Entourage De Jean De La Huerta, Vierge à l'Enfant, Bourgogne, 3/4 Du XVe Siècle

Cette belle sculpture en quasi-ronde-bosse représente la Vierge Marie debout, portant sur son bras droit le Christ enfant. Taillée dans un calcaire fin et tendre extrait des carrières des environs de Tonnerre, elle frappe en dépit de ses dimensions modestes par sa conception monumentale.     
Celle-ci repose en partie sur le manteau ample et épais que revêt la Vierge, profondément creusé de plis en V emboîtés, retroussé sur son bras gauche, retombant en cascade le long de sa jambe droite. Ce drapé est emblématique du goût pour les étoffes lourdes observé au sein de la sculpture bourguignonne. 
Chérie des amateurs de sculptures anciennes, cette dernière est fortement marquée au XVe siècle par la production de l’atelier ducal où se sont illustrés successivement les célèbres Jean de Marville, Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier. C’est à partir de ces personnalités marquantes que les historiens de l’art ont établi le cadre dans lequel sont réparties depuis plus d’un siècle les œuvres bourguignonnes, cela en dépit des zones d’ombres qui encadrent la personnalité artistique et le parcours de certains d’entre eux, comme Jean de la Huerta. Notre Vierge à l’Enfant présente justement certaines des caractéristiques stylistiques diffusées par le corpus lui ayant été attribué. C’est le cas par exemple du manteau drapé qui habille notre figure, mais aussi du visage plein de la Vierge, marqué par de petits yeux en amande ainsi que par un menton en boule rehaussé d’une bouche menue à l’expression boudeuse. On les retrouve sur les plus belles œuvres attribuées au Maître comme sur la Vierge de Pesme ou encore sur celle de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun. Cette dernière dévoile une longue chevelure aux mèches éparses finement ondulées proche de celle de notre Vierge qui se fond ici dans l’épais revers de son manteau qui s’est formé sur son sein gauche. Ce motif trouve un bel équivalent dans la Vierge à l’Enfant de Bucey-lès-Gy, réalisée à la fin du XVe siècle, qui partage également les traits doux et juvénile de notre sculpture. Le même motif se rencontre sur la Vierge à l’Enfant de Verjux, dont l’impressionnant drapé offre une somptueuse alternance de plis en cascade et de plis en V emboîtés proches de ceux qui animent le manteau de notre Vierge. D’un caractère plus sobre et dépouillé, ce dernier trouve un parallèle encore plus fidèle dans celui de la Vierge de l’église Saint-Martin de Blaisy-Haut, réalisée elle aussi dans le dernier quart du XVe siècle.