La Vierge et l’Enfant Jésus.
Vers 1836-1837.
Huile sur toile.
H : 69,5 ; L : 55 cm.
Exposition : :
- Salon des Artistes Vivants, Paris, 1837, n° 1157 : « La Vierge et l’Enfant-Jésus. ».
Élève de Charles Meynier, Amélie Legrand de Saint-Aubin commece à exposer au Salon de 1819. Jusqu’en 1850, elle y participe régulièrement, exposant une trentaine d’œuvres.
Fait rare pour une peintre femme, à la suite du Salon de 1827, son talent est consacré par l’acquisition de son Christ descendu de la croix (Église Saint-Étienne-du-Mont). Cet achat officiel entérine la compétence des artistes femmes en peinture d’histoire de grand format dans laquelle se déploient multiplicité des protagonistes, diversité des attitudes et juste expression des passions.
Dès lors et jusqu’à la chute de la monarchie de Juillet, les artistes femmes deviennent parties prenantes de plusieurs développements originaux de la peinture d’histoire. Parmi les œuvres de genre historiques féminines accrochées, toujours plus nombreuses, sur les cimaises du Salon, les grands tableaux d’églises côtoient des formats plus modestes à destination des particuliers.
Au cœur de cette dernière production, les artistes femmes privilégient des iconographies conformes aux valeurs, normes et projections sociales faites sur leur sexe. Cette stratégie leur permet de jouer d’une prétendue sensibilité propre au sexe féminin, sensibilité naturelle qui leur confèrerait un avantage face aux hommes dans la représentation de certains sujets. Ainsi elles limitent la concurrence masculine dans les scènes sentimentales et les thématiques connexes à l’enfance, la famille ou encore la charité. « La Vierge à l’Enfant » est le sujet d’histoire le plus populaire parmi les peintres femmes. Pour le seul Salon de 1835, le sujet est traité par cinq femmes pour un seul homme alors que ces derniers représentent près de 95% des exposants en peinture.
Cette Vierge et l’Enfant Jésus s’inscrit dans cette dernière production. Amélie Legrand de Saint-Aubain y déploie une palette de couleur douce, au service de son sujet, tout en employant un style très proche du XVIIe siècle qui lui est caractéristique.