Manche de couverts en corail, Italie XIXème

Manche de couverts en corail. Début du XIXe siècle. Corail méditerranéen.

À partir du bas Moyen Âge, le corail est entré dans l'usage quotidien en tant qu'objet courant et élément précieux. En plus du simple bijou que la femme du peuple portait, tel une amulette et un outil prophylactique, à son enfant, on note une riche production dans le domaine de la bijouterie, allant des accessoires de table aux meubles, en passant par les ornements personnels, où le corail apparaît monté avec de l'or, de l'argent, des émaux, des pierres dures et précieuses. De ces fabrications, seules subsistent les nombreuses descriptions d'objets rapportées par les sources archivistiques et documentaires (nous rappelons par exemple les trousseaux de mariage riches en objets en corail de Béatrice d'Este, Bona di Savoia, Éléonore d'Aragon, ainsi que l'inventaire des biens des ducs de Berry, d'Orléans, de Bourgogne); descriptions suffisantes cependant pour nous donner une idée de la diffusion de son appréciation tant dans la bourgeoisie que chez la plus haute noblesse.
Parmi les objets d'usage quotidien les plus répandus, on trouvait les couverts de table, généralement ornés à l'extrémité du manche d'une simple brindille de corail, plus rarement avec des coraux sculptés ou gravés. Cette coutume trouvait probablement son origine dans l'ancienne croyance populaire attribuant au corail le pouvoir de révéler la présence de poison dans les plats. Bien que sporadiquement, couteaux, cuillères et fourchettes similaires continuèrent d'être fabriqués jusqu'au XVIIIe siècle. Les exemples de créations d'objets d'usage avec du corail au début du XIXe siècle ne sont pas nombreux mais certainement pas absents.
Le set de poignées de corail présenté ici est parfaitement conforme au langage décoratif en vogue en France et bientôt assimilé dans toute l'Europe : le Style Empire, d'une claire ascendance néoclassique, voulu par Napoléon. Certainement réalisé sur commande d'une clientèle fortunée et de bon goût, le set de poignées de couverts présenté ici était probablement destiné à un militaire de très haut rang. Sculptées en ronde-bosse dans des ensembles complexes et élégants, elles rappellent les valeureuses armées de l'Antiquité et les héros-guerriers, se configurant comme des couverts de camp raffinés. Le choix du matériau précieux semble être lié aux significations symboliques, apotropaïques et porte-bonheur du corail, qui était déjà utilisé depuis longtemps pour décorer les armes. La précision formelle, l'originalité de la composition, la qualité du corail et la technique d'incrustation raffinée font de ces couverts un objet unique, d'une élégance rare et précieuse.