LAME : Après un ricasso sur lequel au niveau de la face interne, on trouve le creux destiné à appuyer le pouce, on trouve deux orifices dits "brise-pointes" (rompe puntas) La lame présente ensuite, d’un côté un long tranchant qui va jusqu’à la pointe, et de l’autre un dos épais, décoré d'un complexe guillochage festonné, destiné à empêcher une lame adverse de glisser. Ensuite, le dos prend la forme d’un deuxième tranchant qui vient rejoindre la pointe.
Longueur de la lame = 39.4 cm, largeur au ricasso 4.5 cm, épaisseur au ricasso 4.3 mm
GARDE : Elle est constituée d'une part d'une partie centrale ou "croix" de section octogonale terminée par 2 quillons en forme de glands à facettes.
Et d'autre part par la voile elle-même, qui est rivetée aux quillons de la garde, selon la technique du 17ème . Les bords de cette voile sont torsadés en cordon dit « brise pointes », et enroulés autour d’un jonc en acier. On retrouve cette technique d’enroulement sur les hausse-cols de parement de la même époque.
Le motif central de cette voile est un important blason, « de gueules à la croix d’argent » qui est le blason de la famille d’Aspremont. Le fond de la voile est décoré d’un très fin piqueté, qui en héraldique serait une figuration du « sable » (=noir)
Ce blason sur une dague à voile espagnole correspondrait aux armes de Marie-Louise d’Aspremont, épouse d’Heinrich-Franz von Mansfeld, prince de Fondi, qui de 1683 à 1690 fut ambassadeur de la cour impériale de Vienne auprès de la cour d’Espagne. En 1690, ce diplomate fut invité à un mariage à Valladolid, à l’occasion duquel de nombreux cadeaux et honneurs lui furent octroyés. C’est donc probablement à cette occasion que fût réalisée cette dague qui évoque les armes de son épouse, de très ancienne noblesse.
L’utilisation purement honorifique de l’arme explique la faible épaisseur de la voile, dont le rôle défensif n’était plus au premier plan.
POMMEAU : Il est en forme de bulbe aplati ciselé de motifs végétaux et surmonté d'un petit bouton aplati bouton sur lequel la soie de la lame est rivetée.
FUSEE : Elle est recouverte d’un filigrane complexe qui signe une fabrication très soignée. Les viroles en couronnes tressées dites « têtes de turc » sont présentes et en parfait état.
En conclusion, c'est une belle dague. L’interprétation que je donne en fonction du blason ne peut pas, bien entendu être garantie à 100% mais tout semble cependant correspondre…
J'ai acquis cette dague en Alsace, dans la région des Vosges, ce qui est un indice de plus, puisque les deux filles de Marie Louise d'Aspremont eurent des liens avec cette région : Marie-Anne de Mansfeld épousa en 1699 le Rhingrave (comte) GuillaumeFlorentin de la maison de Salm, dans les Vosges, qui devint maison de Salm Salm. L'autre fille épousa son cousin Charles-François de Mansfeld, ce qui nous ramène à la même zone géographique, d'un côté ou de l'autre du Rhin.
.J’imagine mal pour quelle raison le blason de la famille d’Aspremont aurait été repris au 19-ème siècle dans un but uniquement décoratif. Et même si l’on voulait interpréter le blason comme celui de la Suisse, quel serait le rapport avec l’Espagne ?
Quoi qu’il en soit, je ne peux que garantir que cette dague est ancienne, au minimum du 19ème siècle, mais bien plus probablement des dernières années du 17ème d’après les éléments cités. Le prix demandé tient compte de cette incertitude relative.
Ref DX-2454
Frais de port : France 30€, Europe 40 €