Les frères Stanchi (Giovanni, Niccolò et Angelo), peintres romains du XVIIe siècle, célèbres et courtisés par les mécènes de l'époque, ont été par la suite totalement ignorés par la critique historique, qui a répandu à leur sujet un silence absolu et incompréhensible.
En réalité, leur abondante et admirable production de fleurs et de natures mortes aurait mérité un tout autre sort.
Partant de ce constat, la reconstitution d'un catalogue raisonné des œuvres récemment mises au jour s'avère une entreprise loin d'être simple. Pour compliquer les choses, il convient d'ajouter que, du moins jusqu'à présent, aucun tableau de Stanchi portant une signature et une date n'a été retrouvé. En revanche, il existe dans les anciennes collections Médicis, Borghèse, Colonna et Chigi une vaste série d'œuvres inventoriées avec l'attribution aux frères Stanchi. Ceci a permis, à la lumière d'une méthodologie rigoureuse basée sur la comparaison, d'identifier la main de Giovanni et Niccolò Stanchi dans de nombreux tableaux.
À ses côtés, plus jeune d'une génération, émerge son frère Niccolò, qui a grandi dans l'atelier de Giovanni ; il a collaboré à de nombreuses natures mortes de son frère, faisant preuve d'une plus grande liberté expressive que celle, plus contrôlée et sévère, de Giovanni.
En effet, bien qu'il évolue dans le sillage de son frère, Niccolò introduit dans les natures mortes d'éblouissants extraits naturalistes, avec un effet de composition étonnant qui enrichit la poétique de la nature morte, alors dominée par l'esthétique baroque.
En cela, l'artiste semble sensible à la leçon de peintres tels que Michelangelo Cerquozzi, Mario dei Fiori, Michelangelo Pace et, surtout, Abraham Brueghel,
D'ailleurs, Niccolò lui-même ne se prive pas de suggestions baroques, mais il s'agit d'un baroque modéré, où la luminosité des couleurs freine l'exubérance impétueuse du mouvement dominant.
C'est dans ce métissage culturel que la composition en question (Fleurs dans un vase en terre cuite sur une étagère) voit le jour, où la rencontre avec la leçon de Mario dei Fiori est tempérée par la coupe compositionnelle plus sobre et maîtrisée. Cela dit, le tableau porte indéniablement l'influence de Mario dei Fiori, à tel point que s'il était apparu quelques années plus tôt, il aurait vraisemblablement été répertorié avec l'attribution à Mario dei Fiori.
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Ms. Riccardo Moneghini
Historien de l' Art