Vue de Rome, figures sous une arche monumentale : ruines composées
pierre noire, plume, lavis de bistre et d'encre de chine sur papier fort
143 x 88 mm
Annotation « Nicolle », au crayon, au verso de la feuille
Bon état de conservation, de légères rousseurs dans le ciel (voir photographies)
Vendu tel qu'il est présenté, en feuille
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Un dessin d'une maîtrise et d'une vivacité remarquables, qui laisse imaginer une belle main du XVIIIe français, dans l'esprit d'artistes aussi raffinés que Louis Jean Desprez (1743-1804) ou Victor Jean Nicolle (1754-1826), à qui nous proposons de l'attribuer. Ce dessin, présenté lors de l'acquisition avec un montage très simple, n'avait à l'évidence pas été décadré depuis plusieurs décennies. En accédant au verso de la feuille, la suggestion d'attribution à Nicolle était indiquée au crayon et cette inscription a permis de mieux orienter les recherches.
Un dessin qui a traversé les siècles jusqu'à aujourd'hui, tant il a fasciné ses collectionneurs successifs. Le passage du temps se remarque aux quelques légères rousseurs dans le ciel, mais la finesse du dessin reste la même et le spectateur est rapidement emporté par le mouvement d'ensemble de la foule et de cette perspective monumentale dans laquelle résonnent la rumeur de ces voyageurs admiratifs autant que l'écho de l'Antiquité romaine.
Les reprises très subtiles, à l'encre de Chine plus foncée, du bout du pinceau, ajoutent un charme et une liberté picturale à cette vue de Rome. Il y a à la fois la monumentalité de l'architecture et le pur plaisir du dessin.
La mise en page de ce dessin de petit format ainsi que la composition, élaborée grâce à une arcade monumentale, est tout à fait typique et très fréquente dans les œuvres sur papier de Victor Jean Nicolle. Ce sont les figures, dans notre dessin, qui semblent dénoter avec ce que l'on connaît de l'artiste. Cependant, le rapprochement stylistique avec deux dessins de Victor Jean Nicolle conservés au British Museum (clichés 3 et 4) permet de préciser notre proposition d'attribution. En effet, le dessin des figures minuscules qui sont autant de silhouettes tracées en deux formes rapides qui s'apparentent à des parenthèses, se retrouvent aussi bien dans les dessins de Londres que dans le nôtre.
Il manque éventuellement une certaine précision dans le dessin, que Victor Jean Nicolle ne délaissait que très rarement. Formé de manière académique au dessin d'architecture, il a toujours dessiné avec le désir d'emporter avec lui l'image parfaite de l'architecture contemplée sur place, pour la recréer dans ses compositions plus abouties.
Un catalogue de vente comme celui de la collection de la baronne Félix Oppenheim, à l'Hôtel Drouot, le 21 novembre 1929, permet de découvrir que les feuilles de petits formats, dessinées assez rapidement par Victor Jean Nicolle n'étaient pas rares. La description des compositions autant que les techniques données pour ces dessins se rapprochent nettement de notre feuille. Le catalogue est entièrement numérisé à cette adresse : https://digitalprojects.wpi.art/auctions/detail?a=67487-watercolors-and-drawings-by-vj-nicolle&media=2387845
Un dessin libre et presque romantique, parcouru d'une très belle sensibilité et d'un mouvement d'ensemble très maîtrisé.