Au sein d’un décor palatial baigné de la lumière du soleil couchant, une jeune femme tresse une couronne de fleurs. Si cette gestuelle indique une figuration sous les traits de la déesse Flore, il s’agit également d’exalter les vertus du modèle. Ainsi, la rose est le symbole évident de l’amour alors que la couronne de fleurs renvoie à l’innocence et la chasteté. Le décor ouvrant sur un bosquet ombragé peut aussi être vu comme un jardin de l’amour dont l’atmosphère intime est renforcée par le choix d’un format ovale. Ceci est l’image fantasmée que notre jeune élégante a souhaité donner d’elle au monde. Ce faste, incarné par une multitude d’accessoires dispendieux, atteste aussi bien de la richesse du commanditaire que de la virtuosité du peintre à réaliser les détails les plus fins, tels ce somptueux tapis reposant sur l’entablement et ces délicats tissus moirés.
Cette manière fine est celle des peintres du Siècle d’or hollandais qui entendaient représenter la réalité par l’exécution méticuleuse des objets et des matières. A cet égard, l’auteur de cette œuvre doit être situé parmi les artistes actifs à La Haye, dont l’art du portrait différait du reste des Provinces-Unies. En raison de son statut de capitale, la ville s’était en effet peuplée d’une aristocratie cosmopolite (constituée d’ambassadeurs et de proches du stathouder) qui préférait l’esthétique du portrait français au style plus austère en vogue chez les bourgeois des provinces néerlandaises voisines. A cette aune, la coiffure dite « à la hurluberlu » arborée par notre modèle reflète sa préférence pour la mode versaillaise de la fin du XVIIe siècle. C’est à Caspar Netscher (1639 – 1684), élève de Gerrit Dou, que l’on doit cette synthèse entre manière fine et portrait de style international. Si sa formule fit des émules jusqu’en Angleterre (Peter Lely), notre tableau est plus vraisemblablement attribuable à son principal épigone, Jan van Haensbergen. En effet, son Portrait de Maria Duyst van Resnwoude peint vers 1685 (Fondation van Renswoude, Utrecht) montre de grandes similitudes avec notre peinture, tant dans le traitement des matières que des carnations. Une comparaison encore plus probante peut être établie entre notre œuvre et une composition exécutée vers 1676 (vente Christie’s Amsterdam du 10.11.1997) où une dame, également représentée en Flore dans un décorum identique, adopte exactement la même gestuelle que notre modèle.
Notre délicieuse demoiselle est présentée dans un cadre en bois sculpté et doré d'époque
Dimensions : 39,5 x 30,5 cm - 51 x 42 cm avec le cadre
Biographie : Jan van Haensbergen (Gorinchem, 02 jan. 1642 – La Haye, 10 jan. 1705) fait son apprentissage à Utrecht auprès de Cornelis van Poelenburgh. Il commence alors par peindre des paysages arcadiens dans un style proche de son maître avant de s’installer à La Haye en 1669. Désormais, il se consacre pleinement à l’art du portrait selon un style proche de Caspar Netscher dans lequel « sa touche flatteuse lui était particulièrement utile pour peindre les jeunes demoiselles » selon Houbraken. Le mariage de sa fille, Madeleine, avec Constantin Netscher, fils de Caspar Netscher, témoigne de la proximité entre les deux familles. Ayant reçu de nombreuses commandes de la part des édiles de La Haye, il en dirigea l’Académie de dessin durant plusieurs années.
Bibliographie :