Daumier a commencé à explorer le thème des connaisseurs d'art à la fin des années 1850.
L'artiste a produit au moins une trentaine d’oeuvres qui traitent de ce motif. Cette œuvre nous emmène dans l’antre d’une galerie d’art , comme celles qui fleurirent autour de l’hôtel Drouot après son ouverture en 1852. Daumier était coutumier de ces lieux, et fin observateur de la France de Balzac ; de la vie quotidienne tumultueuse de la ville de Paris en pleine mutation que l'écrivain décrivait si astucieusement dans ses romans publiés à l'époque.
Daumier est particulièrement sensible à l'émergence d'une nouvelle bourgeoisie, qui fait naître de nouveaux amateurs et collectionneurs en tout genre. Il est lui-même très bien intégré dans les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. Il est l'ami de Charles Baudelaire, Eugène Delacroix, Gérard de Nerval et Théophile Gautier, entre autres. Ils se rencontraient lors des fameuses soirées organisées par le Club des Haschischiens à l'hôtel de Pimodan sur l'île Saint-Louis, à côté de la résidence de l'artiste.
Dans Les Amateurs de tableaux, Daumier ne recourt pas aux conventions de la satire, qui imprègnent par ailleurs son œuvre. Il s'est plutôt aventuré dans le domaine de la peinture réaliste en dépeignant une scène de la vie parisienne contemporaine dont le style et le sujet s'éloignent des canons classiques de la peinture académique. Dans cette œuvre, il va clairement au-delà de ses caricatures cinglantes. Daumier lui-même, dans l'une de ses rares maximes consignées, a clairement déclaré : « Il faut vivre avec son temps ! » (Arsène Alexandre, Honoré Daumier, l'homme et l'œuvre, Paris, 1888, p.203)