Informations généalogiques de la famille Langlois du pont de l'Arche...
Eustache Hyacinthe LANGLOIS, Artiste Peintre 1777-1837
Professeur à l’école de Beaux-Arts de Rouen
Jeanne Louise Josèphe GERMAIN ca 1785-
Fratrie
F Espérance Bourlet de La Vallée LANGLOIS, Artiste Peintre 1805-1864 Mariée vers 1835 avec Jean Adrien BOURLET DE LA VALLÉE, Avocat 1811-
H Polyclès LANGLOIS, Artiste Graveur 1813-1872
Grands parents paternels, oncles et tantes
H André Gérard LANGLOIS, Garde Marteau ca 1745- mariés (1775)
F Marguerite Germaine LE BRETON ?1755-
Relations
Père nourricier : H Eustache Hyacinthe LANGLOIS, Artiste Peintre 1777-1837
Notes
Notes individuelles
Polyclès Langlois, né à Pont-de-l'Arche (?), 1813 et mort à Rouen (?) en 1872, est un graveur, dessinateur et peintre français, fils et élève d'Eustache-Hyacinthe Langlois.
LANGLOIS Eustache-Hyacinthe
Eustache-Hyacinthe Langlois du Pont de l’Arche, né le 3 août 1777 à Pont-de-l’Arche et mort le 29 septembre 1837 à Rouen, est un peintre, dessinateur, graveur et écrivain français.
Eustache-Hyacinthe Langlois (né à Pont-de-l’Arche le 3 août 1777 – décédé à Rouen en 1837) fut un artiste et écrivain qui mit son art au service de la mise en valeur du patrimoine médiéval normand.
Jeunesse à Pont-de-l’Arche
Eustache-Hyacinthe Langlois naquit à Pont-de-l’Arche où son père, officier royal, exerçait la profession de garde marteau des Eaux et forêts du bailliage de la ville. Porté vers le dessin, E.-H. Langlois réalisa à Pont-de-l’Arche ses premiers croquis de personnages et de sites pittoresques. On aime à penser que le patrimoine médiéval de la cité n’est pas étranger à l’éclosion du goût des antiquités dans l’âme de l’artiste. Né en 1777, la Révolution française rendit caduques les ambitions professionnelles que le père de E.-H. Langlois avait pour son fils. C’est pourquoi, notre homme put assouvir sa passion pour l’art…
L’artiste
Ayant suivi sa propension E.-H. Langlois devint l’élève de M. Rau de Saint-Martin, en 1793, puis de Jacques-Louis David, à Paris. Après cela, il s’exerça à la gravure sur bois. Son style, précis et rigoureux, convenait parfaitement à des travaux documentaires. C’est ainsi qu’il réalisa plus de 1000 gravures, dessins et croquis sur des bâtiments d’intérêt historique, des sculptures, des vitraux, du mobilier… et ce principalement sur la Normandie médiévale. Donnant lui même des leçons, il devint professeur à l’école des Beaux-arts de Rouen.
« Antiquaire et archéologue »
On a pu dire sans abus que E.-H. Langlois était un antiquaire et archéologue. On entendait alors par « archéologue » toute personne à la fois éprise d’études de l’histoire par les textes mais aussi par le mobilier dont nous héritons. L’archéologue était celui qui s’intéressait, de plus, à un passé bien plus lointain ; qui exhumait l’histoire grâce aux ruines. L’archéologie ne signifiait pas encore la science très rigoureuse que nous connaissons de nos jours.
La précision de ses dessins lui ont permis de peaufiner des études locales mais aussi de réaliser des travaux plus généraux et notamment les vitraux. L’architecture gothique aussi a passionné notre homme qui passe pour être l’inventeur de l’expression « gothique flamboyant » qui désigne le stade ultime du gothique où les sculptures sont les plus riches qui prennent, parfois, les courbes ondulées de flammes.
Hyacinthe Langlois devint, grâce à sa connaissance du patrimoine et la conscience de sa fragilité, l’instigateur de création du musée des Antiquités de Rouen. Il en fut le premier directeur. Il participa à l’entretien de la cathédrale de Rouen, qui menaçait de s’écrouler.
Le catholique fidèle
D’après le témoignage de ses contemporains, mais aussi en lisant les nouvelles qu’il a rédigées, on peut mesurer combien E.-H. Langlois fut fidèle à ses convictions catholiques : pauvreté, humilité, défense des valeurs religieuses… Cette foi colla d’ailleurs très bien à la vie du personnage qui demeura pauvre tout sa vie ; l’argent n’avait pas grande importance pour lui, contrairement à ce que pensait sa femme, qui l’appauvrit ainsi que leurs enfants.
La foi catholique de E.-H. Langlois ne l’empêcha pas de fréquenter des républicains avancés tels que Jacques-Louis David et Jacques Dupont de l’Eure. Il semble que notre homme jugeait plus les gens sur leurs actes que sur leurs dires. Sa société érudite et cordiale plaisait à beaucoup de monde.
L'écrivain « préromantique »
Si la Révolution française a donné à E.-H. Langlois la liberté de pratiquer son art au point d’en faire sa profession, elle a jeté dans son âme un trouble certain. Comme beaucoup de romantiques, notre homme conserva le pieux souvenir de sa jeunesse où ses joies d’enfant étaient bercées sous le soleil du Monarque de droit divin... Cette idéalisation est accompagnée du rejet de l’anticléricalisme qu’ont pu connaître certains moments de la Révolution.
Sensible, touché par un certain mal être, il formula ses émotions par les thèmes médiévaux les plus romantiques, même dans ses aspects les plus noirs tels que la danse macabre, sculpture de l’ancien cimetière de l’aître Saint-Maclou, le grotesque des « miséricordes », ou le tombeau des Énervés de Jumièges. Ainsi ses écrits sont, le plus souvent, nostalgiques, tournés vers la mort et campent un paysage médiéval très propice à l’expression du désarroi si caractéristique du mouvement romantique qui va éclore vers la fin de la vie de Hyacinthe Langlois.
Postérité
E.-H. Langlois sensibilisa de nombreux artistes et chercheurs à l’étude du Moyen Âge alors que l’Antiquité faisait – presque – l’unanimité. De ce fait, il contribua à la préservation des vestiges de l’époque médiévale, qui passaient alors pour des ruines bonnes à être rasées ou à laisser s'écrouler. Il participa à la sensibilisation culturelle d'une nouvelle génération de chercheurs tels qu'Arcisse de Caumont autour de l'héritage architectural. Son influence se poursuit d’ailleurs grâce aux illustrations qui font référence dans certaines recherches. Il aurait servi de modèle à Jacques-Louis David pour le Romulus de « L’Enlèvement des Sabines ». Deux de ses enfants vécurent un peu de l’art enseigné par leur père : Polyclès et Espérance Langlois. Ils travaillèrent à la manufacture de Sèvres mais n’eurent pas le talent de leur père.
Une tombe monumentale se trouve toujours au cimetière monumental de Rouen. Elle porte un médaillon, de Pierre-Jean David, dit David d'Angers, offert en 1838 à la ville de Rouen, par le comité de souscription au monument Langlois. Il porte cette inscription : « À E.-H. Langlois né à Pont-de-l’Arche le 3 août 1777, peintre, graveur, archéologue, la Normandie reconnaissante. »
Une copie de ce médaillon fut apposé sur sa maison de naissance à Pont-de-l’Arche (boulangerie du bas, rue Alphonse-Samain).
Un buste en bronze fut placé à Pont-de-l’Arche sur la place Hyacinthe-Langlois de 1868 à 1941. Il donna l’envie à Léon Levaillant de Duranville d’étudier l’histoire de la ville dont Hyacinthe Langlois est resté fier durant toute sa vie. C’est ainsi que commença l’étude de l’histoire de Pont-de-l’Arche.
Une rue porte son nom ainsi qu’arrêt de bus à Bihorel.
Le père de Langlois, garde-marteau1 dans l’administration des eaux et forêts, le destina à la carrière administrative, mais les événements de la Révolution vinrent tout à la fois s’opposer aux intentions du père par la perte de sa fortune, et servir celles du fils qui, dès le plus jeune âge, avait manifesté un goût très vif pour la culture des arts. À peine la Révolution avait-elle éclaté qu’elle abolit les anciennes institutions ; l’École Militaire fut remplacée par l’École de Mars et le jeune Langlois fut désigné dans sa commune pour en faire partie.
Le métier des armes avait peu d’attraits pour Langlois qui, fidèle à ses premières inspirations, consacra à l’étude du dessin tous les instants qu’il pouvait dérober aux exercices militaires. La fermeture de l’École militaire, en octobre 1794, lui donna enfin la liberté de suivre son penchant pour les arts. Admis, en 1798, comme élève chez le peintre d’histoire, Lemonnier, il passa ensuite à l’école de David, dans laquelle il s’adonna surtout au dessin et à la gravure à l’eau-forte. Un moment compromis avec sa famille, à la suite des dissensions de l’époque, il fut incarcéré sur de fausses dénonciations et ne dut sa liberté qu’à la caution de l’ami de son père Dupont de l’Eure. À peine commençait-il à profiter de la liberté qu’il venait de retrouver, en se livrant avec plus d’ardeur à ses activités de prédilection, que la loi Jourdan-Delbrel l’obligea à partir faire son service militaire. Heureusement, une circonstance lui ayant permis de faire partie d’un conseil de guerre, qui le rapprochait de Paris, il sut profiter de cette occasion pour solliciter et obtenir, grâce à la protection de l’impératrice Joséphine, son congé2.
Libéré de ses obligations militaires, il revint dans la capitale où il resta pendant plusieurs années, se liant avec un grand nombre d’artistes et de gens de lettres qui lui procurèrent des travaux. À partir de 1806, le désir de revoir son pays, qu’il avait quitté fort jeune, l’engagea à retourner à Pont-de-l’Arche qu’il habita, ainsi que ses environs. Le peu de travaux qu’il obtenait suffisant à peine pour soutenir sa famille nombreuse, il vint, dix ans plus tard, louer un logement à Rouen, dans l’ancien couvent Sainte-Marie. Il vécut dans cette ville dans un état voisin de la misère, manquant souvent des choses les plus nécessaires à la vie. En 1827, la duchesse de Berry étant venue visiter Rouen et ses monuments, Langlois fut désigné par le préfet pour l’accompagner dans sa visite et il sut lui inspirer tant d’intérêt par la variété de ses connaissances que la princesse lui fit obtenir en 1828 la place de professeur de l’École de dessin et de peinture de Rouen, où il exerça « une influence considérable sur les artistes de la région ».
Depuis son établissement à Rouen, quoique souvent pressé par la nécessité de pourvoir aux besoins de sa famille, Langlois n’avait cessé d’employer ses loisirs à la composition de quelques ouvrages d’archéologie ou de gravure. Nul plus que lui n’était instruit de l’histoire monumentale et des usages du Moyen Âge, que sa maison était devenue en quelque sorte le rendez-vous des artistes et des amateurs étrangers et nationaux ; c’était un centre d’instruction, un foyer où chacun venait puiser comme à leur source, les notions sur ce que Rouen et la Normandie renfermaient de curieux. Ayant été le témoin, au cours de ses études à Paris, des actes de vandalisme dont la capitale et les départements avaient souffert pendant la Révolution, Langlois se voua désormais à l’étude des monuments du Moyen Âge qui avait tant de charmes pour lui. Il fit son début en archéologie avec son Recueil de quelques vues de sites et monuments de la France et de la Normandie, etc., in-4°, Rouen, 1817. Il fit rénover l’abbaye de Saint-Wandrille et la passion pour l’archéologie dont il était animé était si vive que la destruction d’un monument était pour lui un sujet d’affliction et de douleur. Ainsi, lorsque la flèche de la cathédrale de la ville fut incendiée par la foudre, le 15 septembre 1822, les Rouennais le virent monter, à moitié habillé, sur le faite de sa maison, pour attacher ses regards sur les débris enflammés et, le crayon à la main, en tracer les effets sur le papier.
Épuisé par de longs travaux et plus encore par les veilles qu’il consacrait principalement à ses ouvrages d’érudition, Langlois sentait sa vue et ses forces s’affaiblir de jour en jour. Ces premiers symptômes se renouvelèrent d’une manière très grave le jour où il accompagna le duc et la duchesse d’Orléans dans leur visite de la cathédrale et des autres monuments de Rouen. En sortant du dîner donné à cette occasion à la préfecture, il se sentit indisposé, se plaignit de ne plus voir d’un œil, ou de voir trouble, et dit au rédacteur de la Revue de Rouen, qui lui demandait des nouvelles de sa santé : « Mon cher Richard, c’est fini ; vous pouvez tailler votre plume. » Sa vue s’affaiblissant de plus en plus, il lui fallut renoncer à tout travail. Dès ce moment, il se crut perdu ; c’était les indices d’une extinction totale de la vue, ce qu’il redoutait par-dessus tout. Bientôt, une hémorragie s’étant déclarée, l’idée d’une mort prochaine s’empara tellement de son esprit qu’il l’appelait et la désirait comme le terme de ses souffrances. Malgré les soins qui lui furent prodigués, il succomba, laissant plusieurs enfants parmi lesquels sa fille aînée, Espérance Bourlet de la Vallée, compagne de ses travaux et héritière de ses talents, et son fils Polyclès Langlois du Pont de l'Arche, qui ont tous deux continué son métier.
Maniant tout à la fois la plume, le crayon et le burin, Langlois était à la fois artiste, archéologue, dessinateur et graveur. Les ouvrages qu’il a publiés sur les monuments de la Normandie et sur divers sujets d’arts attestent la richesse et la variété de ses connaissances. Il prit également une part très active à toutes les publications rouennaises. Le nombre des dessins et des planches qu’il a produits, soit pour la librairie, soit pour des amateurs, est considérable. Tous ces travaux prouvent la fécondité de sa verve, son heureuse et rare facilité d’exécution. Ses planches se font principalement remarquer par l’extrême finesse, la souplesse et la pureté du trait, ainsi que par la touche spirituelle des petites figures qui les animent. Il réalisa des dessins pour Dawson Turner et Thomas Frognall Dibdin. Baudelaire envisagea de s'inspirer d'une des planches de son essai sur les Danses des morts pour l'illustration en frontispice de la deuxième édition des Fleurs du mal.
Langlois faisait partie d’un grand nombre d’académies nationales et étrangères. En 1820, il devint membre de la Société libre d’émulation de la Seine-Inférieure, puis, en 1824, de l’Académie de Rouen. Il était de la Société royale des Antiquaires de France. Il avait été nommé membre de la Légion d'honneur en 1835.
À peine Langlois avait-il rendu le dernier soupir qu’une souscription fut spontanément ouverte et remplie pour l’érection d’un monument sépulcral au cimetière monumental de Rouen où il repose3. Ses nombreux amis s’associèrent pour la plupart à cet hommage, et un tombeau à sa mémoire, surmonté d’une pierre druidique trouvée dans la forêt de Rouvray, auquel avait été incrusté son médaillon en bronze donné par le sculpteur David d'Angers, au-dessous duquel était placée l’épitaphe, fut érigé. Le collège Hyacinthe-Langlois, situé à Pont-de-l’Arche, a été nommé d’après lui.
Peintre, professeur à l'école de dessin et peinture de Rouen, illustrateur, auteur de caricatures, de vignettes et de cartes de commerce
Autres activités
Historien de l'art normand médiéval
Sujets d'étude
Monuments de Normandie, calligraphie des manuscrits, danses des morts, langue, contes et légendes vernaculaires de Normandie
Carrière
1793 : envoyé à Paris, à l'École de Mars
1793 : élève de Jacques-Louis David
1794 : conscrit à l'École de Mars
1798 : élève d'Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier, avec qui il ne s'entend pas
1798 : retour chez David
1816 : fixé à Rouen ; remarqué pour ses illustrations, qui le font surnommer le « Callot normand »
1824 : membre de la Société des antiquaires de Normandie, à Caen ; membre de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen ; correspondant de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Eure
1828 : nomination en qualité de professeur de dessin et de peinture à l'École municipale de dessin de Rouen (sur intervention de la duchesse de Berry) : parmi ses élèves, Célestin Nanteuil (1813-1873), Frédéric Legrip (1817-1871) et Gustave Flaubert (1821-1880)
1830 : membre de la Société des antiquaires d'Écosse (Édimbourg)
1833 : président de la Société d'émulation de Rouen (succède à M. Jean Achille Deville)
1837 : direction du musée des Antiquités de Rouen
Chevalier de la Légion d'honneur (1835)
Étude critique
De son propre aveu d'une « sensibilité extrêmement exaltée », Eustache-Hyacinthe Langlois tire de sa foi son ardeur à défendre le patrimoine. Par ailleurs, son esprit satirique éclate dans ses caricatures : Vanitas Vanitatum, une Dame à sa toilette, inspirée des cartons de Johann Heinrich Füssli et des Pendus de Francisco de Goya, qui le fit surnommer le « Callot normand » ; et en frontispice de son ouvrage sur les danses des morts, une jeune fille, telle sortie des crayons d'Achille Devéria, se pare, entourée de séducteurs-squelettes.
Lors de la Révolution, son père André-Girard, Conseiller du roi et Maître des Eaux et Forêts, avait dû émigrer, entraînant des poursuites contre sa famille : Langlois, incarcéré, ne dut sa liberté qu'à Jacques Charles Dupont de l'Eure. À l'École de Mars, il haït Robespierre et son éducation des jeunes « à la brochette […] pour s'en faire le plus énergique appui de sa dictature ». Conscrit, il fut libéré grâce à Charles Percier et Jean-Baptiste Isabey, et Alexandre Lenoir, « un de [ses] plus anciens et meilleurs amis », obtint de Joséphine de Beauharnais son congé définitif. Après avoir souffert la Révolution, l'exil, l'emprisonnement et la conscription, ses partis pris clairement chrétiens et anti-révolutionnaires vont sous-tendre son œuvre. Dans ses écrits et dessins soufflait l'esprit romantique de la France de Jean Taylor et Charles Nodier, et il en traçait un tableau nuancé : « […] les légendes populaires d'antique origine se sont, en grande partie, effacées et perdues devant de plus graves et plus véridiques récits. Il n'est guère aujourd'hui de foyer rustique où l'on n'entende raconter, au lieu de magiques histoires d'apparitions et de revenants, les pompeuses annales de nos victoires et les merveilleux exploits du héros d'Austerlitz. Nos excursions armées à travers tant de climats divers, nos guerres si longues et si meurtrières, ont fait pénétrer l'habitude et le goût des préoccupations politiques jusque sous le chaume ; et là, d'ailleurs, il est peu de chefs de famille qui ne se soient fait un répertoire d'événements dans lesquels leur louable et naïf orgueil se complaît à s'attribuer quelque portion de gloire. Cependant, si l'amour du merveilleux déserte nos campagnes, en revanche, il se propage dans nos villes, où l'on semble s'efforcer, pour ainsi dire, de devenir simple et crédule comme nos anciens paysans, tant on est lassé de ce que le positif a de sec et de désolant. »
Langlois offre un cas assez rare de dessinateur écrivain – Philippe de Chennevières le rapproche en cela des peintres Adrien Sacquespée et Jean de Saint-Igny. Il avait reçu les conseils, dès 1786, d'Alexandre Pau de Saint-Martin, logé chez ses parents pour « recueillir des études parmi les beaux sites des environs ». Puis il entra dans l'atelier de Lemonnier, et enfin chez David. Charles Richard, un de ses amis, le décrit aux traits fins, « ses yeux vifs, sa bouche un peu dédaigneuse et caustique portaient l'empreinte de son esprit, de son intelligence et de sa noble fierté. Sa stature était si parfaite que David, son maître, le fit poser pour le Romulus de l'admirable tableau des Sabines ». En 1816, il retourna à Rouen, où, au sein des sociétés savantes, il allait se dévouer à la défense du patrimoine normand : « ce pauvre et grand Langlois, dont la vie s'est usée dans un sentiment si profond du génie de cette Normandie qu'il idolâtrait … » (Philippe de Chennevières, Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France, 1847-1862). Lucide cependant, quand il dénonce le vandalisme, ce n'est pas tant celui de la Révolution que celui de ses contemporains bâtisseurs : il parle de mutilation, vandalisme, sacrifice ostrogoth… En chrétien, il prend la défense des lieux saints, stigmatise la mode de tout badigeonner et la manie de vendre « d'autorité privée pour se pourvoir d'objets plus utiles au culte… »
En 1823, il s'était fait remarquer par sa Notice sur l'incendie de la cathédrale de Rouen : d'un simple rapport au roi, il avait fait une étude complète. En 1838, sa bibliothèque, vendue, révéla ses intérêts : philosophie occulte, poèmes médiévaux, théâtre ; romans et facéties dont Érasme, devises, emblèmes et proverbes dont Alciat ; mélanges, voyages dont Spon, histoire dont Montfaucon ; numismatique, héraldique et maintes brochures sur la Normandie. Il possédait en outre le manuscrit inédit de Théséus, fils de Floridas, roi de Coulogne, dont on tira le sujet d'un vitrail. Langlois, bien documenté, citait ses prédécesseurs, Alexandre Brongniard, P. Robert, Charles Le Normand, Albert Lenoir, Ludovic Vitet, Sulpice Boisseré « dans sa magnifique publication sur la cathédrale de Cologne » et limitait modestement son rôle à les compléter : dans son ouvrage sur le vitrail, il développa peu l'étude de la technique et l'historique, car Pierre Le Viel les avait étudiés avant lui. Il préfère s'adresser aux amateurs et donner vie aux monuments grâce aux textes vernaculaires. Pour illustrer une légende, il recherche les sources, l'historique, les fêtes et cérémonies, poèmes et chansons. Il émaille son étude de la Divination par la clef par la description d'un vitrail de la légende de saint Julien l'Hospitalier. Pour Les Énervés de Jumièges, il publie le Miracle de sainte Bauteuch d'après un manuscrit inédit de la bibliothèque royale ; sa notice sur les stalles de la cathédrale de Rouen s'anime du Lay d'Aristote du trouvère normand Henry d'Andely. Sur les tombeaux gallo-romains et sur les danses des morts, il relève les lettres fort anciennes, et ses dessins demeurent, avant la photographie, la plus fiable des descriptions. Le précis Flaubert, son élève à l'école de dessin, en témoigne : « J'ai écrit (en trois jours) une demi-page du plan de la Légende de saint Julien l'Hospitalier. Si tu veux la connaître, prends l'essai sur la peinture sur verre, de Langlois […] » (1875 ), « cette illustration me plaisait précisément parce que ce n'était pas une illustration, mais un document historique » (1879). Langlois créa également : Le Sacristain de Bonport est une légende de sa main et à la fin de son ouvrage sur les danses des morts, il traça une danse mêlant le fantastique médiéval à une frise quasiment néo-classique, proche des ouvrages macabres de Jacques Gamelin. Il fut « le grand popularisateur en Normandie de l'archéologie du Moyen Âge. Ses eaux-fortes et ses dessins, parlant aux yeux de tous, des gens de goût et de la foule, ont plus fait pour les doctes mémoires des sociétés savantes pour le respect et le salut des monuments de sa province, salut qu'il prêchait d'ailleurs par ses démarches infatigables et de si hauts cris d'alarme. Dans ses écrits, il court un souffle de passion pour l'art, de piété pour le passé, qui les met à cent piques au-dessus de dissertations plus réglées, et vous entraîne, par amitié pour l'homme, dans les régions confuses où fouille le chercheur vagabond, j'allais dire le poète. La grande puissance de Langlois, c'est l'imagination » (Philippe de Chennevières, Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France, 1847-1862). Son ami Charles-Victor-Louis Richard, archiviste municipal de Rouen, puis préfet du Finistère, affirme qu'« il a donné, le premier, en Normandie, l'exemple de rendre l'archéologie amusante ».
Langlois seconda Achille Deville lors de la création du musée d'Antiquités, et en resta le conservateur jusqu'à sa mort. Professant à l'école de dessin, il donna ses Remarques sur l'ancien état des arts dans Rouen, et sur l'école de dessin de cette ville en 1830, où il estimait que l'école flamande avait exercé dans Rouen une grande influence aux XVIe et début XVIIe siècles. Il suivait aussi l'actualité des Salons de Paris, citant dans son ouvrage sur le vitrail les nouveaux vitraux présentés en 1829 et 1831 pour les Orléans. Intime des artistes de la région, Louis Garneray, Hippolyte Bellangé, Jean Edmé Pascal Martin Delacluze, Alexis de Malécy et de Charles Sauvageot le collectionneur, il offrit l'hommage de leur portrait à quelques gens de lettres, reçut la visite de Thomas Frognall Dibdin, Robert Shelton Mackensie, Walter Scott, et eut maints correspondants étrangers. Fondateur et collaborateur de la Revue de Rouen, il organisa également la Société des amis des arts. Enfin, il rendit hommage à son fameux prédécesseur dans un dessin à la plume, Portrait de Nicolas Poussin, gravé par Lous-Henri Brevière (société d'émulation de Rouen). « Langlois fut plutôt un curieux qu'un artiste, il eut beau étudier parmi les Dix-Mille de David et poser pour le Romulus, peindre des gouaches et des aquarelles, il resta, toute sa vie, et restera pour nous le dernier venu et non le moins adroit des élèves de Callot et d'Israël Silvestre » (Philippe de Chennevières, Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France, 1847-1862).
Claudine Lebrun-Jouve, historien de l'art
Principales publications
Ouvrages et catalogues d'expositions
De la spoliation et du dégât des monuments religieux. Rouen : impr. de D. Brière, s. d.
Recueil de quelques vues de sites et monuments de France, spécialement de Normandie, et des divers costumes des habitants de cette province... Rouen : impr. de F. Mari, 1817.
Notice sur l'incendie de la cathédrale de Rouen, occasionné par la foudre le 15 septembre 1822, et sur l'histoire monumentale de cette église. Rouen : impr. de F. Baudry, 1823.
Mémoire sur la peinture sur verre et sur quelques vitraux remarquables des églises de Rouen... lu à la séance publique de la Société libre d'émulation de Rouen du 9 juin 1823. Rouen : impr. de F. Baudry, 1823.
Essai historique et descriptif sur l'abbaye de Fontenelle ou de Saint-Wandrille et sur plusieurs autres monuments des environs. Paris : Leclercq, 1827.
Mémoire sur des tombeaux gallo-romains découverts à Rouen dans le cours des années 1827 et 1828... Rouen : impr. de F. Baudry, 1829.
Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre ancienne et moderne et sur les vitraux les plus remarquables de quelques monuments français et étrangers, suivi de la biographie des plus célèbres peintres-verriers. Rouen : E. Frère, 1832.
Hymne à la cloche. Rouen : impr. de F. Baudry, 1832.
Discours sur les déguisements monstrueux dans le cours du Moyen Âge et sur les fêtes des fous. Rouen : F. Baudry, 1833 (envoi à M. Flaubert père).
La Feste aux Normands. Rouen : N. Périaux, 1833.
Notice sur l'abbaye de Saint-Amand à Rouen. Rouen : N. Périaux, 1834.
Souvenirs de l'École de Mars et de 1794. Rouen : impr. de F. Baudry, 1836.
Stalles de la cathédrale de Rouen. « Avec une notice sur la vie et les travaux de E.-H. Langlois » par Ch. Richard... Rouen : N. Périaux, 1838.
Essai sur les énervés de Jumièges et sur quelques décorations singulières des églises de cette abbaye, suivi du Miracle de sainte Bautheuch, publié pour la première fois. Rouen : E. Frère, 1838.
Notice historique et monumentale sur l'église de Saint-Ouen de Rouen. Rouen : E. Legrand, 1838.
Essai sur la calligraphie des manuscrits du Moyen Âge et sur les ornements des premiers livres d'heures imprimés. Rouen : I.-S. Lefèvre, 1841.
Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts, suivi d'une lettre de M. C. Leber et d'une note de M. Depping... Ouvrage complété et publié par M. André Pottier... et M. Alfred Baudry. Rouen : A. Lebrument, 1852, 2 vol.
Articles
Du camp de César ou cité de Limes, monument voisin de la ville de Dieppe, de P.-J. Feret, extrait du mémoire et rapport lu à la Société libre d'émulation de Rouen, dans la séance publique du 9 juin 1825, par M. E.-Hyacinthe Langlois. Dieppe, Marais, 1825.
« Remarques sur l'ancien état des arts dans Rouen, et sur l'école de dessin de cette ville ». Revue Normande, t. I, 1830, p. 503-526.
« Note sur les anciennes forteresses de Rouen, particulièrement celle appelée le Vieux-Château ». Société d'émulation de Rouen, 1831, p. 102-106.
« Rouen au XVIe siècle et la danse des morts au cimetière de Saint-Maclou ». Société d'émulation de Rouen, 1832, p. 42-130.
« Le Château de la Salinière ». Revue de Rouen, septembre 1833.
« L'Abbaye de Jumièges ». La France catholique, 15e livraison, 2e année, 1834.
« Notice sur la Croix-de-Pierre à Rouen ». Revue de Rouen, 1834, p. 173-177.
« Remarques sur les miniatures et ornements calligraphiques des manuscrits de l'Antiquité et du Moyen Âge ». Revue de Rouen, 1835, p. 321-351.
« La Croix-Sablier ». Revue de Rouen, 1835, p. 306-312.
« Le Curé des bruyères d'Oisy, ou l'abbé fou ». Revue de Rouen, 1835, p. 233-239.
« Fragments de correspondance de E.-H. Langlois ». Revue de Rouen, 1838, p. 5-19.
« Le Sacristain de Bonport, légende fantastique ». Revue de Rouen, 1847, p. 12-16.
Illustrations
Barbazan Étienne. – Fabliaux et Contes des poètes françois des XIe, XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles, tirés des meilleurs auteurs publiés par Barbazan. Nouv. éd. : Paris : B. Warée oncle, 1808, 4 vol.
Roquefort-Flaméricourt Jean-Baptiste-Bonaventure (de). – Glossaire de la langue romane. Paris : B Warée oncle, 1808, 2 vol.
La Quérière Eustache (de). – Description historique des maisons de Rouen les plus remarquables par leur décoration extérieure et par leur ancienneté… Paris : F. Didot, 1821-1841, 2 vol.
Dupias Alexandre fils. – Alain Blanchard, citoyen de Rouen, tragédie en trois actes. Rouen : impr. de N. Périaux jeune, 1826.
Virgile. – Les Bucoliques de Virgile, trad. en vers français par Achille Deville (Portrait de Virgile). Rouen : impr. de N. Périaux le jeune, 1828.
Floquet Amable. – « Remarques sur la châsse de saint Romain, vulgairement appelée la Fierte ». Histoire du privilège de saint Romain. Rouen : E. Le Grand, 1833, p. 573-587.
Bibliographie critique sélective
Richard Charles-Victor-Louis. – « Notice sur la vie et les travaux de E.-H. Langlois ». In Eugène-Hyacinthe Langlois, Stalles de la cathédrale de Rouen. Rouen, 1838.
Institut royal de France. – Funérailles de M. Langlois. Discours de L. Lebas prononcé le 30 décembre 1838.
Dieusy Alfred. – Album de dessins de Langlois du Pont de l'Arche, gravés par J. Adeline, Le Fèvre et Bracquemond. Rouen, (1838) 1885.
Richard Charles-Victor-Louis. – Notice sur la vie et les travaux de E.-H. Langlois. Rouen, 1838.
Gilbert Antoine-Pierre-Marie. – Notice biographique sur E.-H. Langlois. Paris, 1838.
Raoul-Rochette. – Notice sur la vie de M. Langlois. Paris : Académie des beaux-arts de France, 2 octobre 1847.
Chennevières-Pointel Charles-Philippe (de). – Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France. Paris : Dumoulin, 1847-1854, p. 246, 273, 279, 2 vol.
Hoefer Ferdinand. – Nouvelle Biographie universelle. Paris : Firmin Didot frères, 1852.
Lebreton Théodore-Éloi. – Biographie normande. Rouen : A. Le Brument, 1857-1861, 3 vol.
Frère Édouard – Manuel du bibliographe normand. Rouen : A. Le Brument, 1858-1860, 2 vol.
Œuvres diverses de Langlois père et fils recueillis [sic] par un amateur de Rouen. Paris, 1875.
Champfleury (dit) [Husson Jules]. – Les Vignettes romantiques : histoire de la littérature et de l'art 1825-1840. Paris : E. Dentu, 1883, p. 199-203, ill. p. 205.
Katalog der Bildniszeichnungen Kupferstiche-Kabinet. Dresdes, 1911.
Coutil, Léon – « E.-H. Langlois ». La Revue normande, 1924, p. 152-153.
Bellier de la Chavignerie Émile et Auvray Louis. – Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours. Paris : Librairie Renouard, 1882-1885.
Bénézit Emmanuel. – Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Paris : Gründ, 1976, t. VI, p. 431-432.
Beraldi Henri. – Les Graveurs du XIXe siècle : guide de l'amateur d'estampes modernes. Paris, 1889, IX.
Schidlof Leo. – Bildnissminiatur in Frankreich. Vienne, Leipzig, 1911.
Cohen Henri. – Guide de l'amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle. Paris, : Librairie A. Rouquette, 1912, p. 112.
E.-H. Langlois : 1777-1837. Rouen : bibliothèque municipale, novembre 1977, Michèle Degrave.
Thieme Ulrich et Becker Felix. – Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart. Leipzig, 1999, t. 21-22, p. 348.
Iconographie
Delacluze Jean Edme Pascal Martin. – Portrait d'Eustache-Hyacinthe Langlois (miniature, musée des Beaux-arts de Rouen).
David d'Angers (David, Pierre-Jean, dit, 1788 - Paris, 1856). – Portrait d'Eustache Langlois Du Pont de l'Arche (1777-1837) : « Par son ami PJ David d'Angers », « E. Langlois du Pont de l'Arche, archéologue, peintre, graveur » (1837). Le médaillon a été agrandi en 1838 par David d'Angers, en bronze, pour la tombe de E. H. Langlois au cimetière monumental de Rouen ; le musée d'Angers conserve un moulage en plâtre de ce médaillon agrandi et le musée du Louvre une copie en terre cuite et une édition en bronze. Une copie fut apposée sur la maison de naissance de Langlois à Pont-de-l'Arche (boulangerie du bas, rue Alphonse-Samain). Gravé par son ami Louis-Henri Brévière, le médaillon est repris en couverture du 14e volume des Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France, publié en 1838 ; il illustre également la notice biographique consacrée à Langlois dans ce même ouvrage (p. xcviii-ciii). [NdÉ : information aimablement communiquée par Nathalia Denninger, du musée d'Art, d'Histoire et Archéologie d'Évreux].
Buste de E.-H. Langlois, par Auguste-Vincent Iguel, 1866 (place Hyacinthe-Langlois, Pont-de-l'Arche : détruit), et modèle en plâtre, Salon de 1869 (non localisé).