Les Lilas du voisin – dessin d'après son tableau du Salon de 1878
Graphite et rehauts de craie blanche sur papier bleu
26,2 x 15 cm
Signé et daté, au crayon, en bas à gauche : « H. Viger. 1879 »
Titré au verso, au crayon : « Les Lilas du voisin »
Très bon état de conservation
Montage d'un encadrement précédent
Sans cadre
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Disciple de certains des plus beaux peintres académiques de la première moitié du XIXe siècle, soit Martin Drölling, Paul Delaroche et Henri Lehmann, Hector Viger (1819 – 1879) est un artiste oublié ou trop méconnu, bien qu'ayant exposé au Salon presque chaque année depuis 1845 jusqu'à 1878. Sa peinture a su charmer son époque avec des tableaux essentiellement historiques (épisodes de la vie sous le Premier Empire) ou religieux, mais parfois, comme ici, avec des scènes de genre délicates de la vie quotidienne.
Ici, un moment au cœur du printemps, où le spectacle des lilas du voisin, qui débordent du mur d'enceinte et qui charment par leur couleur et leur parfum, devient si irrésistible qu'il suffit de gravir une échelle pour en voler un brin, ou deux, ou même tout un bouquet.
Le dessin se fait très délicat. L'artiste utilise le ton du papier bleu pour faire monter ses volumes à l'aide du crayon et de très légers rehauts de craie blanche. Tout est d'une maîtrise très raffinée, l'ombre de l'échelle, la courbe du bras, l'élan de la nuque et la chevelure de cette jeune épicurienne. Au premier plan, à droite, l'artiste se permet même une légère abstraction, un mouvement plus rapide du crayon, pour figurer un buisson, ou peut-être le vent dans les herbes du printemps.
Un beau dessin sur papier bleu, très bien conservé, qui de plus permet de connaître la composition d'un tableau exposé au Salon de 1878, pour le moment non localisé. L'artiste, mort en 1879, la même année que notre dessin (et qu'il a donc exécuté en souvenir de la peinture), a composé là une de ses plus délicates toiles, et donc son plus délicat dessin.
Un beau résultat récent chez Osenat permet de comparer à la fois le style du dessin, ainsi que la signature et la cote de notre artiste : https://www.osenat.com/lot/129640/19885560-louis-victor-viger-du-vingeau
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extrait de l'introduction au catalogue de la vente de l'atelier d'Hector Viger, après le décès de sa veuve en 1894.
Notice par l'historien de l'art Albert Troude :
« On a accusé de sécheresse la manière de Viger. Je la trouve simplement précieuse. Cet homme, même dans ses conception les plus larges, est resté miniaturiste et c'est ce qui donne un véritable attrait à ses tableaux de genre, où l'on découvre, en les regardant avec soin, des qualités de modelé et de dessin, des finesses de touche que l'on n'y soupçonnait pas tout d'abord. En résumé, ces œuvres n'attirent pas mais retiennent le spectateur, et ce n'est pas un mérite vulgaire.
Je ne puis mieux clore ces quelques lignes qu'en disant que Viger fut un modeste, un timide, vivant dans sa maisonnette perdue sous les lilas et les clématites, loin des intrigues et des calculs, trouvant le bonheur dans la compagnie de sa femme et de quelques amis, heureux de peindre sans cesse et toujours, jusqu'au moment où, la palette et les pinceaux à la main, il tomba foudroyé par une congestion. »