Portrait de Charlotte Desmares, comédienne, Entourage de J.B. Santerre, début XVIIIème siècle.

Cette huile sur toile mesure 75cm sur 64cm et son cadre en bois doré 88cm sur 74cm.

Vendu avec un certificat d'authenticité.

Ce charmant portrait représente Charlotte Desmares dans une robe de velours bleu tenant un masque. Née à Copenhague en 1682, Charlotte-Christine-Antoinette Desmares surnommée Lolotte, était la fille des comédiens Nicolas Desmares et Anne d’Ennebault qui faisaient partis d’une troupe des comédiens français entretenue par le roi de Danemark.
Le père de Charlotte est le frère de l’illustre Champmeslé, donc M^lle Desmares devient par conséquent la nièce de la célèbre actrice et l’arrière-petite-fille de Montfleury. Desmares, rappelé à Paris et reçu à la Comédie-Française fait jouer  à sa petite fille des petits rôles des comédies. La carrière de la Desmares s’annonce en 1690, où elle joue dans une comédie de cinq actes intitulée le cadet de Gascogne.
En 1698, la Champmeslé se meurt et c’est la Desmares qui la succède en tant qu’actrice. Son succès devient immense lorsqu’en 1699, elle prend le rôle de sa défunte tante dans la tragédie de Lagrange-Lancel Oreste et Pilade qui était alors en pleine représentation lors de la mort de la Champmeslé. Au physique, la Desmares est une fille d’une grande beauté : une taille bien prise, une belle gorge et un joli visage,… Son premier objet d’amour ou plutôt sa première faiblesse fut sans doute le Grand Dauphin, fils du Roi-Soleil mais leur idylle ne dura pas longtemps. Après le Dauphin, la Desmares se retourna vers son cousin, le duc d’Orléans, et ce fut le début d’une longue liaison tumultueuse. Charlotte Desmares succède à l’actrice Florence en tant que maitresse en titre du duc d’Orléans et celui-ci devra revenir vers elle à plusieurs reprises notamment après sa liaison durable avec la marquise d’Argenton. De sa liaison avec le Régent, naitra une fille en 1702, Philippe-Angélique de Froissy, qui épousera plus tard le comte de Ségur et qui devra mourir en 1785. Bien qu’étant la maitresse d’un prince de sang, Charlotte Desmares ne s’empêche pas de voir ailleurs et collectionne plusieurs autres amants à part le duc. On peut citer un certain Baron, comédien de son état, le fils de ce dernier, un certain Hogguers, fameux banquier suisse, l’Electeur de Bavière.
En Juillet 1702, la Desmares donne naissance à une fille qui est prénommée Philippe-Angélique dite de Froissy.
A peine la jeune actrice se remet-elle de ses couches que sa fille lui est arrachée et mise dans un couvent à Saint-Denis pour y recevoir une bonne éducation tout en ne sachant pas qui elle est en réalité. Elle ne saura que sa véritable identité que lorsqu’elle ne sortira du couvent et c’est sa grand-mère paternelle qui se chargera de le lui dire. La Desmares ne reverra que sa fille qu’en 1719, lorsqu’on la mariera à Henri-François, comte de Ségur. Angélique ressemble un peu à sa mère mais n’a pas reçu toute sa beauté. Elle est légitimée en 1722 en même temps que le chevalier de Saint-Albin – qui est le fils de l’actrice Florence –, par leur père qui meurt l’année suivante. Hélène n’aura hérité de sa mère ni caprice, ni talent. Elle fera toujours figure de ces femmes dévouées au devoir conjugal et bonnes mères de famille. De son époux, elle aura quatre enfants dont un fils, Philippe-Henri, marquis de Ségur, qui sera le bisaïeul par alliance de Sophie de Rostopchine, comtesse de Ségur, célèbre pour ses contes pour enfants. En 1751, Hélène de Ségur se retrouve veuve. Elle ne meurt qu’une trentaine d’années plus tard en 1785, octogénaire.
De son côté, la Desmares ne quittera le théâtre qu’en 1721, âgée de 38 ans, dans tout l’éclat de sa beauté et de son talent. Pour clore et réparer les scandales de sa vie passée, la Desmares s’unit avec Philippe, fils de Paul Poisson (à ne pas confondre avec la famille de la marquise de Pompadour) et premier comédien du Théâtre-Français. Malgré sa retraite, la Desmares jouit encore d’une certaine popularité et n’a pas complètement oublié cet art auquel elle doit tant de succès. L'élite de son public, la cour elle même, se charge de le lui rappeler : ainsi en 1727, on l’appela pour jouer devant la reine ; ce fut la dernière fois pour elle d’apparaitre devant la scène. La Desmares passa ses dernières années dans la paix et la sollicitude. La Desmares formera aussi sa nièce, Mlle Dangeville, pour le théâtre, l’initiant ainsi à suivre ses pas comme l’avait fait sa tante, la célèbre La Champmeslé et s’acquittant ainsi de la dette qu’elle avait pour cette dernière. Christine-Charlotte-Antoinette Desmares survivra trente ans à son amant, et mourut en paix dans sa maison de Saint-Germain-en-Laye, le 12 Septembre 1753, septuagénaire.

Cettte toile est à rapprocher de l'oeuvre de B. Santerre coutumier de ce type de représentation. Jean-Baptiste Santerre naquit à Magny-en-Vexin, fils d'André Santerre et de Madeleine Delespinay, douzième enfant d'une famille nombreuse et peu fortunée. Sa date de naissance et sa filiation ont souvent été confondues avec celles d'un lointain cousin né à Magny-en-Vexin le 1er janvier 1658.
D'abord apprenti chez le portraitiste François Lemaire puis chez le peintre Bon Boullogne, il commence sa carrière comme portraitiste et son portrait de Michel-Richard de Lalande, surintendant de la musique du Roi, sera interprété en gravure par Simon Thomassin.