attribué à Louise Joséphine Sarazin de Belmont (1790-1871)
Sancho Panza retrouvant son âne
15 x 13 cm
lavis d'encre brune sur un dessin au crayon
Encadré, sous verre
Dimensions avec le cadre : 20 x27 cm
* * *
Sancho courut à son âne, l’embrassa et lui dit : « Eh bien, comment t’es-tu porté, mon enfant, mon compagnon, cher grison de mes yeux et de mes entrailles ? » Et, tout en disant cela, il le baisait et le caressait comme si c’eût été une personne raisonnable. L’âne se taisait, ne sachant que dire, et se laissait baiser et caresser par Sancho, sans lui répondre une seule parole. Toute la compagnie arriva, et chacun fit compliment à Sancho de ce qu’il avait retrouvé le grison. (Cervantes, Don Quichotte, tome 1, chap. XXX)
* * *
Un dessin en parfait état de conservation dont la manière, dans toutes les nuances du lavis, est très maîtrisée. Si de nombreux artistes ont illustré le plus fameux des romans picaresques, en revanche nous n'avons pas retrouvé de style et de composition comparables dans les nombreuses bases de données d'illustrations consultées.
La provenance de ce dessin pourrait éventuellement donner une piste intéressante et permet une datation, avec certitude, dans la première moitié du XIXe siècle. En effet, cette feuille provient de l'album amicorum d'Adèle de Maillé La Tour Landry (1787-1850), comtesse d'Hautefort, qui était la dame de compagnie de la Duchesse de Berry (1798-1870). La proposition d'attribution à Louise Joséphine Sarazin de Belmont vient du fait que cette artiste peintre était une amie proche de la Duchesse de Berry et elle exposa, au Salon de Douai de 1821, un tableau intitulé Sancho retrouvant son âne, qui devait être dans la veine de ses paysages animés (cf. notice de la base Salons). Nous ajoutons dans la galerie de photos deux comparatifs avec des œuvres de Sarazin de Belmont, le premier pour le traitement vaporeux du paysage de montagne, le second pour la silhouette du cheval, aux mouvements de jambes tout à fait identiques entre ce dessin et le tableau passé en vente chez Sotheby's Monaco en 1986.
Serait-ce là le souvenir d'une composition de Salon, aujourd'hui perdue ?
Quoi qu'il en soit, ce dessin est un bel exemple de l'esprit littéraire et romantique de la première moitié du XIXe siècle et sa manière si maîtrisée laisse imaginer une très belle main.