Salomon-Léon Sarluis est né à La Haye d'un père antiquaire et d'une mère allemande: la famille appartient à la communauté juive de la ville. Après avoir renoncé à une carrière commerciale, il se fait prénommer «Léonard» en hommage à Vinci et intègre l'Académie royale des beaux-arts de La Haye de 1891 à 1893.
Il s'installe à Paris en 1894. En février 1896, Armand Point le présente à l'avant-garde belge: le jeune homme séduit par sa beauté juvénile et renaissante. En 1896, Joséphin Peladan et Élémir Bourges lui permettent d'exposer deux tableaux au cinquième Salon de la Rose-Croix esthétique. Influencé par Point, mais aussi par les préraphaélites, le jeune peintre aborde des sujets mythologiques et bibliques dans un style à la fois trouble et sensuel, et s'apparente à l'école symboliste. Il séduit bientôt tout Paris: Puvis de Chavannes, Oscar Wilde, Jean Lorrain, Émile Verhaeren, Rachilde, Catulle Mendès, Camille Mauclair… Même Paul Léautaud finira par le trouver beau. Dans Les Jours et les Nuits, Alfred Jarry le décrit sous les traits de Roissoy. La revue homosexuelle Akademos publie l'un de ses dessins, titré Inquiétude, dans sa livraison de janvier 1909. Une grande partie de sa vie, il va se consacrer à une «Mystique de la Bible» en 360 tableaux qu'il tente vainement d'exposer à Paris et qu'il finit par présenter à Londres en 1928 aux Grafton Galleries. Persécuté durant la Seconde Guerre mondiale, il est obligé de quitter son atelier. Il met fin à ses jours le 20 avril 1949, oublié de tous.