Procession religieuse au crépuscule, vers 1880-1890
18,2 x 22,2 cm (composition)
20,1 x 24,5 cm (feuille)
Crayon graphite sur papier
trait d'encadrement au crayon
Signé en bas à droite, au crayon « JB. Artigue »
Très bon état
Vendu en feuille
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Bernard Joseph Artigue (1859 – 1936) est un peintre français originaire du Sud-Ouest, ayant travaillé notamment à Toulouse, Albi et particulièrement à Blaye-les-Mines, dans le Tarn, où ses tableaux ornent toujours aujourd’hui les murs de l'ancien l'hôtel de ville. Formé auprès de Jean-Paul Laurens, puis passé quelque temps dans l'atelier d'Alexandre Cabanel, à Paris, Artigue évolue en restant très attentif à son époque et, en tant qu'ami du post-impressionniste Henri Martin, il se rapproche des idées nouvelles du pointillisme, que ce soit par les harmonies de couleurs dans ses tableaux ou bien, comme ici, par une exploration graphique des nuances du blanc et noir.
Au cœur de la période du symbolisme littéraire, cette scène de procession religieuse, mystérieuse, inexpliquée, trouverait certainement un écho dans la littérature de l'époque, quelque part dans un chapitre de Georges Rodenbach ou dans une atmosphère de Maeterlinck ou Knut Hamsun. Avec des titres d’œuvres tels que « Asthmatique », « l'Octogénaire », « la Dernière », « la Main chaude », exposées lors des Salons entre 1890 et 1910, la poésie de notre artiste évoque l'austérité et le sombre mystère de l'esprit fin-de-siècle. Nous datons ce dessin davantage des jeunes années de l'artiste, entre 1880 et 1890.
En évoquant ce thème religieux, et certainement funèbre, d'une procession au cœur de la campagne, Artigue se montre l'héritier de Jean-François Millet, de Gustave Courbet, ainsi que le contemporain d'artistes inspirés tels qu'Ernest Laurent, Albert Lebourg, Charles-Marie Dulac et, ici en particulier, Henri Le Sidaner.
Au fil de la contemplation, ce dessin, très bien composé, méticuleux dans sa technique autant qu'il est évasif par son sujet, fait entrer son auteur dans la lignée des maîtres du blanc et noir. Sans tracer véritablement une seule ligne, la scène crépusculaire apparaît et se révèle dans le bruissement incessant du graphite qui frôle la feuille et décline toutes ses nuances, sans une touche de trop.
Un ténébreux ravissement, un poème de noirceur et de gravité.