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Un thème Néo-classique re-inventé par la Maison Denière:
Tout comme Adolphe Blanqui en 1851, on est d'emblée "saisi" par "la beauté sculpturale (..) exhubérante, d'une vigueur, d'un brio extraordinaire" de cette somptueuse pièce horlogère "de grande fabrication" enfantée par la Maison Denière (1815-1901).
Recensée dans l'un des Catalogues de Vente des "Modèles de Bronzes d'Art et d'Ameublement, .. de Grande Décoration (..)" de ce prestigieux Etablisement parisien (Paris, Hôtel Drouot, vente des 10,11 et 13 février 1903) sous le n°168 ( Pendule Style Louis XVI, Deux Enfants, Science, Fondu sur Ancien), elle illustre l'émérite savoir-faire de ces fabricants de Bronzes d'Art (Jean-François puis Guillaume Denière). En leur siècle, dignes et "fidèles représentants du Goût français", ils surent "pour répondre aux exigences des amateurs éclairés" (H.Legrand, 1857) conjuguer avec autant d'intelligence que de virtuosité sujets iconographiques plébiscités, référentset répertoires ornementaux séculaires. En 1877, le critique d'art Louis Enault notait: " Trés versé dans la pratique des arts industriels et, guidé par une expérience déjà longue, M.Denière, dIsposant en toute propriété de nombreux modèles, a fouillé les diverses époques (...), et il en pris les plus beaux types pour créer une collection que l'on peut dire unique aujourd'hui, Il combine et marie les uns avec les autres avec autant d'habileté que de goût" "tout en sachant allier à un trés haut degré l'élégance et la grâce"( Les Arts industriels: Vienne, Londres, Paris ). Eclairées, ces modalités de création innervent l'oeuvre que nous présentons.
Sommé d'un luxuriant Vase couvert aux atours Rocaille ( bouton de grenade, canaux torses, godrons;anses détachées à enroulements de crossettes, de demi-coquilles; mascaron à faciès barbu simiesque) inspiré du "Livre de Vases" (1730) d'Edme Bouchardon (1698-1762), le corps de cette pièce horlogère sciemment élaborée s'organise autour du boisseau de la pendule. Embelli non sans panache sur sa forme architecturée de palmettes et fleurons d'acanthe, de guirlandes feuillagées, de chutes fleuries ou à culots campanulés, ce dernier, ouvragé sur fond guilloché de motifs Louis-quatorziens (entrelacs, lambrequin) accueille le cadran émaillé blanc. Serti d'un bel enfilage de perles, il indique les heures, les minutes en chiffres romains et arabes par deux aiguilles ajourées et, porte tout comme le mouvement la signature de "DENIERE/ Ft de BRONZES/A PARIS"- Maison" qui occup(a)-et occupe toujours pour l'Amateur d'Horlogerie ancienne- "une place éminente dans le monde des arts" .
De part et d'autre, sont mises en scène sagement assises sur de robustes consoles latérales à enroulement garnies de seyantes étoffes, deux figures enfantines exquisement ciselées. Saisies dans une attitude studieuse, un pied posé sur d'érudits folios empilés ou sur un volumineux ouvrage ferré, l'une -un garçonnet- , la main droite rivée à un calame, s'applique à écrire/dessiner sur une tablette qu'il maintient fermement sur sa jambe gauche repliée; l'autre- la chevelure ceinte d'un ruban (fillette?)- semble captivée par les feuillets d'un ouvrage lové sur son genou droit. Formant pendant, ces vigilants bambins aux tendres et doux minois reprennent, adaptés à ette pièce horlogère symbolisant au vu du Catalogue précité "La Science" et, plus avant "L'Etude"- deux oeuvres notoires du Néo-classicisme français du dernier tiers du XVIIIe siècle: L'Enfant dessinant et L'Enfant lisant, du sculpteur Charles-Gabriel Sauvage, dit Lemire (1747-1827). De ces sujets modelés par l'artiste vers 1795 pour la Manufacture de porcelaine Dihl et Guérhard (1781-1828), le Musée du Louvre à Paris détient des épreuves en bronze fondues à la cire perdue ( 0A 11223 et 11224) réalisées au cours des années 1810-1820 par l'un des plus éminents bronzier-ciseleur parisien de cette période, Pierre-Philippe Thomire (1751-1843).
Forte de ces référents iconographiques, la Maison Denière entendait ainsi perpétuer au coeur d'un XIXe siècle élitiste la grande tradition des pendules à sujet édifiant -L'Etude et la Philosophie", "Les Arts et les Sciences", "La Lecture et la Littérature",...- dont la fortune au sein de la production horlogère du régne de Louis XVI ne fut jamais démentie. Mais ce, au vu des modèles initiés par leurs illustres prédécesseurs ( Robert Osmont, Jean-Louis Prieur,..), avec une touche de légère et insolite fantaisie propice à séduire en ces temps fastes une clientèle plus éprise de joutes galantes que savantes. Ceinturée sur son profil mouluré d'd'un opulent tore rubané de laurier grainé, la base à ressauts de la pendule s'anime ainsi de la présence d'un couple de Colombes ciselées avec virtuosité. Folâtrant, ailes déployées, prés d'une couronne pavoisée de fleurs champêtres épanouies, ces Vénusiens volatiles sont juchés sur un cartouche rectangulaire .Encadré d'ondulants rubans, d'un fleuron d'acanthe, ce dernier s'orne d'un délicat Trophée sentimental (arc,carquois à empennage de fléches, torchère à brandon enflammé liés par un ruban noué). Ajustés à la sensibilité esthétique de l'époque, ces féminins motifs décoratifs d'obédience Louis XVI nuance la portée "didactique "de cette pendule d'apparat de poétiques tendresses.
Théâtralisée par un vigoureux piétement latéral à amples motifs Rocaille de coquille rudentée à graines ,cette sculpturale pièce horlogère repose sur un contre-socle en marbre blanc mouluré ourlé d'un enfilage de perles et nanti de six pieds toupies feuillagés.
Amplitude formelle, beauté plastique, érudition et inventivité sont les maîtres-mots de cette remarquable pièce horlogère signée de la Maison Denière dont un contemporain devait louer la production en ces termes:
" (..) il ne sort rien de la Maison Denière où le jugement le plus difficile puisse trouver à reprendre. Composition, dessin, ciselure, tout y est parfaitement irréprochable, et c'est une fête pour l'Amateur et l'homme de goût que de parcourir ces pendules, ces candélabres, ces torchères qui se succédent et ne se reproduisent jamais (..) " (Octave Lacroix, 1873).
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Littérature liée: Blanqui, Adolphe,Lettres sur l'Exposition Universelle de Londres..., Paris: Capelle, 1851;- Paris, Hôtel Drouot, Catalogue de Vente (10, 11, 13 février 1903- Première partie) des "Modèles de Bronzes d'Art, d'Ameublement, Eclairage et de grande Décoration (..) provenant de la Maison Denière (..) , Paris: 1903;- Enault, Louis, Les Arts Industriels: Vienne, Londres, Paris, 1877,Vol. I, chap.III, p.17 et suiv..;-Lacroix, Octave, Exposition Internationale, Londres, 1872.Rapport de la Commission supérieure, 1873;-Legrand, Henri, Album, Paris, 1857;-A.Lefebure, Musée du Louvre, Nouvelles acquisiions du département des Objets d'art, 1985-1989, Paris, RMN, 1990, pp.229-231.
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Travail parisien de grande qualité de Style Louis XVI par la Maison Denière à Paris. Seconde moitié du XIXe siècle, circa 1860-1870.
Marques et Signatures: Cadran signé: "DENIERE /Ft de Bronzes/ A PARIS"- Mouvement numéroté avec cachet de la maison "DENIERE/A PARIS"
Matériaux: Bronze doré; Marbre blanc.; Email et verre.
Dimensions: H : 61 cm ; L : 58 cm ; Pr : 21 cm . Pendule hors contre-socle: H.: 53 cm;-L.: 57 cm;-Pr.: 17 cm
Bel Etat. Dorure au mercure d'origine. Petites érosions sur les angles antérieurs du contre-socle en marbre.
DENIERE Guillaume (1815-1903)- Importante Garniture de Cheminée aux Enfants d'inspiration Louis XVI en marbre blanc et bronze doré ciselé, d'après des modèles du XVIIIe siècle. Epoque Napoléon III, circa 1870.Superbe pendule de cheminée en bronze ciselé et doré à sujet.
MAISON DENIERE (Jean-François Denière, 1775-1866 et Guillaume Denière, 1815-1901 successeur en 1844), Fabricants de Bronzes d'art à Paris- importante de Cheminée remarquablement ciselé dite à ou encore à inspirée des modéles créés paren collaboration avec répertoriées dans les Catalogues de Vente des modéles de Bronzes d'art et d'ameublement, de Grande décoration provenant de la Maison Denière (...) de février-mars 1903 (Paris, Hôtel Drouot) sous les n° 69 , 580-581. Travail parisien de qualité de Style Louis XV-Rocaille de la première moitié du XIXe siècle. Fin de l'époque Louis-Philippe-début du Second Empire, circa 1840-1850.