Dans « Vue du Panthéon », Émilie Charmy capte l’atmosphère parisienne à travers un dessin expressif. Les toits et cheminées, esquissés de traits vifs et anguleux, mènent le regard vers la coupole du Panthéon, majestueuse au centre. Les couleurs sobres – gris, beige, touches de blanc – traduisent une lumière hivernale et une ambiance mélancolique. Charmy privilégie l’impression à la précision, donnant à la scène une sensation de mouvement et de spontanéité. Ce dessin révèle son regard moderne sur la ville, oscillant entre structure architecturale et liberté du geste, pour saisir l’essence vivante du paysage urbain.
En 1898, Émilie Charmy quitte Saint-Étienne et s’installe à Lyon avec son frère Jean et se forme
auprès du peintre Jacques Martin (1844-1919). Elle expose pour la première fois à Paris aux
Indépendants en 1903 et emménage, en 1904, avec son frère à Saint-Cloud. Elle pratique le genre
de la nature morte qu’elle expose régulièrement aux Indépendants de 1903 à 1914 (sauf en 1910)
et au Salon d’Automne de 1905 à 1912. Charmy participe à plusieurs expositions collectives dans
la galerie de Berthe Weill. C’est lors de celles-ci, qui réunissent Matisse et Girieud, qu’elle
rencontre en 1906 son futur compagnon Charles Camoin. Elle voyage en Méditerranée durant
l’été 1906 en sa compagnie. De 1904 à 1912, Charmy réalise des natures mortes, des paysages et
des figures aux formes structurées. En 1912, alors que sa relation avec Camoin se détériore, elle rencontre Georges Bouche (1874-
1941) qu’elle rejoint en Auvergne durant l’été. Charmy adopte alors des aplats de verts et de vifs
coups de pinceaux pour les arbres, privilégiant une faible profondeur dans ses paysages. Malgré
sa faible fortune critique, Louis Vauxcelles la décrit comme « une des plus remarquables femmes
artistes de notre époque » (Éclair, 23 juin 1921).