Jeune Fille En Tutu à L’entrée D’un Bal, Grande Aquarelle 19ème Siècle flag


Description de l’antiquite :

"Jeune Fille En Tutu à L’entrée D’un Bal, Grande Aquarelle 19ème Siècle "
Jeune danseuse en tutu dont le buste et la tête son partiellement recouverts d'un châle rouge. Elle se tient devant l'entrée d'un bal parisien dont on voit que le droit d'entrée était d'1 franc. La jeune fille paraît surprise, comme prise sur le fait, la mine sauvage et apeurée. Il est vrai que la vie de ces danseuses n'était pas toujours très rose comme on va le voir. 
Magnifique et grande aquarelle sur papier (cadre 100x82 cm) signée en bas à gauche F. Briès et qui illustre l'histoire de ces petits rats de l'opéra qui constituaient les lots attrayants des tombolas. Les bals de l'´Opéra devenant tristes et peu fréquentés, un certain Mira eut l'idée d'organiser des loteries dont les cachemires, les bracelets et aussi les jeunes danseuses étaient les lots les plus convoités...
Les bals étaient à Paris les lieux de la distraction et du plaisir, de la mode et de la galanterie mais aussi de la prostitution et de l'exploitation de la femme. 
On peut lire avec intérêt cet extrait tiré de La Vie Parisienne par Henri D'Almeras (1861-1938) et qui raconte l'ascension et la chute d'une danseuse de bal morte à l'âge de notre modèle:
"L'année suivante parut au jardin Mabille, une danseuse improvisée et célèbre du jour au lendemain, celle à laquelle on donna le surnom de la reine Pomaré. 
Elle s'appelait Elise ou Lise Sergent et elle était née le 22 février 1825, rue du Grand-Prieuré.
Son père qui avait des capitaux dans un cirque, les perdit et fut ruiné. On la retira de sa pension de Chaillot. Elle avait alors dix-sept ans. Quelque temps après elle quitta, un jour, la maison paternelle, sous prétexte d'aller chez le dentiste.
Ce dentiste était un sculpteur, un pauvre sculpteur, nommé Marocchetti, dont elle était très éprise.
Elle eut de lui un enfant et, pour ne pas avoir à le nourrir, il la renvoya. Heureusement l'enfant mourut. C'est ce qu'il avait de mieux à faire.
Lise Sergent se réfugia dans une misérable chambre garnie de la rue de Ponthieu, près du bal Mabille où régnaient alors Mousqueton, Carabine et
Louise la Blonde.
Celle qui devait être Rose Pompon - ce nom lui fut donné par Mery — a raconté ses débuts et ceux de la Reine Pomaré au bal Mabille. Rose Pompon était à cette époque dame de comptoir au Divan du passage Choiseul :
« Parmi les habitués du calé, je ne tardai pas, dit-elle  à remarquer une femme qui venait tous les jours, seule ou accompagnée le plus souvent de deux ou trois cavaliers. Sans être positivement jolie, elle avait quelque chose qui attirait et retenait le regard: un port de tête altier, une très belle taille et beaucoup d'allure. Je ne savais pas son nom, ni ne lui avais jamais parlé; mais un jour, étant seule et n'ayant pas d'argent, elle m'offrit une bague pour répondre de la consommation qu'elle avait prise. Je m'empressai de lui dire que je paierai pour elle avec un grand plaisir et qu'elle eût à réintégrer ce bijou à son doigt.
Cette politesse de ma part décida de mon avenir. Ma nouvelle amie me fit quitter ma chambre à l'hôtel et m'offrit de partager la sienne. J'acceptai, et nous voilà aussitôt une paire d'amies.
Elle me raconta qu'elle s'appelait Elise *** qu'elle appartenait à une excellente famille. Mais elle l'avait abandonnée pour suivre un sculpteur du nom de Marochetti qu'elle avait passionnément aimé. Un beau matin, elle était sortie de chez elle, disant quelle avait mal aux dents et qu'elle allait chez le dentiste, - enfin, elle n'était pas rentrée.
Elle s'amusait, me dit-elle, mais ne songeait guère à amasser de l'argent, car quoique ses toilettes parussent très belles, elle ne possédait qu'une seule chemise qu'elle lavait tous les samedis soirs pour la remettre tous les dimanches matins... Ce qui ne l'empêchait pas de connaître beaucoup de monde, et d'aller souper tous les soirs en joyeuse compagnie.
Le patron du café, où je trônais en dame de comptoir, s'aperçut bien vite de l'amitié qui s'était établie entre Elise et moi. Il me fit quelques observations, me disant que cette femme était de mœurs plus que légères, qu'elle changeait d'amants comme de chemise, etc. Je souris en entendant cette comparaison. Je savais déjà combien elle était fausse. Mais comme il me deplut d'entendre parler ainsi de mon amie, je répondis très vertement, et, d'après le conseil d'Elise, je donnais démission, qui fut acceptée avec regret, car j'entrai pour beaucoup dans le succès du Divan.
Libres de nos jours et de nos soirées, nous les employâmes à nous distraire. Mais bientôt se produisit une dèche qui s'accentua si bien, qu'Élise me déclara un soir (avec une telle solennité que je le, crus aussitôt) que, dans huit jours, elle aurait un appartement somptueux, des chevaux, des voitures, des diamants, ou qu'elle irait se jeter à l'eau.
- Nous allons ce soir à Mabille, me dit-elle, nous danserons et je serais bien étonnée si quelqu'un ne s'éprenait pas de moi... Je vais faire feu de mes deux jambes... et tu verras si je ne vaux pas celles qui ont de la célébrité! Mogador n'a pas ma souplesse, ni Clara Fontaine. Regarde un peu.
Et en jupon court, en corset de basin blanc...
(on n'en portait pas en satin, alors !) elle se met à danser d'une façon si étrange, si hardie et si gra-cieuse, que j'en demeurai stupéfaite... Tout aussi-tôt, j'essayai de lui faire vis-à-vis... J'avais en moi le même génie dont elle était possédée...
Tout naturellement, je trouvais des gestes, des torsions, des mouvements dont je sentais la grâce... Après cet essai nous nous jetâmes dans les bras l'une de l'autre... Notre vocation était née... Sauvées !... Merci, Terpsichore !
Nous nous fimes pour ce début aussi belles que cela nous fut possible. Elise mit une robe de soie verte qui faisait encore un très bon effet aux lu-mières, un chapeau de paille avec une touffe de reines marguerites et des souliers de prunelle noire. Moi, j'avais une toilette de jaconas rose, un peu pâlie par de fréquents lavages, mais d'une teinte encore charmante. Une écharpe de barège blanc, une capote froncée de crêpe de même couleur, avec une branche d'aubépine fleurie. Nous nous fimes de mutuels compliments sur notre beauté, et, la nuit venant, nous voilà parties pour ce jardin fameuf, où les plus jolies femmes venaient se montrer, où se réunissaient les hommes élégants et célèbres de Paris.
J'ai vu ces temps-ci danser au Jardin de Paris quelques femmes dont les journaux m'avaient appris le nom. J'avoue que j'ai été très désappointée en considérant leurs contorsions épileptiques et leurs sauts de carpe, qui ne m'ont en rien rappelé les mouvements gracieux, pleins de volupté, des célébrités chorégraphiques de mon temps. Ce n'était ni heurté ni décousu. Aucune gambade, aucune excentricité. On dansait comme ivres de joie seulement, et avec des mouvements souples et ondulés; tenant du bout des doigts la jupe légèrement soulevée, nous allions et nous venions, légères comme la plume de nos chapeaux et la mousseline de nos robes. Les attitudes étaient souvent chastes, relevée par un sourire et un regard que nos admirateurs déclarent être « fripons ». Nous ne ressemblions en rien aux femmes décolletées qui font aujourd'hui le grand écart pour la plus grande admiration de la génération actuelle... et auraient été inévitablement huées par celle à laquelle j'appartiens.
Nous voilà donc à Mabille, Elise et moi. Le cœur me battait un peu, tandis que l'orchestre entamait son premier quadrille; mais je n'étais pas en place, que le démon de la danse s'était emparé de moi, Elise me faisait face... et nous voilà toutes les deux prises de vertige, oubliant tout, excepté de nous laisser aller à notre entraînement. Un cercle se forme autour de nous. On applaudit. Mon amie est véritablement acclamée. Elle danse avec un chic extraordinaire... ses pieds posent à peine à terre... C'est d'une fougue superbe et passionnée... Quand c'est fini, on l'entoure à tel point qu'elle ne peut venir me rejoindre ; alors, exaltée par son triomphe, elle s'écrie impérieusement 
— Arrière, que je passe !..
On rit, on l'applaudit à nouveau. Bravo! bravo !
C'est une reine ! une reine !... Et une voix dans la foule : LA REINE POMARÉ...
Ce nom courut dans le jardin comme une lamme électrique... La reine Pomaré !.... On n'entendait que cela. Une foule se précipite sur son passage, en l'acclamant de cette appellation, qui devait la rendre célèbre, et sous laquelle disparut heureusement l'honorable nom de famille qu'elle portait encore...
Mais, peu après, la reine Pomaré avait réalisé son rêve, elle possédait un appartement, des chevaux, des voitures, et assez de chemises pour pouvoir en changer plusieurs fois par jour... »
Un article du Constitutionnel, le 9 juin 1844, lança en même temps le bal Mabille et la reine
Pomaré :
« Le samedi, écrivait l'auteur de cet article, Charles de Boigne, est le beau jour du jardin Mabille. Ces soirs-là, le prix du billet s'élève jusqu'à deux franes et ce n'est pas trop cher.
Comme toutes les allées sont peignées et sablées !
Comme le gaz s'échappe en mille gerbes. Aimez-vous l'oiseau de Siam, le billard indien ? Préférez-vous ces chevaux de bois ? La danse vous plaît-elle davantage ? Vous n'avez que l'embarras du choix, et puis la lionne du lieu, la tigresse qui s'est appropriée la vogue passée de Carabine et de Mousqueton, la reine Pomaré doit exécuter la polka! On fait cercle, on se pousse, on se coudoie, on monte sur son voisin pour voir polker la reine Pomaré... elle danse au milieu des bravos et des trépignements. Ses abandons de tête ne sont pas toujours d'un goût irréprochable ; ses airs penchés seraient peut-être blâmés par le classique et sévère Cellarius mais chez M. Mabille, on apprécie beaucoup la désinvolture et les graces un peu risquées.
Après la polka viennent les valses et les contredanses dites les Mabilliennes. Chacun a sa petite part de succès, mais tous les honneurs de la soirée sont pour la reine Pomaré. nymes voudraient en vain la détrôner. Sa royauté repose sur le talent, elle est inattaquable.
A onze heures, le couvre-leu sonne: la reine
Pomaré remet son châle et son chapeau et abdique les applaudissements jusqu'à la semaine prochaine. Mais tout n'est pas fini: une singulière spéculation prolonge les danses sur la voie publique. La polka est chantée jusque sur les violons des aveugles, et les soirs de réception chez Mabille une foule d'aveugles s'échelonnent le long des Champs-Elysées, raclant sans relâche force polkas. Entraînés par le charme de la musique, les habitués de Mabille se remettent à danser de plus belle. et polkent, d'aveugle en aveugle, jusqu'à la place de la Concorde Dans son roman, Nana, publié en 1880, mais qui se passe, comme on sait, à la fin du second empire, Émile Zola fit de la reine Pomaré, oubliée et déchue, une vieille chiffonnière qui se saoulait, « une ruine tombée dans la crotte ». Lorsque l'Ambigu donna, le 29 janvier 1881, le drame de Busnach, dans lequel était transporté sur la scène ce passage du roman, Céleste Mogador, devenue comtesse Lionel de Chabrillan, qui était dans la salle, protesta par un coup de sifflet. Vingt ans après, à l'occasion d'une reprise de Nana, interviewée par un rédacteur de l'Eclair, elle raconta, dans ce journal  les dernières années de la pauvre fille qui avait été son amie :
« Quand je la connus, elle n'était reine qu'au bal; son intérieur — elle demeurait rue Gaillon - était minable...
Plus tard, elle habita aux Champs-Élysées avec sa sœur, écuyère à l'Hippodrome. Quand je la revis, au retour d'un voyage, elle était très malheureuse de la trahison de cette sœur qui lui avait pris le seul homme qu'elle eût aimé avec une chaleur de grisette. Elle était sans grandes ressources, mais habillée avec élégance et logée décemment. Mais, mon Dieu, combien elle avait changé ! Elle ne tarda pas à s'aliter. J'allai la voir chez elle, rue Saint-Georges, où, entre lés deux croisées, un socle en bois doré supportait une Vierge de plâtre. Les joues de Lise étaient creuses, ses lèvres trop rouges, sa respiration rauque. Sa sœur était là, qui lui criait, haineuse :
" Toi qui te croyais aimée de tout le monde, ou sont-ils donc tes amis? » Lise me serra la main :
« Elle a raison, je suis abandonnée de tous. » Elle regarda ses maigres bras et me dit: « Que tu as bien fait de quitter ce genre de vie! On oubliera ton passé, peut-être l'oublieras-tu toi-même. Ah ! que celle qui a été honnête est bien récompensée à son heure suprême. Son compagnon est là qui la soigne, et qui, morte, l'accompagne, tandis que nous... »
Elle suffoquait. « Apporte cette Vierge près de moi. Vois, ses bras sont ouverts pour tous les repentirs. Oh ! oui, je me repens, bonne Vierge... » Elle enroula son chapelet autour de son bras. « Le beau bracelet! » fit-elle. Les prières de son enfance lui revinrent aux lèvres. Elle me demanda à rester seule.
Quand je rentrai, les portes étaient ouvertes, l'âme était partie. Je lui fermai les yeux et coupai de ses cheveux une mêche.
Huit jours plus tard, je retournai au cimetière Montmartre, où sa place n'était pas marquée. Je vendis une robe de dentelle dont j'affectai le prix à un petit monument sur lequel vous pouvez lire :
Ici repose Lise Sergent, née le 22 février 1825, morte le 8 décembre 1846. »
Prix: 1 800 €
Artiste: Bries
Epoque: 19ème siècle
Style: Napoleon III
Etat: Très bon état

Matière: Papier
Longueur: 100
Largeur: 82

Référence (ID): 1373047
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Antiquaire généraliste du 18ème siècle au 20ème siècle.
Jeune Fille En Tutu à L’entrée D’un Bal, Grande Aquarelle 19ème Siècle
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