Le Faussaire Espagnol – La Vision De Saint Hubert – Huile Sur Panneau – Vers 1910

La scène illustre la légende de la « vision de Saint Hubert », née en Flandres au XVe siècle :
« Depuis le XV^e siècle, on dit que le seigneur Hubert était si passionné de chasse qu'il en oubliait ses devoirs. La légende rapporte qu'il n'avait pu résister à sa passion un Vendredi saint et, n'ayant trouvé personne pour l'accompagner, était parti chasser sans aucune compagnie. À cette occasion, il se trouva face à un cerf extraordinaire. En effet, celui-ci était blanc et portait une croix lumineuse au milieu de ses bois.
Hubert se mit à pourchasser le cerf mais celui-ci parvenait toujours à le distancer sans pour autant se fatiguer. Ce n’est qu’au bout d’un long moment que l'animal s’arrêta et qu’une voix tonna dans le ciel en s’adressant à Hubert en ces termes :
«  Hubert ! Hubert ! Jusqu'à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu'à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme ? ».
Hubert, saisi d'effroi, se jeta à terre et humblement, il interrogea la vision :
« Seigneur ! Que faut-il que je fasse ? »
La voix reprit :
« Va donc auprès de Lambert, mon évêque, à Maastricht. Convertis-toi. Fais pénitence de tes péchés, ainsi qu'il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n'être point damné dans l'éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée. »
Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme :
« Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse. Je ferai pénitence, puisque vous le voulez. Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous ! » (source : Wikipedia)
Sur le tableau, Hubert est effectivement agenouillé, en compagnie de ses chiens, devant un cerf majestueux. Entre ses bois apparaît un christ en croix.
Une foule de personnages et de détails complètent la scène : rivière, forêt, autres chasseurs, femmes sur des destriers richement pars. Au loin se dresse le château d’Hubert. On aperçoit également une ville fortifiée.
Le tout est exécuté dans un style proche des enluminures et autres récits pieux, dans un camaïeu de verts et de bruns.
L’œuvre n’est évidemment pas signée… Puisqu’elle a très probablement été réalisée par celui qui fut surnommé « Le faussaire espagnol », au début du XXe siècle.
L’œuvre est réalisée sur d’anciens panneaux de chêne. Elle est proposée dans un superbe cadre de bois doré, en parfait état. Ce dernier est d’inspiration XVIIIe,  ancien et très soigné.

L’artiste
« Le faussaire espagnol » a œuvré à Paris à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Il a créé de très nombreuses œuvres qui ont longtemps été considérées comme des trésors (enluminures, peintures sur bois…) datant du Moyen-Age. Pourtant, certaines œuvres (comme celle que nous proposons ici) sont plus des interprétations modernes du Moyen-Age que des copies d’œuvres anciennes. Son travail a profité de la vogue des miniatures et des gravures médiévales et de la popularité générale de l'art médiéval revitalisé par les mouvements néogothiques et Arts and Crafts.

Démasqué en 1930 par la directrice de la Pierpont Morgan Library, le faussaire espagnol est aujourd'hui considéré comme l'un des "faussaires les plus habiles, les plus prospères et les plus prolifiques de tous les temps". Il tient son nom trompeur de la fausse attribution d'un tableau que l'on croyait être d'un artiste espagnol du XVe siècle. Le nom est resté. Malgré les preuves de plus en plus nombreuses que le faussaire supervisait un atelier à Paris (des restes de vieux journaux parisiens ont été retrouvés à l'intérieur des cadres), aucune trace de sa véritable identité n'a été mise au jour.
Des centaines d'œuvres lui sont attribuées et, en 1978, une exposition rétrospective de son art a été organisée à la Pierpont Morgan Library de New York, puis revisitée avec une exposition en 2014 au musée d'art de l'université de Binghamton. Son œuvre intéresse beaucoup les collectionneurs privés et les musées : en 2009, le Victoria and Albert Museum de Londres a acquis cinq tableaux du faussaire espagnol "pour ce qu'ils nous apprennent sur la perception du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle". (source : Christie’s)

Œuvre visible à la galerie (07240).
Expédition : nous consulter pour les frais d’envois en France et à l’étranger.