Plat de charité
Laiton, diamètre 42 cm
La plaque d’aumône, proprement dite "plaque d’aumônier", est un récipient habituellement décoré en forme de grand bassin ou de plat pour la collecte des offrandes à l’Église; généralement en métal comme le bronze, le laiton, l’argent et l’or. La présence de décorations centrales phytomorphes ou à roue ou avec des sujets tirés de la bible, peut également présenter au centre un support pour fixer un élément iconographique (une statuette) ou même un bougeoir ou des compartiments pour subdiviser les aumônes.
Le plat d’aumônier est un objet artisanal présent et documenté dans toute l’Europe méridionale depuis le Moyen-Âge, de la seconde moitié du XVe siècle jusqu’au milieu du XVIIIe siècle et au-delà ; de production flamande (région de Mechelen/Malines) et allemande (région de Nuremberg) et puis au fur et à mesure de la production régionale élargie.
Il est appelé ainsi parce que dans les églises de l’Allemagne du début du XVe siècle (environ 60 ans avant Martin Luther) pendant la messe, ils ont été utilisés pour recueillir les offrandes dans des plats, des baisers et des bassins en laiton, dit précisément pour cette aumône. Autrefois, seuls les sacristains les maniaient, passant parmi les fidèles lors des offices religieux dans l’église et ils furent utilisés à cet effet jusqu’à la fin du XIXe siècle; remplacés ensuite par les aumônes en tissu avec ouverture fendue, très probablement pour des questions de confidentialité.
Les ateliers d’artisans de Nuremberg ont commencé à en construire en quantité et avec des exemplaires toujours plus précieux, surtout après que, depuis le milieu du XVe siècle, la mode de l’accrochage de divers types et de la fabrication à domicile se répandit dans toute l’Europe. Ces plats se présentent souvent dans une série d’exécutions standardisées dues à une production massive de type proto-industriel répandue surtout dans les zones d’influence catholique (sud de l’Allemagne, France, Italie, Espagne et Flandre).
En Italie, le plat d’aumônier est également utilisé le vendredi saint pour poser les clous et la couronne d’épines lors de la cérémonie du dépôt du Christ sur la croix tandis qu’en Sardaigne il est utilisé de manière particulière, devient à des moments instrument de musique utilisé pour accompagner la danse sarde.
Le plat de messager examiné, en laiton, présente une série de motifs concentriques décorés avec des motifs végétaux et au centre un balancier à droite, décoration qui peut être trouvée dans de nombreux exemplaires, dont celui peint dans l’Apparition de Grégoire le Grand à Sainte Fina par Domenico Ghirlandaio dans la collégiale de San Giminiano.
Le motif du girandola est utilisé en référence à la vie et au soleil et sont presque toujours droites : formé par des feuilles stylisées avec nervure centrale d’où partent les "pétales" d’une fleur de la rondelle centrale. Ce symbole chrétien a des racines très anciennes et se rattache à la svastika droite qui évoque le symbole sacré tantrique de la shakti salutatrice.
L’objet est en bon état de conservation