Tout le règne de Louis XIV aura été marqué par la présence de nombreuses figures féminines. Au côté de la reine Marie-Thérèse d’Autriche émergent des personnalités importantes : artistocrates, courtisanes et femmes de lettre animent la vie de la cour. Le 14 avril 1663, pour la première fois, l’Académie royale de peinture et de sculpture s’ouvre même à elles en admettant dans ses rangs la peintre de nature morte Catherine Duchemin. Encore aujourd’hui, les noms de Madame de Montespan, de Ninon de Lenclos ou de Madame de Sévigné raisonnent dans notre inconscient collectif. Les portraits de toutes ces dames font écho aux mondanités du Grand Siècle et nous plongent dans cette société galante.
Bien qu’inférieur dans la hiérarchie des genres, le portrait devient si populaire sous le Roi Soleil « qu’il n’y a point de bourgeoise un peu coquette et un peu à son aise qui ne veuille avoir son portrait », nous raconte Pierre Richelet dans son Dictionnaire français de 1706. L’importance de la commande suscite alors des développements stylistiques nouveaux : les portraitistes actifs au milieu du siècle (Louis Ferdinand Elle le Père, les cousins Beaubrun) apparaissent vite démodés et sont progressivement remplacés par une génération de jeunes artistes talentueux qui formeront la grande école du portrait français du XVIIe siècle. Si les noms de Mignard ou de Rigaud sont souvent associés aux portraits des membres les plus éminents de la famille royale, d’autres artistes se concentrent sur une clientèle moins illustre. Ainsi, Largillière et François de Troy livrent des représentations plus intimes de ces aristocrates de rang intermédiaire et acquièrent une notoriété particulière dans le portrait féminin. C’est à la suite de ces deux peintres que nous situons notre tableau. Représentée en buste de trois-quarts face, notre modèle arbore une robe audacieuse dévoilant le début de sa poitrine. Sa coiffure dite « à la fontange » la situe à la mode de la fin du siècle. Cette ravissante toilette n’est pas sans rappeler celle arborée par la princesse de Conti dans un portrait que François de Troy fit d’elle vers 1691 (Toulouse, musée des Augustins). Le discret sourire que notre dame esquisse et sa tête légèrement penchée confère une certaine intimité à cette composition dont on peut imaginer qu’elle fut un jour un présent à destination d’un compagnon, d’un amant, d’un époux.
Notre portrait est présenté dans un cadre provincial en bois sculpté et doré d’époque Louis XIV, modèle dit à coins fleuris.
Dimensions : 67 x 55 cm – 87 x 73 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise.
Bibliographie :