Argent, bronze doré et patiné, soie.
Rome.
h. 45 cm ; d. 12 cm (à la base) ; h. 26 cm (Éros).
Lampe à huile en argent et bronze patiné et doré représentant Éros adolescent, portant dans sa main droite une lampe à l’antique et un écran de soie dans la main gauche. Éros repose sur une terrasse en argent, ornée de deux oiseaux rapportés, finement sculptés et ciselés.
La terrasse en argent est frappée de trois poinçons : un poinçon de titre, un poinçon de garantie et un poinçon de maître. Les deux premiers poinçons, de titre et de garantie, sont les poinçons imposés par décret impérial le 1er novembre 1809 aux États pontificaux annexés en 1809 et donc à Rome, décrétée « ville impériale et libre ». Le troisième poinçon est celui de l’orfèvre Filippo Pacetti, actif à Rome de 1809 à 1857. Ces trois poinçons insculpés sur la base en argent de cette lampe permettent d’en dater l’origine entre 1810, date à laquelle les poinçons de garantie impériaux sont imposés par décret à Rome, et 1814, lorsque les poinçons alors en vigueur en France sont tombés hors d’usage dans les pays conquis, après quoi les poinçons impériaux ont été remplacés par les poinçons pontificaux.
Sur la même terrasse jonchent une flèche et un arc, attributs d’Éros ou de Cupidon.
La figure d’Éros est probablement imitée du type de l’Éros de Praxitèle, dit aussi Eros de Centocelle, un Éros non pas enfant mais adolescent, dont la position du corps présente un déhanchement et laisse à croire qu’il portait un arc et des flèches, ou un attribut quelconque, dans ses mains. Cet Éros, aux bras et avant-bras et aux jambes manquants, identifié par Visconti comme le Cupido de Pario, ou Éros de Parion cité par Pline l’Ancien, a été découvert en 1772 à Rome, dans le périmètre de Centocelle, par le peintre néoclassique Gavin Hamilton. Outre ce marbre, aujourd’hui conservé au Museo Pio Clementino, il existe plusieurs (Furtwängler en comptait déjà sept en 1893) statues antiques du type de l’Éros de Praxitèle ou de Centocelle, dont un Éros dit Farnèse, découvert en 1889 et conservé au Louvre, le bras droit levé au-dessus de la tête et le bras gauche replié à la hauteur de la poitrine. Il tient dans chaque main des couronnes, rapportées à la fin du XIXᵉ siècle. Il y a au Louvre un autre marbre du type de l’Éros de Praxitèle : un Génie Borghèse, celui-ci découvert en 1594, et qui porte un des signes distinctifs des statues dites du type de l’Éros de Praxitèle, à savoir des ailes sculptées ou rapportées dans le dos.
Les ailes de l’Éros de cette lampe à huile sont en bronze doré, finement ciselé : on y distingue le détail des plumes et des barbes des plumes, et la matière est amatie, pour rendre l’aspect duveteux des ailes.
Ce type de lampe à huile représentant un Éros ou un Cupidon, les bras levés, reposant sur une seule jambe, semble avoir été de mode chez les orfèvres italiens au tournant du XIXᵉ siècle. On trouve des exemples de lampe à huile similaires attribués à Giovacchino Belli, un orfèvre actif à Rome à la même période, ou à Pietro Paolo Spagna, un orfèvre également romain mais plus tardif.
Sources
Adolf Furtwängler, Meisterwerke der griechischen Plastik. Kunstgeschichtliche Untersuchungen, Leipzig, 1893.
Pline l’Ancien, Naturalis historia, liv. XXXVI, trad. Bloch, Paris, 1961.
Charles Oman, Italian Secular Silver, Londres, 1962.
Walter van Dievoet, « Les poinçons d’argent en France et dans les pays conquis de la Révolution à la fin de l’Empire », dans Poinçons de garantie internationaux pour l’argent, Paris, 1995.
Pierre Milza, Histoire de l’Italie, Paris, 2013.