Importante tapisserie en laine et soie des ateliers de Guillaume WERNIER illustrant la chasse au sanglier avec à droite de la composition le Duc et la Duchesse protégés par un Don Quichotte en armure face au sanglier pourchassé par deux piqueurs et une meute de chiens,
à l'extrême gauche Sancho Panza réfugié à la cime d'un arbre. ( voir chapitre XXXIV Miguel de Cervantés )
D'après un carton de Charles Antoine Coypel ( 1694 - 1752 ) de l'histoire de Don Quichotte.
Epoque : XVIIIéme
Tapisserie doublée.
Dimensions : 285 x 350cm.
Historique :
Guillaume Werniers, gendre et successeur de Jean de Melter en 1700, assoit la renommée de la manufacture en s'inscrivant dans la tradition française par ses scènes mythologiques, religieuses ou historiques. Grâce à la persévérance de la municipalité, la production lilloise de tapisserie prend enfin son essor. Lors de l'occupation hollandaise (1708-1719), elle est confrontée à une nouvelle crise provoquée à la fois par la réduction des subventions municipales et l'arrêt de la taxation des impositions en provenance des Pays-Bas.
Charles-Antoine Coypel (1694-1752) est sans doute le premier artiste français à avoir illustré en peinture l’Histoire de don Quichotte de Cervantès (1547-1616). Les cartons commandés à la manufacture des Gobelins ont été réalisés entre 1715 et 1751 ; ils ont connu un immense succès, notamment par les gravures publiées dans l’édition de 1732 suivant la traduction de Filleau de Saint-Martin (1632-1691). Les tapisseries ont suscité un engouement identique. Pas moins de 175 pièces furent tissées au xviiie siècle avec différents alentours, soit en basse lisse, soit en haute lisse. En homme proche du monde du théâtre, Coypel a peint son don Quichotte dans l’esprit du temps, burlesque et un peu ridicule. Cependant, la force de ce peintre est d’avoir conçu cet ensemble avec une fraîcheur d’inspiration et un pittoresque qui ne seront jamais égalés.
Œuvre en rapport :
Charles-Antoine Coypel :
Poltronnerie de Sancho à la chasse , 140x160cm, huile sur toile
Carton de tapisserie pour la tenture de don Quichotte pour la manufacture des Gobelins.
Sous le numéro d'inventaire : INV 3573.
Extrait du chapitre XXXIV de Miguel de Cerantés :
À peine occupaient-ils leur poste, après avoir rangé sur les ailes un grand nombre de leurs gens, qu’ils virent accourir sur eux, poursuivi par les chasseurs et harcelé par les chiens, un énorme sanglier, qui faisait craquer ses dents et ses défenses, et jetait l’écume par la bouche. Aussitôt que Don Quichotte l’aperçut, mettant l’épée à la main, et embrassant son écu, il s’avança bravement à sa rencontre. Le duc fit de même avec son épieu, et la duchesse les aurait devancés tous, si le duc ne l’en eût empêchée. Le seul Sancho, à la vue du terrible animal, lâcha le grison, et se mit à courir de toutes ses forces ; puis il essaya de grimper sur un grand chêne ; mais ce fut en vain, car étant parvenu à la moitié du tronc, et saisissant une branche pour gagner la cime, il fut si mal chanceux que la branche rompit, et qu’en tombant par terre il resta suspendu à un tronçon, sans pouvoir arriver jusqu’en bas. Quand il se vit accroché de la sorte ; quand il s’aperçut que son pourpoint vert se déchirait, et qu’en passant le formidable animal pourrait bien l’atteindre, il se mit à jeter de tels cris, et à demander secours avec tant d’instance, que tous ceux qui l’entendaient et ne le voyaient pas crurent qu’il était sous la dent de quelque bête féroce.
Finalement, le sanglier aux longues défenses tomba sous le fer d’une foule d’épieux qu’on lui opposa, et Don Quichotte, tournant alors la tête aux cris de Sancho (car il avait reconnu sa voix), le vit pendu au chêne, la tête en bas, et près de lui le grison, qui ne l’avait point abandonné dans sa détresse. Et Cid Hamet dit à ce propos qu’il a vu bien rarement Sancho Panza sans voir le grison, ni le grison sans voir Sancho ; tant grande était l’amitié qu’ils avaient l’un pour l’autre, et la fidélité qu’ils se gardaient. Don Quichotte arriva et décrocha Sancho, lequel, dès qu’il se vit libre et les pieds sur la terre, examina la déchirure de son habit de chasse, qu’il ressentit au fond de l’âme, car il croyait avoir un majorat dans cet habit