Très bon état, ni manque ni accident.
Vers 1830/40
Hauteur totale 84 cm.
Mercure est la statue la plus célèbre de Jean de Bologne. On en connaît au moins quatre versions, conservées à Florence, Vienne, Dresde et Paris. À l’origine, il s’agit d’une commande du pape Pie IV pour décorer le cortile de l’université de Bologne : le dieu Mercure montre du doigt le ciel pour indiquer l’origine divine du savoir. Cette figure en bronze est particulièrement convaincante par son élan dynamique.
UN DIEU EN PLEIN VOL
Mercure est le nom romain du dieu grec Hermès, messager des dieux et protecteur des voyageurs et du commerce. Jean de Bologne le représente au moment où il prend son envol, propulsé par le souffle du vent, le zéphyr. Il est symbolisé par une tête d’enfant joufflue, placée sous le pied gauche du dieu. La statue, de taille moyenne, est en bronze, réalisée avec la technique de la fonte à la cire perdue. Mercure apparaît comme un jeune homme svelte entièrement nu. Il est identifié par ses attributs : le casque ailé, les ailes aux chevilles et le bâton orné de deux serpents enroulés (le caducée), qu’il tient dans la main gauche . Sa pose est extraordinaire parce qu’elle donne un sentiment d’équilibre instable. Dans son élan vers le haut, le corps repose uniquement sur la pointe du pied gauche. Mercure lève le bras et la jambe gauche. De sa main droite, le doigt tendu, il désigne le ciel. En tournant autour de la statue, on peut en apprécier les différents points de vue, tous aussi spectaculaires. On sait que la statue du Louvre a servi de fontaine décorative. L’eau jaillissait sous le pied gauche de Mercure, ajoutant à la sensation de légèreté aérienne.
La pose de Mercure est reprise d’une fresque de Raphaël à la villa Farnésine de Rome. Jean de Bologne crée un effet illusionniste plus intense encore en réalisant une œuvre en trois dimensions. Cette recherche de virtuosité pure est caractéristique du maniérisme, dernier courant artistique de la Renaissance. Le but des artistes de cette génération est de s’inspirer des modèles antiques et des grands maîtres de la Renaissance classique en les dépassant. On dit qu’ils travaillent « à la manière de ». À Florence, au milieu du XVIe siècle, les grands représentants du maniérisme en sculpture sont Benvenuto Cellini et Bartolomeo Ammanati . Dans la seconde moitié du siècle, le sculpteur le plus célèbre est Jean de Bologne. Ces artistes ont en commun un goût pour la complexité du mouvement et la sophistication des formes. Pour eux, l’art de Michel-Ange est une référence absolue, en particulier dans la forme spiralée qu’il donne à certaines de ses figures, comme l’Esclave rebelle du Louvre. Cependant, ils ne lui empruntent pas le sens du tragique ni la puissance des corps. Dans un souci d’originalité, ils s’éloignent du naturalisme, étirent les corps dans un mouvement sinueux d’une grâce raffinée. Cet art intellectuel et subjectif est une réponse à la période de crise que connaît l’Italie à cette époque. Le développement de la Réforme protestante à partir de 1517 et le sac de Rome en 1527 en sont les épisodes les plus marquants.
Jean de Bologne n’est pas italien. Il est né à Douai, dans les Flandres. Il arrive en Italie en 1554, séjourne à Rome où il rencontre Michel-Ange, puis s’établit à Florence. Ce dernier avait quitté définitivement la ville en 1534. Le Flamand devient le sculpteur officiel des Médicis, alors grands ducs de Toscane. Sa première réalisation importante est une fontaine ornée de statues représentant Neptune et les sirènes sur la place San Petronio, à Bologne. C’est un succès. Le dynamisme et l’expressivité des figures frappent les contemporains. C’est à ce moment-là qu’on commence à l’appeler Giovanni da Bologna, ou Giambologna. Jean de Bologne réalise pour les Médicis des fontaines, des statues équestres, des sculptures animalières. Une de ses œuvres les plus curieuses est la statue géante représentant l’Apennin sous l’aspect d’un rocher en stalactites, dans le jardin de la villa médicéenne de béret. À l’apogée de sa carrière, il sculpte son chef-d’œuvre, L’Enlèvement d’une sabine (1581-1582). Dans un bloc unique de marbre, il figure un groupe de trois personnages entrelacés : un Romain prend dans ses bras une jeune fille sabine, qu’il enlève à son père âgé. Leur mouvement tournoyant s’inscrit dans une dynamique ascendante, caractéristique de la figure serpentine. Ce type de composition, dont les prémisses se trouvent dans l’art de Michel-Ange, s’épanouit avec le maniérisme. L’art de Jean de Bologne a eu un grand retentissement grâce à l’activité de son atelier. Ses assistants fabriquaient des petits bronzes d’après ses créations Ils étaient diffusés rapidement dans toutes les cours d’Europe. Mercure a inspiré en particulier une statue du Français Pierre Biard destinée à orner un tombeau, La Renommée, soufflant dans une trompette. En 1836, Auguste Dumont se souvient de Mercure lorsqu’il réalise Le Génie de la liberté