Signée à l'arrière, sur la terrasse: "Van der Straeten"- Fonte d'édition ancienne portant au revers, sur la tranche le cachet du Fondeur-ciseleur parisien : "Eug.Blot**/ Paris/ 5, Boulevard de la Madelaine".
Ecole de Sculpture Belge de la fin du XIXe siècle-Début du XXe siècle.
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Exposée en 1898 au Salon du Cercle de l'Union Artistique, cette statuette "aussi simple qu'exquise" titrée "L'Attente" s'inscrit dans le petit corpus de ces fémines fantaisies historiques qu'au cours de sa prolifique carrière artistique "le sculpteur de toutes les élégances parisiennes " Georges Van Der Straeten (Gand, 1856-1926) présenta au Salon des Artistes Français. On citera parmi ces "morceaux charmants" séduisant ou affriolant Salonniers, Amateurs d'Art de leur "modernité gracieuse", "piquant": Une Merveilleuse (1888, statuette et buste), "Embrasse" (1889, groupe), Idylle Directoire (1905), Liseuse Empire (1910, plâtre traduit en marbre en 1912) et "Sous L'Empire"(1893, statuette plâtre, n°3434 )distinguée d'une Troisième Médaille audit Salon. Séant à l'Exposition Universelle de 1900 de la capitale parisienne dans sa non moins "spirituelle" version marmoréenne "admirable de grâce et de naturel", cette oeuvre également dénommée "Dame sous L'Empire" fut lors de sa première apparition évoquée sous la plume alerte d'un auteur anonyme en ces termes:
"Sous L'Empire- Nonchalante, mignarde, rieuse, une jeune femme, Parisienne à coup sûr, est assise, dans une pose allanguie, sur un de ces fauteuils incommodes utilisés sous L'Empire.Sa joile frimousse s'encadre de frisons ébouriffés; sa taille ondulente s'enserre dans une robe fourreau qui laisse deviner ses formes arrondies (...) une délicieuse Elégante"
On discerne en cette description joliment suggestive à quelques détails près- de "nonchalante", la pose de la coquette Egérie d'Antan s'est faite aguérrie; l'hautain "fauteuil Empire"s'est mû en un accueillant banc de Parc façon Tivoli ou Malmaison- bien de ces atours ajustés à la composition de L'Attente, statuette de quelques années postérieure à la caline effigie de Van der Straeten.
Comment ne pas être séduit d'emblée par cette Ingénue Elégante à la"jolie frimousse auréolée d'un savant toupet étagé piqué d'un ruban", "par ce rien de coquetterie et d'agrément qu'affiche sa gestuelle précieuse empreinte de " gaité. La posture est avenante jouant du "manége des épaules", de l'arrondi d'une gorge offerte ou des bras exquisement gantés de mitaines montantes. Le travestissement finement pensé: mousseuse robe fourreau, étole vaporeuse, capote-cabriolet enrubanée, ballerines emprisonnant de ses lacets de soie le pied mignon et flexe.
En 1892, Henri Nicolle* relatait les séductions de l'art statuaire de Van Der Straeten auquel les tenants de l'Académisme reprochèrent "la frivolité et le débraillé, parfois un peu canaille, de quelques unes de ses oeuvres"ainsi: " Il est un mérite, néanmoins, qu'on ne peut lui refuser (..), c'est de savoir conserver son originalité (..), c'est de ne jamais négliger la grâce de la disposition, le naturel de l'arrangement et l'imprévu de la pose" (p.161). Ces propos avertis s'accordent pleinement à la statuette de L'Attente que nous avons présentée.
On s'inviterait à l'instar du Galant ou de la Comparse guettés auprès de cette Parisienne de la Belle Epoque travestie le temps d'un Bal en fringuante Elégante Empire. On choisira, comme Marquisette l'héroine d'un des feuilletons (Le Mandarin, 1895-1896) de Félix Champsaur (1858-1934) de l'installer "sur une tagère, se sihouettant sur une glace où elle se reflétait, où on voyait son dos à la ligne délicieusement fine, sa nuque attirante aux petits cheveux follets, une femme de rêve, une fonte d'art signée Van der Straeten et Eugène Blot** dont la modernité avait (l') avait séduite"
*Bibliographie liée: Bénèzit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs et graveurs, T.13, Grund, 1999, p. 292;-Kjelberg, Pierre, Les Bronzes du XIXe siècle. Dictionnaire des Sculpteurs, Ed. de L'Amateur, 1989,p. 668;- Nicolle, Henri," Georges Van Straeten" in: La Revue Illustrée,n°169, 15 décembre 1892, pp. 157-161;-Migeon, Gaston, Le Sculpteur Georges Van Straeten, in: Le Musée des Familles, 15 avril 1895, pp.237-239
**Eugène Blot(1857-1938),Fondeur-Ciseleur :
, "expositions permanentes" proposées au sein de leurs Maisons par des Bronziers d'Art alors renommés tels Eugène *Blot ou A.Hertoz (respectivement sises 51, boulevard de la Madelaine et 41, rue de Châteaudun), premiers détenteurs dans les années 1890-1895 - période de reconnaissance et de renommée de G.Van der Straeten en ce "genre parisien"
Edition pEug.Blot/ Paris/ 5, Boulevard de la Madelaine, ar la Maison Blot et fils de la statuette "Au Bal" 1890 "M.Blot, fondeur d'art bien connu, dont tous les soins tendent à n'éditer que des oeuvres artistiques d'une valeur artistique de premier ordre Magasins du 5, Bd de la Madelaine sont une exposition permanente d'oeuvres d'artistes puissants de véritables pièces de collection ou des cadeaux artistiques de haute vaeur- Eugène Blot, fondeur-ciseleur, Chicago, 1893. L.H Paris 1900
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Marques et signatures: Signée en creux sur la terrasse: "Van der Straeten"- Cachet du Fondeur apposé sur la tranche: "Eug.Blot/ Paris/ 5, Boulevard de la Madelaine"
Matériaux: Bronze à patine brune; marbre blanc de Carrare.
Dimensions: H.: 31, 5 cm;-L.: 24,5 cm;-Pr.: 21 cm.
Ecole de Sculpture Belge fin XIXe-Début XXe siècle.
Trés Bon Etat.