Versailles, V 2017 81), notre paire de feux de cheminée vraissemblabement réalisée entre 1870-1880 illustre à la fois la remarquable maîtrise des sources d'inspiration et "la fécondité d'imagination" de ces artistes-fabricants de bronze auxquels on en doit l'originale paternité. Chacun appréciera en ces chenets, outre leur indéniable raffinement formel servi par une grande finesse d'exécution et de ciselure, la savante adéquation établie entre motifs ornementaux néo-classiques Louis XVI (Athénienne flammée, pomme de pin, fleurs d'hélianthe et guirlande fleurie, évocateurs des ardeurs hivernales de l'âtre, de la renaissance du bonheur printanier) et destination de l'objet. Petits Zéphyrs soufflant de douces brises, attributs amoureux leur conférent cette tendre touche de préciosité propre à l'esthétique galante du XVIIIe siècle par la suite fort plébiscitée.
Notre paire de chenets signée est à rapprocher d'un modèle (attribué à Bouhon Frères) à la thématique similaire présenté chez Christie's le 24 avril 2014 (Le Goût français: arts décoratifs du XVIIIe au XIXe siècle), Lot 58: "Paire de chenets de Style Louis XVI en bronze ciselé doré, le recouvrement flanqué de deux flammes et centré d'un carquois dans une couronne de fleurs. H: 27cm L.: 40 Pr.: 43 . Par ailleurs, une paire de chenets de l' emblématique Maison parisienne Bouhon frères (1890-1912) est recensée à Paris, dans les collections du Musée du Louvre (0A 11 345 2).
---------------------
*La Maison BOUHON (1867-1912) ou "l'intime alliance de l'art avec l'industrie" .
Succédant au 12, rue Debelleyme à l'honorable fabricant de bronzes Ernest Clavier (actif de 1857 à 1867), la Maison BOUHON, fondée à l'initiative d' Auguste Mathieu Bouhon(1839-1890), "artiste-sculpteur-dessinateur" -initialement attaché à la Maison Denière auprès de laquelle il obtiendra ses premières récompenses (Médaille de 2e classe , d'argent en 1855 et 1867)- en association avec Cyprien-Dieudonné Bahille, sculpteur des ateliers de Barbedienne, sut en une décennie rivaliser avec la prestigieuse Fabrique parisienne Morizot (1827-1898) de la rue de Turenne spécialisée dans "les garnitures de foyers et d'intérieurs de cheminée". "En parfaite communion d'esprit, d'idées, travaillant seuls, étant leurs propres sculpteurs, leurs propres dessinateurs, ces deux "praticiens consommés", "fort de leurs propres modèles" (L'Evénement du 12 novembre 1878,p.3), décrocheront lors de l'Exposition Universelle de 1878 à Paris une médaille d'argent. En 1872 à l'Exposition de Vienne, une Médaille de mérite avait précédé cette distinction. Dès lors, les rapports de Jury, la presse n'eurent cesse de louer "la pureté de style, la perfection du travail, la délicatesse de ciselure" caractérisant leurs chenets, éventails, écrans à feu,..dotés de"charme, d'élégance et d''une originalité sans égale".
Au cours de l'année 1889, Bouhon père formait à son nom et en ceux de son ancien collaborateur et de ses fils- Edouard -Justin (1864-1947) et Etienne- Joseph (1866-1940), "sculpteurs"- la société Bouhon et Cie. Suite à son décès survenu au cours de l'Exposition Universelle de Paris pour laquelle il se vit gratifié du titre de membre du Jury et d'un diplôme d'honneur, l'entreprise passa aux mains de ses fils (Bouhon Frères). Ces derniers maintinrent la réputation et la tradition d'excellence de cette Maison qui, dés 1878, proposait dans leur domaine à sa clientéle huppée surtout des pièces artistiques destinées à des demeures princières" ( A.Lefêvre ). En 1893, on relève dansun compte rendu de l'Exposition de Chicago, des notes toujours élogieuses sur cette Maison fournissant de fait le Garde-Meuble: "L'une des Maisons les plus estimées de Paris, pour le côté artistiques de ses productions et des reproductions fidèles de nos maîtres pour tout ce qui concerne les garnitures de foyers, chenets tant en bronze qu'en fer forgé est certainement la Maison Bouhon. MM.Bouhon Frères, qui la dirigent, ont donné également leurs soins à la reproduction de cheminées de musée, pièces rares qui demandent le tour de main des artistes les plus habiles". C'est d'ailleurs, avec une Cheminée décorative exécutée en collaboration avec Octave Lelièvre et Léon Pilet associée à des Chenets dus à Eugène Marioton qu'ils obiendront à l'Exposition Internationale de 1900 une Médaille d'or-, réintérée en 1904 (Saint-Louis), 1905 (Liège),... En 1912, Justin Bouhon "exposant aux Salons du Mobiler "de 1902 à 1911, sera promu au grade de Chevalier de Chevalier de la Légion d'Honneur.
--------------------------
Travail parisien de grande qualité de Style Louis XVI de la seconde moitié du XIXe siècle.Signé Bouhon. Circa 1870.
Matériaux: bronze ciselé et doré.
Dimensions: Chaque chenet: H.: 31 cm;-L.: 29 cm;-Pr: 12 cm.
En parfait Etat.