(1899 Chojnice - 1980 Paris)
« Personnage cubisant à l'instrument de musique » - Vers 1935
Huile sur panneau signée en bas à gauche
40 x 47,5 cm
Le parcours d’Elisabeth Ronget illustre les défis et les opportunités auxquels étaient confrontés les artistes travaillant au début du 20e siècle. A partir d’une formation artistique traditionnelle, elle s’est rapidement engagée dans une nouvelle approche de l’art adoptée par les modernistes, à savoir le cubisme.
Née à Konitz en Prusse occidentale (aujourd’hui Chojnice en Pologne), dans une famille juive allemande, Elisabeth Bohm déménage quelques années plus tard à Hannovre où elle suit des cours de dessin, puis poursuit ses études d’art à Munich à partir de 1917.
À cette époque, les artistes de toute l’Europe explorent les idées de l’avant-garde. Les mouvements sécessionnistes initiés en Autriche et en Allemagne les encouragent à remettre en question les représentations artistiques en vigueur
Dans les années 1920, elle s’installe à Berlin et s’associe à d’autres artistes d’avant-garde dans le groupe November. Elle s’initie au cubisme et au travail de Der Blaue Rieter qui travaillait dans un style décoratif coloré similaire aux Fauves. Elisabeth Bohm déclare alors : « Il est nécessaire d’oublier tout ce que l’on a appris jusqu’à présent, non seulement d’oublier, mais de le faire comme si on n’avait jamais vu le jour, comme si les lois de la perspective n’existaient pas et que les principes élémentaires de construction n’avaient jamais été inventés. A la base, c’est très simple, il faut recommencer complètement. »
En 1931, la situation politique en Allemagne étant devenue dangereuse, elle s’installe à Paris, s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière et gagne sa vie en décorant des restaurants avec des œuvres cubistes.
En 1934, elle épouse Georges Emile Ronget, pilote et résistant français. Il lui présente le peintre André Lhote. Dans son atelier, et sous son influence, ses formes se simplifient et sa palette change pour incorporer des tons de terre d’ocres, de bruns, de mauves et de bleus. Elle expose avec lui au Salon d’Automne. Une série d’expositions suit et aboutit à des ventes à des collectionneurs de toute l’Europe. Mais la Seconde Guerre mondiale interrompt sa vie et ses projets. En 1941, elle s’installe à Toulouse alors que son mari est à Londres. Ses deux parents sont transportés dans le ghetto de Theresienstadt en 1942 et y meurent. En 1943, Ronget décide de quitter la France et de se rendre aux États-Unis.
En 1947, le couple se sépare. Georges meurt dans un accident d’avion en 1950.
Ronget retourne à Paris en 1948, et en 1953, elle expose au Salon des réalités nouvelles ; en 1954 et 1955, son travail est présenté au Salon de l’Union de Peintres et Sculpteurs ; en 1956 au Salon des Indépendants ; et en 1957, et de nombreuses années par la suite, son travail est présenté au Salon d’Automne. Il y a peu de documents sur les ventes de Ronget, mais une interview de 1974 avec elle indique qu’elle a eu du mal à subvenir à ses besoins pendant toutes ces années, mais qu’elle a néanmoins continué à peindre.
À partir de 1970, la ville de Paris met à la disposition de Ronget un espace d’atelier. Au fur et à mesure que son travail mûrit, il devient plus coloré et plus abstrait. Les formes géométriques des années 1930 et 1940 s’adoucissent et les contours s’arrondissent. Des mécènes la soutiennent jusqu’à sa mort en 1980 à l’âge de 81 ans.