Pierre BONIROTE (1811-1891), Paysage animé (1876)

Signé en bas à gauche. Avec cadre. Huile sur toile.

Ce tableau de Pierre Bonirote présente une vaste scène de montagne, baignée d’une lumière claire et sereine. Au premier plan, deux figures féminines, vraisemblablement des paysannes, sont assises sur un talus herbeux. Leurs vêtements colorés contrastent avec la douceur du paysage, ajoutant une touche de vie et d’intimité à la scène. À l’arrière-plan, une vallée s’étend vers une chaîne de montagnes majestueuses sous un ciel bleu parsemé de nuages lumineux. L’ensemble est encadré d’une végétation abondante, de rochers et de pins, témoignant d’une nature à la fois sauvage et accueillante.

Bonirote organise la composition selon une diagonale qui guide le regard du spectateur du coin inférieur gauche (où se trouvent les personnages) vers la profondeur du paysage, jusqu’aux sommets montagneux. Ce choix de cadrage, typique de la peinture de paysage du XIXe siècle, permet de mettre en valeur la grandeur de la nature tout en intégrant une scène de vie quotidienne.

La palette est dominée par des verts, des bleus et des ocres, avec des touches de rose et de bleu sur les vêtements. La lumière, douce et diffuse, évoque un moment de calme, probablement en fin de journée ou au petit matin. Les nuages sont traités avec délicatesse, apportant une dimension atmosphérique qui accentue la profondeur du paysage.

Pierre Bonirote, dont l'œuvre éclectique explore divers genres, mérite une reconnaissance particulière en tant que paysagiste pour ses nombreuses représentations de l'Italie et de la Grèce, tout en s'inscrivant également dans le courant de l'école orientaliste.

Élève à l'École des Beaux-Arts de Lyon dans la classe de Pierre Révoil, il remporte le Prix de peinture en 1832. Lors de son séjour à Rome en 1836, il parcourt toute la péninsule italienne, accumulant esquisses et impressions. C'est à cette époque qu'il rencontre Ingres, Flandrin et, surtout, la Duchesse de Plaisance, qui lui confie en 1840 la fondation et la direction d'une École de peinture à Athènes, qu'il dirige pendant trois ans.
Tout comme en Italie, il réalise de nombreuses études sur le motif, souvent à la sépia ou à l'aquarelle, représentant des paysages et des monuments locaux. Il s'intéresse également aux découvertes archéologiques de l'époque, qu'il transpose dans de charmantes toiles où il anime des scènes peuplées de figures pittoresques et colorées. Son œuvre devient ainsi une source documentaire précieuse pour la connaissance de l'architecture classique et pour l'état de sa conservation à l'époque.

Sa technique se caractérise par une manière onctueuse, où il travaille habilement les ocres et les blancs, auxquels il ajoute des touches de couleurs riches, notamment pour les vêtements. En quelques coups de pinceau chauds et lumineux, il parvient à structurer ses compositions avec fluidité. Sa peinture, très proche de celle de Chassériau, se distingue par sa vivacité et sa finesse. Il a également peint des paysages du Lyonnais, témoignant de son attachement à sa région d'origine. Il a exposé ses œuvres au Salon de Lyon de 1833 à 1892 et au Salon de Paris de 1842 à 1870.