Coupe de mariage écuelle en argent massif aux attributs de la Lorraine / Ville de Nancy

Coupe de mariage en argent massif à deux anses en argent ciselé. Chaque anse reçoit un décor différent, l’une de style Louis XVI est ornée d’un médaillon perlé finement gravé du monogramme LM en lettres anglaises, surmonté d’un nœud de ruban et d’une couronne de lauriers. L’autre anse est ornée d’une croix de Lorraine tressée d’un chardon, travaillée à jour.
Le bassin uni à gorge.

Poinçons
•    Minerve 1^er titre (sur chaque anse et le bassin).
•    Maître-orfèvre : AD dans un losange vertical, non identifié.

Dimensions
•    Longueur : 20 cm.
•    Diamètre : 13 cm.
•    Hauteur : 3,2 cm.

Poids net : 162 grammes.

Rapport de condition
Très bel état d’intégrité, quelques fines rayures d’usage. Exceptionnelle qualité de fabrication.


LE CHARDON ET LA CROIX EN LORRAINE

Il est de tradition qu’au IV^e siècle, Hélène, mère de Constantin, premier empereur chrétien de Rome, découvre la véritable croix de Jésus lors de fouilles. Les fragments de cette croix sont alors enchâssés dans des reliquaires et attribués aux patriarches orientaux, devenant ainsi un symbole officiel de leur mission divine.

À partir du X^e siècle, les croisés, de retour de Terre Sainte, commencent à répandre l'image de cette croix à double traverse. Elle apparaît sur des pièces de monnaie et des insignes de chevalerie. Au XIV^e siècle, le duc Louis I^er d’Anjou l’adopte dans ses armoiries, créant la croix d'Anjou. Toutefois, elle n’est pas encore associée à la Lorraine à cette époque. 

Ce n’est qu’en 1477, à la suite d’une bataille décisive, que la croix acquiert son rôle symbolique pour la région. En décembre de cette année, un hiver rigide frappe Nancy, assiégée depuis trois mois par Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. La population, désespérée, survit grâce à des animaux tels que chevaux et chiens. René II, le jeune duc de Lorraine, parvient à obtenir des renforts de ses alliés suisses et alsaciens ainsi que du roi Louis XI, qui souhaite mettre fin à la domination bourguignonne. Avant la bataille, René II distribue des croix d’Anjou en lin blanc à ses soldats pour les différencier des troupes bourguignonnes. La victoire le lendemain met fin à l'occupation, rattache la Bourgogne à la France et renforce l’autorité royale.

Le chardon se révèle également comme un symbole important de la Lorraine. Onopordum acanthium, une plante épineuse couronnée de fleurs violettes, est introduit par René d'Anjou et devient l’emblème ducal après la victoire de René II à Nancy. Ce chardon orne les armoiries avec la devise latine Non inultus premor ("On ne me presse pas impunément"), qui évolue avec le temps pour devenir "Qui s’y frotte s’y pique", reflétant la nature piquante du chardon. Cette devise est inspirée de l’emblème de la femme de René II, une branche de châtaignier.

Au XVI^e siècle, le chardon et sa devise sont officiellement adoptés comme symboles de la ville de Nancy. 

Le chardon et la Croix de Lorraine se retrouvent fréquemment dans les œuvres de l’École de Nancy, qu’il s’agisse de faïence, verrerie, ferronnerie ou d’architecture, affirmant leur présence dans l'identité lorraine moderne.


Il est rare de trouver des objets d’orfèvrerie ancienne ornée de ces symboles, qui plus est de cette qualité. L’attachement et l’usage de ces symboles deviennent particulièrement vifs lors de l’Annexion de 1871. 
Cette coupe a probablement été réalisée à l’occasion de l’union de membres d'une grande famille nancéienne.