Lettre autographe signée de son paraphe. 8 octobre 1790 ; 2 pages 1/4 in-12°. Cachet de collection « Duc de Tascher de la Pagerie » (Charles Joseph Louis Tascher de la Pagerie)
Belle lettre des débuts de la Révolution qui laisse entrevoir l’intérêt de Madame Roland pour les affaires politiques et son avis bien tranché, qui la feront passer à la postérité après son exécution le 8 novembre 1793 : « Nous avons reçu la pastille Angloise pour notre docteur, plus docteur que jamais dans ce pays dont il guérit tous les malades, prêchant et appliquant les mains, à la manière du Christ, mais s’embarrassant moins que lui se faire payer le tribut à César. Effectivement, nos représentants prennent assez de soin d’assurer ou d’augmenter l’impôt, beaucoup plus que de nous éclairer sur l’emploi des fonds. Aussi, toute Parisienne que je sois, je dirai que vous n’êtes que des myrmidons tant que vous ne vous ferés pas mieux instruire de la partie des finances et de leur sage administration. Voyés les ménagères connoissent le faible et le fort des maisons, comme des empires, et dès qu’on ne veille pas à la marmitte, toute la philosophie du monde ne sauroit empêcher une déconfiture. Ci-joint des dépêches auxquelles vous voudrés bien faire suivre leur destination. J’imagine que vous aurés reçu la nôtre pour Londres dont on n’entend pas parler souvent. Notre ami est encore pris par la jambe, mais je pense que sous huit jours nous irons à Lyon où les officiers municipaux sont très bien choisis ; je n’entends plus parler de la suite des élections pour le maire, etc..nous irons voir ce que cela signifie. Quant à ma santé, je n’en parle que lorsqu’elle est à quia, autrement, c’est l’affaire de mon courage et je n’en dis mot. Adieu, soyés toujours notre bon ami. »
En août 1784, le couple Roland quitte Amiens pour Villefranche-sur-Saône où la place d’inspecteur des manufactures à Lyon est vacante. Ils vivent dans la maison paternelle de son mari. Madame Roland écrit des articles politiques pour le Courrier de Lyon, emprunte des idées des Lumières. Aux prémices de la Révolution, l’occasion pour Madame Roland se présente de s’engager politiquement à Paris, profitant de l’ascension politique de son mari qui obtiendra le ministère de l’intérieur en 1792.