Superbe sculpture céramique figurant un réfugié ou vagabond, transportant péniblement un coffre sur son dos devant contenir tout ce qu'il possède.
Le sujet s'inspire du mouvement artistique de la fin du XIXe s du Réalisme, montrant et dénonçant la dure condition sociale d'une partie de la population ("les classes laborieuses"). On peut rapprocher cette oeuvre par exemple des romans d'Emile ZOLA et plus particulièrement d'autres sculptures (en bronze, mais aussi certaines éditées en céramique à Sèvres) de Jules DALOU (1838-1902): le terrassier appuyé sur sa pelle, le retour des foins, la botteleuse
ou encore d'Ernest WITTMANN (1846-1921), ayant collaboré avec les frères Mougin de l'Ecole de Nancy puis dans leur atelier de Lunéville: Les réfugiés, le vagabond ou encore le repos du forgeron
Outre la similitude des sujets, la position contrariée des corps met à chaque fois l'accent de façon maniériste sur l'effort et la souffrance des personnages.
Voir sur la dernière photo plusieurs céramiques avec des thématiques très proches de ces 2 aertistes.
On peut lire ici l'expression décidée et volontaire de notre personnage, courbé pourtant sous son lourd fardeau, mais sa position de marche, très oblique souligne aussi la pénibilité de sa progression sous le poids de son coffre.
La sculpture est très "brute" avec les traces de modelage de son auteur largement apparentes, mettant ainsi l'accent sur la création céramique et pas seulement sur son sujet. Il confère aussi en même temps au sujet un côté vivant et instantané, en mouvement, et présent de l'oeuvre pour son spectateur.
Très belle couverte de ce grès flammé, brun avec de délicats reflets bleus nuit profonds et nuancés, presque irrisés.
"Le grès flammé est obtenu à partir d’une argile cuite à très haute température -de 1200 à 1350 °C environ, et qui prend à la cuisson une couleur assez foncée, entre gris et marron. Le résultat obtenu est d’une très grande résistance. Après une première cuisson, les pièces peuvent être recouvertes de plusieurs couches d’émail de teintes différentes avant d’être repassées au four. On obtient alors des reflets métalliques et changeants qui rendent chaque pièce unique."
L'oeuvre est signé sur l'arrière du socle mais l'inscription est malheureusement illisible et l'attribution reste à identifier: "J Laq"... ou " J Loq... ?"
Merci d'ailleurs d'avance de toute aide que vous pourriez m'apporter par vos connaissances quant à l'identification de ce sculpteur ou céramiste.
L'inscription d'un "A" majuscule en creux sur le côté du socle, dans l'angle proche de la signature semble en tout cas signifier selon la norme qu'il s'agit de l'épreuve d'artiste. On peut imaginer donc une série limitée d'édition de l'oeuvre, pour laquelle je n'ai d'ailleurs trouvé aucune correspondance connue ni information.
L'émail ressemble quelque peu aux productions plus tardives de la manufacture Renault à Argent sur Sauldre (Cher), mais les teintes sont ici plus subtiles et nuancées. La terre cuite est beige et dense.
Dimensions
19cm hauteur *
13cm largeur *
12cm profondeur
Parfait état de conservation (à signaler sur l'arrière un infime fel de cuisson d'origine)
Très belle couverte et sculpture très expressive.