Mariage de Cana
Huile sur toile, 102 x 142
Le tableau en question représente les Noces de Cana, qui selon l’Évangile de Jean est le moment où Jésus accomplit son premier miracle. « Trois jours plus tard, il y eut un mariage à Cana de Galilée et la mère de Jésus était là. Jésus fut invité aux noces avec ses disciples. Entre-temps, le vin étant parti, la mère de Jésus lui dit : «Ils n’ont plus de vin». [... ] Il y avait là six jarres de pierre pour la purification des Juifs, contenant chacun deux ou trois tonneaux. Et Jésus leur dit : «Remplissez-les d’eau de pots»; et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit encore : «Maintenant, prenez-en et amenez-les au maître de table». Et ils lui en apportèrent. [... ]. Ainsi, Jésus commença ses miracles à Cana de Galilée, il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.
L’œuvre est la reprise ponctuelle du modèle réalisé par Pedro de Orrente (1580-1642), fils de Jaime de Horrente, commerçant d’origine marseillaise installé à Murcie en 1573. Juan de Arizmendi, peintre dont on ne sait rien d’autre, fut peut-être le premier responsable de sa formation avant de quitter Murcie. En 1600, Pedro était déjà à Tolède où il a contracté, "gratuitement et hors de la maison", le retable de la Virgen del Saz dans la ville de Guadarrama (Madrid), œuvre qui n’est pas conservée. On n’en a plus de nouvelles jusqu’en 1604, quand un certain Jerónimo de Castro s’engage à payer le père du peintre à Murcie pour un San Vidal qu’Orrente avait peint pour lui. Il s’ensuit que Pedro était absent parce qu’il était peut-être occupé dans le voyage en Italie qui l’a mis en contact avec les peintres vénitiens, en particulier avec les Bassano.
En 1612, il réalise la Bénédiction de Jacob de la collection Contini, œuvre déjà complètement bassanesque, en plus de donner à Angelo Nardi le droit de retirer pour son compte une toile qu’il avait peinte pour un orfèvre de Madrid, Ce qui implique l’existence d’une relation d’amitié avec le peintre italien. Les dettes de la peinture vénitienne sont bien évidentes dans le tableau en question, regardez certains détails, comme la présence d’un petit chien symbole de fidélité conjugale qui apparaît souvent dans la production artistique du XVIe siècle, Veronese et Tintoretto. Tout comme comparable avec les vénitiens est l’insertion de la scène, remplie de personnages bien caractérisés dans les visages, les gestes et les mouvements, dans des scènes architecturales d’un goût classique incontestable. Orente est certainement venu en contact direct avec la peinture de Jacopo Bassano, d’où il reprend le ténèbre, et les autres maîtres vénitiens pendant son voyage en Italie. Mais on se souvient aussi des relations étroites entre l’Espagne du XVIe siècle et les peintres vénitiens souvent appelés à la cour de Charles V et de son fils Philippe II qui ont suscité un vif intérêt pour les artistes vénitiens, parmi lesquels Pedro de Orente.
L’objet est en bon état de conservation