"Le paysan sur sa mule" révèle l’obsession d’Adolphe Appian pour la vie rurale. Un paysan, assis sur une mule brune, occupe le centre de la composition. La route sinueuse guide le regard vers un lointain vallonné, ponctué d’accents verts et bruns. Les coups de pinceau souples et vibrants suggèrent un réalisme sensible, entre romantisme et naturalisme. La palette, dominée par des ocres atténués et des bleus gris, installe une atmosphère crépusculaire ou matinale, empreinte de solitude et de gravité. Les contours esquissés s’estompent vers l’arrière-plan, créant une profondeur feutrée. La posture détendue du personnage et le regard vague laissent transparaître la fatigue et la résilience du monde agricole. Par la simplicité du sujet et la subtilité du traitement chromatique, Appian célèbre la dignité paysanne et la communion silencieuse entre l’homme et la nature. Le geste pictural, nerveux et délicat, souligne la maîtrise véritable subtile de l’artiste.
Adolphe Appian suit les enseignements de François Grobon et Augustin Thierriat à l’École des Beaux-Arts de Lyon avant de faire ses débuts au Salon de Paris en 1835. Il expose ensuite à Lyon en 1847 et à Paris en 1855, devenant un habitué de ces deux Salons, où il reçoit une médaille d’or à Paris en 1868. Sa carrière s’enrichit de distinctions internationales, notamment une mention honorable à l’Exposition universelle de Paris en 1889, après avoir participé à celle de Londres en 1862. En 1892, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Parmi ses œuvres majeures figure Rives de l’Ain, un grand panneau décoratif réalisé pour l’escalier de la préfecture du Rhône à Lyon. D’abord musicien, Appian choisit de se consacrer pleinement aux arts plastiques en 1852, année décisive marquée par sa rencontre avec Corot et Daubigny, qui influenceront profondément son travail. Il passe également beaucoup de temps à Fontainebleau, où il peint aux côtés d’artistes de l’École de Barbizon.
Appian excelle dans l’art du fusain, adoptant une prédilection pour les scènes en contre-jour et les jeux subtils d’ombre et de lumière. Avec la découverte des lumières méditerranéennes, sa palette s’éclaircit, ses couleurs deviennent plus fraîches, et sa technique évolue vers une touche plus fluide, témoignant de l’influence de son ami Félix Ziem.