L’allégorie des Quatre éléments, élève de Jan Brueghel le Jeune, école Anversoise Du XVIIème

Ecole Anversoise du XVIIème siècle
Le paysage, les animaux et la nature morte par un élève de Jan Brueghel le Jeune
Les figures par un élève de Frans Francken II
Huile sur toile, dimensions : h. 52,5 cm, l. 82 cm
Cadre en bois doré
Encadré : h. 66 cm, l. 96 cm
Notre magnifique tableau a pour sujet un thème fréquemment traité au XVIIe siècle, l'allégorie des quatre éléments qui composent l'univers: l'air, l'eau, le feu et la terre.
Les éléments sont personnifiés par quatre figures mythologiques réunies au cœur d'un paysage luxuriant munies chacune de leur attribut.
Cérès symbolisant l’agriculture et l’abondance est assise à droite tenant une corne d’abondance. A gauche Amphitrite tient une conque d’où jaillissent l’eau et des poissons, Uranie tient une sphère armillaire, symbolisant l’air. Tandis que Vesta, de profil, dos tourné au spectateur tient une torche enflammée.
La composition est divisée en deux, le paysage forestier et le cours d’eau bordé de roseaux se jetant à la mer.
Cette séparation est accentuée par la nature morte de fleurs, fruits et légumes à droite équilibrée par la dispersion artistique des coquillages et poissons à gauche.
Enfin le coin gauche supérieur est occupé par le domaine de l’air : sur les branches dénudées d’un arbre sont réunis les différents oiseaux. D’autres volatiles survolent le ciel. Deux puttis entrelacés planent au-dessus des eaux, un muni d’un flambeau et l’autre d’une sphère armillaire.
Au second plan dans la mer Neptune conduit son char attelé de chevaux marins.

Notre artiste s'efforce à peindre les splendeurs de la nature avec un réalisme remarquable et s'applique avec minutie à rendre les fruits, la végétation, les oiseaux et les animaux marins les plus réels possible.

L'ensemble des figures, des animaux, des objets et le paysage forment ainsi une scène idyllique représentant dans un microcosme l’univers tout entier et par extension la création divine en toute sa splendeur.
Au-delà d’un plaisir esthétique de la contemplation de l’univers, l’artiste à l’esprit encyclopédique tel un naturaliste ou botaniste répertorie les légumes et les fruits déposées aux pieds des déesses, ainsi que les différentes fleurs qui poussent à droite.

Bien entendu ce sujet de prédilection des peintres du début du XVIIe siècle demandait une maîtrise de plusieurs genres: les figures humaines, la nature morte ainsi que le paysage ce qui expliquait l’intervention de deux artistes.

Notre tableau est une œuvre de collaboration entre deux élèves des artistes anversois : Jan Brueghel le Jeune (le spécialiste de paysage et nature morte) et Frans Francken II (peintre de figures), les maîtres ayant travaillé conjointement à plusieurs reprises pour dépeindre le thème des quatre éléments, il est évidents qu’ils ont du déléguer certaines commandes de plus en plus nombreuses aux membres de leurs ateliers respectifs.

Pour les allégories des quatre éléments exécutées conjointement par Jan Brueghel le Jeune et Frans Francken II voir ci-dessous :

Œuvres en rapport :
• Sotheby's Londres, 10 juillet 2014, 51 x 65 cm, huile sur toile, Jan Brueghel le Jeune & Frans Francken II
• Getty Museum, Los Angeles, Jan Brueghel le Jeune & Frans Francken II, huile sur panneau 52,7 x 81,3 cm (inv 71.PB.28), vers 1635
• Schwerin Staatliches Museum, atelier de Frans Francken II, huile sur panneau (31x42 cm) ( les figures de ce tableau sont particulièrement proche de l’œuvre que nous présentons)
• Vente aux encheres, Sophie Himbaut SVV, Aix en Provence, le 19 mars 2021, huile sur panneau, 55 x 75 cm, par Jan Brueghel le Jeune et élève de Frans Francken II

Le premier tableau connu traitant le thème des « quatre éléments » par Jan Brueghel l’Ancien, a été peint en 1604 pour Rodolphe, empereur de Saint Empire Germanique (conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv GG815).
Cette œuvre a donné l’élan pour une grande tradition du thème des quatre éléments dans la peinture anversoise, peints principalement par Jan Brueghel le Jeune, parfois divisée en quatre œuvres indépendantes pour chaque élément.

Cette organisation méthodique n’est pas sans rappeler le contexte des wunderkammers (cabinets de curiosités) et l’essor du collectionnisme au XVIIème siècle

Selon une théorie qui indique que toutes les matières présentes sur notre globe sont réductibles à quatre éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. Cette théorie amplement décrite par Aristote philosophe grec a été abandonnée au cours du XVIIIème siècle suivant les progrès de la chimie.