cf Quai Branly commentaires :
" Aussi célèbres qu’énigmatiques, ces masques à la structure « cubiste » immédiatement reconnaissable furent attribués aux populations Grebo et Krou installées au sud-est du Libéria et au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Longtemps désignés comme « masques de Sassandra », ils étaient aussi en usage chez les Bakwé, les Godié et les Nèyo1, rattachés au groupe linguistique Krou et établis dans la région du Bas-Sassandra aux alentours des villes de Soubré, San Pedro, Fresco et Sassandra, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire.
Ces masques, pour la plupart disparus au Libéria en raison des Grebo Wars, représenteraient des esprits de la nature ou de la forêt comme chez les Wé, les Guéré et les Bété, voisins des Grebo, établis plus au nord. Si leur usage est aujourd'hui essentiellement profane et lié aux divertissements collectifs . ils servaient auparavant, selon Alain-Michel Boyer, à « expurger les mangeurs de « doubles » (ou d’âmes pour les chrétiens), mais […] intervenai[en]t aussi lors de conflits rituels entre clans, à l’occasion d’une contestation de territoire, d’un problème de chasse, d’un rapt de femme. Grâce à [leur] profusion d’yeux, il[s] « surveillai[en]t » les combattants, mais les « fortifiai[en]t » également, afin de les hausser au-dessus du statut d’homme, jusqu’à celui de guerrier valeureux. »Ce type de masque pouvait également danser pour des funérailles accompagné de plusieurs autres masques animaliers ou de facture plus naturaliste. Néanmoins, pour Pierre Boutin, « l’information dont nous disposons [sur ces masques] est inversement proportionnelle à leur célébrité plastique. À l’encontre de ceux d’autres groupes ethniques du sud-ouest ivoirien (Wè, Bété, Niabwa, etc.), […] on ne sait […] rien de leur fonction, - ludique, funéraire, initiatique, judiciaire -, de la périodicité de leurs prestations, - régulière ou exceptionnelle -, ni du public cible admis à les voir - assistance ouverte, élargie ou public restreint, avec ou sans sélection d’âge ou de sexe. »
provenancer
Pierre Thomas belgique
Christophe Evers