Cette aquarelle offre une représentation délicate et poétique de la ville de Lyon entre 1848 et 1850. Alfred de Courville, capture avec finesse les quais animés de la Saône, dominés par l’église Saint-Georges et son élégant clocher pointu qui se détache au centre de la composition. À gauche, la colline de Fourvière surplombe la scène, tandis que le pont traverse paisiblement la rivière, reliant les deux rives. La palette douce, composée de tons pastel et de lavis subtils, crée une atmosphère sereine. Au premier plan, quelques personnages et des caisses suggèrent une activité commerçante typique du quai. La précision architecturale des bâtiments, la fumée s’élevant d’une cheminée et les détails du pont suspendu témoignent de l’attention portée à la vie urbaine de l’époque. Cette œuvre restitue avec élégance le charme et la vitalité du vieux Lyon.
Alfred Bernard de Courville, né en 1816 à Vitré et décédé en 1875, fut à la fois un militaire de carrière et un artiste aquarelliste talentueux du XIXe siècle. Sa double vie de général de brigade et de dessinateur l'a conduit à produire des œuvres remarquables, particulièrement lors de ses affectations en France et de ses campagnes en Afrique du Nord. Ses aquarelles minutieuses capturent avec finesse les paysages urbains de Lyon ainsi que les ports algériens, témoignant d'un regard précis et d'une sensibilité artistique indéniable malgré sa carrière principale dans l'armée française.
Alfred de Courville naquit dans une famille d'origine bretonne. Sa carrière commença par une solide formation à l'École Polytechnique où il fut admis en 1834. Cette formation d'élite le destina à une carrière militaire. Son parcours fut reconnu par l'État français qui lui décerna la prestigieuse distinction de commandeur de l'ordre de la Légion d'honneur.
L'œuvre artistique d'Alfred de Courville en France se concentre principalement sur la région lyonnaise, où il fut en garnison au milieu entre 1848 et 1850. Ses aquarelles de Lyon témoignent d'une grande finesse d'observation et d'une maîtrise technique remarquable. Les vues du Rhône et de la Saône constituent ses sujets de prédilection. Ses compositions montrent son goût pour les vues urbaines structurées autour des cours d'eau, mettant en valeur l'architecture et la topographie si particulière de Lyon. La précision de son trait révèle sa formation scientifique de polytechnicien, tandis que son traitement des couleurs et de la lumière témoigne d'une réelle sensibilité artistique.
L'Afrique du Nord, et particulièrement l'Algérie, occupe une place importante dans l'œuvre d'Alfred de Courville. Durant ses campagnes militaires dans cette région alors sous domination française, il produisit de "fines aquarelles" qui constituent aujourd'hui des témoignages visuels précieux de ces territoires au milieu du XIXe siècle.
Ces représentations des ports algériens s'inscrivent dans la tradition des artistes-militaires qui, tout au long de la période coloniale, ont documenté les paysages et l'architecture des territoires nord-africains. Le port d'Oran, notamment, a fait l'objet d'une attention particulière de la part de Courville. Le traitement pictural de ces vues marines révèle la même précision technique que ses aquarelles lyonnaises, avec une attention particulière portée aux embarcations, aux constructions portuaires et à la luminosité si caractéristique de la Méditerranée.
Alfred de Courville privilégiait les techniques du dessin à la mine de plomb et de l'aquarelle sur papier, médiums particulièrement adaptés à un artiste en déplacement comme pouvait l'être un militaire. Cette pratique s'inscrit dans une longue tradition d'officiers-artistes qui, tout au long du XIXe siècle, ont produit des œuvres documentant leurs affectations et voyages. Sa technique se caractérise par une grande précision du trait, héritée peut-être de sa formation d'ingénieur à Polytechnique, et par un sens délicat des couleurs et de la lumière dans ses aquarelles.
Les dimensions de ses œuvres sont assez constantes (22 cm de hauteur pour 40 cm de largeur) format horizontal particulièrement adapté aux vues panoramiques. Ce format relativement modeste facilitait généralement le transport des œuvres lors des déplacements militaires.