Jean-baptiste Carpeaux - Mater Dolorosa - Buste En Terre Cuite flag


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Description de l’antiquite :

"Jean-baptiste Carpeaux - Mater Dolorosa - Buste En Terre Cuite"
1874
H.: 72 cm. Signature, cachets de l’atelier, date, numéro estampé 919, restaurations
Provenance : inédit d’une collection particulière belge (Uccle)
Genèse de l’oeuvre et inspirations
Mater Dolorosa, titre donné par Carpeaux à notre buste, est tiré du cantique catholique Stabat Mater dolorosa, écrit au XIIème siècle. Le poème décrit les douleurs de la Vierge Marie au pied de la Croix, et l’angoisse d’une mère voyant souffrir son fils.
C’est la fille de Jean-Baptiste Carpeaux qui a rapporté les circonstances romanesques de la naissance de cette oeuvre. A la fin de l’année 1869, le sculpteur croise à Paris, au square de la Trinité, son modèle Jacinta. La femme éplorée pleure la mort de son enfant. Louise Clément-Carpeaux raconte la suite « Il l’a fait monter en voiture avec lui et la ramenait à Auteuil. Là, laissant parler la jeune mère qui, entre ses sanglots, lui conte l’agonie de son enfant, le statuaire exécute en deux heures le buste douloureux de la Mater Dolorosa ». 
Si Carpeaux a su restituer avec tant de conviction l’émotion d’une mère accablée par le deuil, c’est grâce à son incomparable talent qui lui permet de saisir la douleur de la femme qu’il a devant lui ; d’imprimer et de figer immédiatement cette émotion intense dans la terre qu’il modèle. C’est également parce que l’artiste, prix de Rome depuis déjà quatorze ans, est pétri de références classiques, et maîtrise les références académiques des siècles passés.
Selon Dirk Kocks, Carpeaux s’est inspiré de la Vierge d’Edme Bouchardon abritée en l’église Saint-Sulpice pour en donner une version plus dramatique et intime (fig.2). On retrouve il est vrai le regard implorant tourné vers le Ciel et la tête inclinée sous le poids du voile et de la douleur. Un dessin de Carpeaux conservé au MBA de Valenciennes (Inv. CD 97, fol. 16, fig.1) représentant la vierge de Nicolas Coustou, témoigne de recherches préalables, et d’une multitude d’inspirations. D’autres dessins plus personnels, études en terre, dessinées ou peintes, trahissent  l’intérêt marqué de Carpeaux pour ce thème. (Fig.3, Carpeaux, Petit Palais N° Inv. PPD1744)
Notre oeuvre s’inscrit également dans la longue tradition de l’exercice de la « tête d’expression ». Ce sujet de concours de l’Académie, Carpeaux a nécessairement du s’y plier. Instauré en 1759, l’exercice est proposé aux jeunes artistes pour améliorer la représentation de l’expression des passions par les jeunes artistes.
Le traité de Charles Le Brun sur la physiognomonie était au XVIIIème siècle le guide fondamental pour les nouvelles générations d’artiste. Sa description physique de la douleur s’applique d’ailleurs tout à fait à notre buste. « Les côtés des sourcils sont plus élevés vers le milieu du front… la bouche entrouverte et les coins abaissés, la tête paroit nonchalamment penchée sur l’une des épaules. »
Mais Carpeaux n’a plus besoin de Le Brun. Jacinta est assise en face de lui. Et l’artiste, nourri des grands chefs d’oeuvre français et antiques, s’est déjà exercé à illustrer la terreur et la tristesse. Cette terribilità était le grand sujet d’Ugolin, son prix de Rome en 1855. (Détail fig.4. petit palais platre patiné 1862 PPS1573)

La Mater Dolorosa de Carpeaux : 
Un dernier manifeste du Romantisme et un acte de Foi
« Il nous faut des Descentes de Croix, des jugements derniers, des Naufrages de la méduse, des massacres de Scio » s’emportait le sculpteur, témoignant de sa vénération pour les grands maîtres du Romantisme, Delacroix et Géricault en tête. Ce tempérament passionné est mêlé chez Carpeaux à une foi profonde, et ces deux forces conjuguées ont véritablement façonné la personnalité de l’artiste et notre buste.
Paradoxalement, on retient souvent de Carpeaux une image tronquée, arrêtée à ses figures de rieurs, de bacchantes et de Flore, arborant pour toujours un sourire enchanteur. En entendant « Carpeaux » l’on songe immédiatement à La Danse, contemporaine de notre buste, et qui consacre le sculpteur comme le grand artiste de la Fête Impériale.
Une force plus sombre toutefois habite l’artiste, profondément romantique encore. Carpeaux fut autant célébré que maudit, et si le charme caractérisent nombre de ses portraits, son atelier est peuplé d’esquisses peintes et modelées aux thèmes douloureux.
Cette dualité dans sa production correspond aussi à l’ambivalence de ses sentiments religieux qui expriment tour à tour la grâce et le sacrifice. Pourvu qu’elle rende compte d’une piété sincère, l’oeuvre touche nécessairement. Ainsi par exemple notre buste de Mater Dolorosa répond à la figure douce et maternelle de Notre-Dame du Saint-Cordon, groupé créé par l’artiste cinq ans auparavant.

Réception et postérité
La Mater Dolorosa fut dévoilée au Salon de 1870. Un mois avant la déclaration de guerre à la Prusse, elle revêt un caractère allégorique prémonitoire qui contribua peut-être à sa renommée. Elle était exposée en même temps que le buste de la souriante Mademoiselle Fiocre, gracile danseuse du ballet de l’Opéra (Fig.7). Une nouvelle illustration des aspirations opposées de Carpeaux.
Un an plus tard la Mater Dolorosa est prêtée par Carpeaux pour l’exposition donnée en faveur des blessés de la Guerre. A cette occasion elle parait gravée en une du Journal L’Illustration (1871, N°1849, fig.6). Des versions en plâtre ou en terres cuites de la version finie furent données par la famille à plusieurs églises de France (Nancy, Marseille, Auteuil), confortant un peu plus la place de la Mater Dolorosa dans le patrimoine français.

Rareté de l’oeuvre
L’esquisse de la Mater Dolorosa ne fut tiré qu’à quelques épreuves seulement. Toutes ces épreuves ont été réalisées du vivant de l’artiste, comme nous l’apprend une lettre de sa femme écrite en 1882.
Cinq épreuves seulement sont vendus par les ateliers Carpeaux. Une autre figure à l’inventaire après-décès de l’artiste daté du 22 mars 1875. Aujourd’hui nous recensons une poignée d’exemplaires seulement :
  • Celui du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes (N° Inv. S91-83)
  • Celui du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (N°Inv. Bx M 1146)
  •   Celui du Musée National de Stockholm
  • Celui de l’Ancienne collection Pierre et Geneviève Hebey illustré au catalogue raisonné de MM. Richarme et Poletti, vente, Artcurial, 23 février 2016, lot 398)
  • Celui enfin passé à l’hôtel Drouot, vente Me Kahn et associés, 20 octobre 2021, lot 58 (19.500 €)


  • Bibliographie :
  • P. FOUCART, Catalogue de sculptures, peintures, eaux-fortes et dessins composant le Musée Carpeaux, Paris, 1882. (n°49) 
  • J. PILLION, Catalogue des sculptures, peintures, eaux-fortes et dessins composant le Musée Carpeaux, Palais des Beaux-Arts (Place verte), Valenciennes, 1909. (n°41)
  • S. LAMI : Dictionnaire des sculpteurs de l’Ecole française, XIXème siècle, Paris, 1914. (p. 270)
  • L. Clément-Carpeaux, La vérité sur l’oeuvre et la vie de J.-B. Carpeaux, Paris, 1934-1935. (p. 290)
  • A. HARDY, A. BRAUNWALD, Catalogue des Peintures et Sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux, Valenciennes, 1978. (n°184)
  • A. LE NORMAND-ROMAIN : Concours de la tête d’expression, dans cat. expo. La Sculpture française du XIXe siècle, Paris, Grand Palais, 1986 (p. 45, fig. 52)
  • M. POLETTI and A. RICHARME, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur. Catalogue raisonné de l’oeuvre édité, Paris, 2003, p. 135,  no. BU33

  •  
    Prix: 12 000 €
    Artiste: Jean-baptiste Carpeaux (1827-1875)
    Epoque: 19ème siècle
    Style: Napoleon III
    Etat: Restauré

    Matière: Terre cuite
    Hauteur: 72 cm.

    Référence (ID): 1340886
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