(Postdam, 1822 – Neuilly-sur-Marne, 1885)
Portrait présumé d’Anne Juliette Ducos
1853.
Huile sur toile.
H : 32 ; L : 27 cm.
Exposition : Probablement Salon des Artistes Vivants, Paris, 1853, n° 889 : « Étude de femme ».
Peu avant le Salon de 1853, un journaliste de La Revue des Beaux-Arts, visite l’atelier d’O’Connell et s’enquiert des tableaux qu’elle destine à la future exposition :
« Les dernières expositions de Bruxelles et de Paris ont été, pour Mme O’Connell, de favorables occasions de se produire ; aujourd’hui cette dame a pris rang parmi les maitres […]. Aussi les portraits en pied ou en buste sont-ils là en fort respectable nombre, n’attendant que l’heure de quitter l’avenue Frochot pour courir au local définitif de l’Exposition. Parmi ces portraits traités avec l’énergie et le grand style des maîtres du XVIe et du XVIIe siècles, se distinguent principalement ceux de M. le comte de Persigny, de M. de Romieu, de M. Arsène Houssaye, ceux aussi de Mme Ducos, femme du ministre de la marine, et de Mlle Rachel, tragiquement vêtue de velours noir.»[1].
Lors du Salon de 1853, O’Connell expose finalement les portraits de Mlle Rachel et M. Romieu mais également une Étude de femme qui semble se rapporter au Portrait de Madame Ducos (1819-1898) cité dans l’article de La Revue des Beaux- Arts. Le format petit du portrait, l’exécution particulièrement rapide et franche, auraient potentiellement poussé l’artiste à choisir le titre d’Étude. Il se pourrait également que ce dernier ait vocation à anonymiser le modèle, l’époux de Madame Ducos, Théodore Ducos, étant un homme politique exerçant la charge de Ministre de la Marine et des Colonies depuis 1851. Ce n’est pas la première fois qu’O’Connell choisit d’exposer un portrait sous le titre d’Étude. Son Étude de femme d’après nature exposé au Salon d’Anvers en 1849 se révélait être le Portrait d’Amélie Turlot.
Il est également intéressant de noter que les portraits de Mesdames Turlot et Ducos ont été pensés et exécutés selon le même schéma, c’est-à-dire comme des faux- ovales dont les angles sont peints tout en marquant une séparation avec la représentation centrale. Le style pictural bouillonnant mis en œuvre dans le portrait de Madame Ducos est notamment remarqué par la critique : « Son Étude de Femme est, au contraire, malgré l’abus des tons crayeux et la fantasmagorie de la lumière, une effigie heureuse et frappante.[2]».
Ce style très personnel caractérisé par le traitement granuleux des chairs et les touches fermes de matière formant le costume, demeure un leitmotiv au sein de l’œuvre d’O’Connell Le portrait de Madame Ducos dévoile de nombreux détails faisant écho à des œuvres antérieures de l’artiste. Ainsi, la dentelle blanche ornant le buste de Madame Ducos s’apprécie également dans le portrait de Pierre le Grand ; les accents graphiques de son voile sont tout autant visibles dans l’autoportrait de 1851 et l’arrière-plan éthéré est à rapprocher tant de ce même autoportrait que du portrait de Catherine II de Russie.
Illustrations
Portrait d’Amélie Turlot ; Anvers, Salon de 1849 ; huile sur toile ; H : 64, L : 54 cm. ; Bruxelles, musée royaux des Beaux-Arts de Belgique (Inv. 3731).
Portrait de Rachel ; Salon de 1853 ; huile sur toile ; H : 88, L : 66 cm. ; Paris, musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.
Portrait de Catherine II de Russie ; Salon de 1851 ; huile sur toile ; H : 92,5, L : 73,5 cm. ; Berlin, Alte Nationalgalerie (Inv. A I 305).
Portrait de Pierre le Grand ; Salon de 1851 ; huile sur toile ; H : 73, L : 58,5 cm. ; collection particulière.
Autoportrait ; Salon de 1851 ; huile sur toile ; H : 88, L : 65 cm. ; collection particulière
[1] Georges Guénot, « Quelques mots sur le prochain Salon de Paris » dans Revue des Beaux-Arts, 23e année, T. IV, Paris, 1853, p. 31.
[2] Revue de Paris, 1er juillet 1853, Paris, Bureaux de la Revue de Paris, 1853, p. 94