Ce portrait est autant l’expression de la volonté individuelle d’une dame de paraître sous ses plus beaux atours que le reflet du goût d’une époque qui avait fait de l’Antiquité le pilier des arts et des lettres sous l’impulsion du Roi-Soleil. Ainsi notre jeune femme se présente-t-elle dans un décor des plus antiquisants, son bras reposant sur un élément d’architecture orné d’un bas-relief figurant le mythe grec de Pan et Syrinx, à savoir la légende d’une nymphe tentant d’échapper à la passion dévorante d’un satyre. Est-ce là un clin d’œil que notre modèle adresse au spectateur qui, à l’instar de Pan, ne pourra l’apprécier que de ses yeux à défaut de pouvoir l’étreindre ? Ces jeux intellectuels sont les témoins d’une société raffinée dans laquelle l’échange de portraits fait partie intégrante d’une galanterie où les femmes occupent le premier rôle.
Notre délicat portrait est souligné par un cadre Louis XIV en bois sculpté et doré.
Dimensions : 29 x 22 cm – 45,5 x 37,5 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d'expertise
Soucieux du détail aussi bien que de l’atmosphère de sa composition, notre peintre redouble de virtuosité dans l’exécution de la toilette de son modèle et des étoffes sur lesquelles elle se prélasse. Le chatoiement des draperies et les fins empâtements utilisés pour matérialiser dentelles et broderies dorées sont caractéristiques de l’art de François de Troy à l’entourage duquel nous relions ce tableau. La coiffure « à la fontange » arborée par notre dame et les couleurs saturées des matières nous placent à la fin du Grand Siècle, selon une manière proche de celle mise en œuvre par François de Troy dans son Portrait de la duchesse du Maine en Cléopâtre réalisé vers 1690 (conservé au Musée du château de Versailles). Si la position adoptée par notre modèle rappelle celle de Louise Hippolyte Grimaldi dans un portrait réalisé par de Troy en 1715 (conservé au Musée du Louvre), la présence d’éléments architecturaux antiques jalonnent de nombreuses autres œuvres du peintre toulousain. A cet égard, l’on peut citer la sphinge ornant son Portrait de la duchesse de la Force (conservé au Musée des Beaux-Arts de Rouen) ou encore la statue décorant son Portrait de la princesse Palatine (conservé au Musée des Beaux-Arts d’Orléans). A l’image de notre tableau, ces deux compositions ouvrent sur des paysages qui sont autant d’invitations aux promenades bucoliques et à la rêverie.
Biographie : François de Troy (Toulouse 9 jan. 1645 – Paris, 1er mai 1730) naît dans une famille de vitriers et de brodeurs. Nous ne savons rien de son enfance toulousaine. Peut-être apprit-il la peinture auprès de son père, Antoine, qui pratiquait également l’art du portrait. Son installation à Paris entre 1662 et 1668 lui permet de se former auprès de Claude Lefebvre et de Nicolas-Pierre Loir, qui l’introduisent progressivement auprès de la cour. Agréé par l’Académie royale en 1669, il y est officiellement reçu en 1674 comme peintre d’histoire. Toutefois, c’est le genre du portrait qui lui vaut sa gloire et auquel il se dédie pleinement dès 1675. Fort de son succès, François de Troy progresse dans la hiérarchie de l’Académie, devenant professeur en 1693, puis directeur en 1708 et enfin assistant recteur en 1722. André Bouys, Hubert Drouais et son propre fils, Jean-François de Troy, y reçoivent ses enseignements. Ayant connu les règnes de Louis XIV et de Louis XV, François de Troy demeure l’un des portraitistes les plus fameux du baroque français, aux côtés de Nicolas de Largillière et Hyacinthe Rigaud.
Bibliographie :