La celtomanie touche au XIXème siècle toutes les contrées celtes et principalement l’Ecosse. En France, c’est la Bretagne que les artistes fantasment. En marge du Second Empire industrialisé, elle offre une véritable nation dans la nation, conservant encore sa langue et ses traditions. Cette culture intacte attire grand nombre d’artistes en quête d’authenticité, comme Paul Gauguin ou Paul Sérusier, qui posent leurs chevalets à Pont-Aven. La Bretagne ne séduit pas encore par son littoral, mais par son pays intérieur, ses forêts et ses villages hors du temps.Le Finistère, déjà considéré comme le creuset de cette culture, devient l’eldorado des artistes fascinés par son folklore, dont Yan’ Dargent devient le chef de file. Ces peintres, qui se comptent sur les doigts d’une main, transcrivent au pinceau les mythes et les légendes de la tradition orale, contés le soir, aucoin du feu, où les clous dorés des meubles scintillent dans l’obscurité comme des étoiles. Cette œuvre est un témoignage rarissime de ce micromouvement à la frontière de l’ethnographie, si intimiste qu’un seul murmure aurait pu le faire disparaître.