Tout était alors bien différent : la mer venait quasiment au pied du parapet bordant la la route du littoral pas encore de statue pseudo florentine, et côté terre de ravissantes maisons d'été avec leurs leurs jardins et leurs grilles.
Circulaient d'élégants attelages, découverts pour profiter du soleil, mais les dames preferaient alors garder leurs larges chapeaux et leurs ombrelles pour ne pas voir leurs peau se haler. Les messieurs, impeccablement vêtus, haut de forme vissé sur la tête, la main négligemment appuyée sur leur canne, devisaient de quelques affaires maritimes.
Le restaurant Redonnet , le chalet au bord de l'eau, offrira une pause bienvenue pendant cette promenade, ballottee sur les double ressorts du coupé Victoria ,au son claquant des sabots .
Pas de klaxons, pas de vapeurs d'essence, pas de remugles de fritures, pas de shorts ou de leggings au bord de l'explosion....juste un peu de crottin sur l'air marin.
Au loin, les collines bleutées de Marseilleveyre se perdent dans la vapeur d'un joli ciel d'été.
C'est ce charmant tableau qu fixe Émile Henry, un aquarelliste prolifique du tournant du siecle, a Marseille.
Il a illustré sans relâche la ville en pleine expansion, au sommet de gloire, par de jolis panoramas, toujours au même format, avec brio. Si certaines de ses aquarelles sont un peu rapides, celle-ci est particulièrement fouillée et parfaitement inédite.
En effet, ayant vécu vingt cinq ans en pratiquant le métiers d'antiquaire dans cette ville fascinante ,je n'avais jamais rencontré de représentation de cet établissement, disparu en 1916 avec mort de son propriétaire.
Il existe pourtant de rares cartes postales ( c'est grâce à cela que j'ai pu l'identifier).
C'est un pépite, un joli document sur Marseille évanoui...
Cadre ( quelques petits eclats) et passe d'origine)
aquarelle très fraîche.
Dimensions à vue de celle ci : 41 cm x 23 cm